Le tout-puissant Pierre Nkurunziza, Né de père Hutu et mère Tutsie, le 18 décembre 1964 à Ngozi, il est à la tête des Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Ancien ministre de la bonne gouvernance et de l’inspection générale de l’État du gouvernement de transition du président Domitien Ndayizeye, il est élu comme nouveau président de la République le 19 août 2005 et réélu en juin 2010 et juillet 2015.
Son père est commissaire d’arrondissement de la province de Ngozi où la famille s’est établie. En 1965, il est élu au parlement du royaume du Burundi dirigé par le roi Mwambutsa IV Bangiricenge. Il sera tué en 1972, au moment des massacres qui font près de 100 000 morts en quelques semaines. Pierre n’a que 8 ans et grandit dans un quartier mixte où les deux communautés n’étaient pas encore séparées par les massacres des années 1990. Sportif, il est surnommé Black Panther en raison de son intérêt pour les mouvements d’émancipation des Noirs américains. Ne pouvant devenir officier, il devient en 1991 professeur de gymnastique à l’université.
À la tête du Burundi comme au sein de son équipe de football du FC Alléluia, le très croyant Pierre Nkurunziza n’a toujours connu qu’un seul poste : celui d’attaquant. « C’est quelqu’un qui a un instinct de survie et de maintien au pouvoir très élevé, un homme calculateur qui s’est mis à travailler pour sa prochaine réélection dès qu’il est arrivé au sommet de l’État, en 2005 », résume Innocent Muhozi, président de l’Observatoire burundais de la presse.
Trois ans après avoir brigué un troisième mandat « inconstitutionnel », écrasant par la même occasion la contestation de la rue, Pierre Nkurunziza s’apprête à tenir un référendum visant à amender la Constitution de 2005. Si l’ego (« oui » en kirundi) l’emporte le 17 mai, l’ancien maquisard pourra, à partir de 2020, briguer deux septennats et se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.
Du condamné à mort au Chef de l’Etat
L’histoire de l’ascension du tout puissant Nkurunziza tente de ressembler aux récits des personnages religieux ou prophétiques. Était-il l’homme de destin du pays ? Le messie, celui qui devait venir… En tout cas, il y a trop de mystification là-dessus. On connait, par exemple, peu sur son enfance. Pas grand-chose n’a été dit sur l’enfant Nkurunziza. On retiendra tout de même que son père fut un ancien gouverneur des provinces de Kayanzi et de Ngozi. Le père de Nkurunziza est élu au parlement en 1965, à en croire les sources dignes de foi, avant d’être liquidé en 1972. Son fils Pierre n’avait que huit ans et demi et a vu le père assassiné… Point barre. Plus rien n’a été dit par la suite sur la vie du tout puissant Nkurunziza.
Il fallait attendre le début des années 90. Un vent nouveau souffle en Afrique avec la vague de démocratie. La fin des partis uniques. C’est aussi la nouvelle donne mondiale. La chute du mur de Berlin. La fin de la guerre froide. Comme dans un rêve, Pierre Nkurunziza réapparaît. Cette subite apparition n’est pas sans doute pour venger le père assassiné. Ça non et non ! Ici, on parle de futur « l’homme fort du Burundi » en termes d’un grand sportif. Un grand athlète qui aurait pu faire une belle carrière sportive si jamais la volonté du Très Haut ne lui avait pas guidé sur le terrain politique. Selon le site Internet de la Présidence, le tout puissant Nkurunziza est un sportif talentueux qui aime le football et la course à vélo. Il a même entraîné un club de la première division… (qui malheureusement n’a pas gagné de titres, ndlr). Il finit dans les auditoires de l’Université de Bujumbura comme professeur assistant. En 1993, des violences ethniques s’éclatent, deux des sept membres de la famille de Nkurunziza sont tués. Le professeur Pierre abandonne les salles de cours et rejoint les maquis pour tenir les armes et faire la guerre. Cette fois-ci, il est revanchard. Très revanchard même. L’ancien footballeur et cycliste devient terroriste. Il planifie des projets d’attentat comme celui de 1995 qui a coûté la vie à des dizaines de morts dans la capitale burundaise. Il est condamné à mort par la justice. Il s’exile discrètement dans des pays voisins avant de revenir au bled pour s’activer dans la rébellion.
Président de la République depuis 2005
En 2005, il est élu chef de l’Etat. Le CNDD-FDD remporte les élections législatives du 4 juillet de la même année. Lors des élections présidentielle du 19 août 2005, L’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès élisent Nkurunziza président pour un mandat de 5 ans rééligible une seule fois, Il prête serment le 26 août. 162 parlementaires votent pour Nkurunziza, 9 contre et 2 s’abstiennent. Ce scrutin constituait l’étape finale du processus de paix. Son arrivé au pouvoir est salué par les partenaires occidentaux. C’est un jeune président. Un bel avenir pour le Burundi ! Mais vite, ça sera la déception. L’homme est un vieux routier. On n’apprend pas à faire des grimaces à un vieux singe, dit un vieil adage africain.
Un congrès extraordinaire du Conseil national pour la défense de la démocratie/forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) désigne le 24 avril 2010, Nkurunziza comme candidat du CNDD-FDD pour briguer un second mandat à la tête du pays à l’élection présidentielle du 28 juin 2010.
L’opposition burundaise refuse de participer à l’élection présidentielle du 28 juin 2010 et dénonce des fraudes lors des élections municipales de mai (le CNDD-FDD a remporté les municipales avec 64 % des voix et le déroulement de l’élection est jugé correct en regard des standards internationaux par les observateurs de l’Union européenne). La campagne est émaillée d’incidents, plusieurs membres de l’opposition sont arrêtés. Pierre Nkurunziza a été réélu président en 2010 avec plus de 91 % des voix, étant le seul candidat de l’élection. Les candidats de l’opposition s’étaient retirés pour protester contre les irrégularités du scrutin.
Le 5 mars 2018, Pierre Nkurunziza fait arrêter deux hommes ayant participé à l’organisation d’un match de football entre une équipe locale à Kiremba et celle de Nkurunziza au motif qu’ils n’avaient pas indiqué les consignes interdisant les membres de l’équipe locale à tacler le président.
En mars 2018, Nkurunziza est nommé « guide suprême éternel » du CNDD-FDD.
En janvier 2018, lors de la campagne électorale pour le référendum, le pouvoir burundais fait arrêter des opposants. Le référendum constitutionnel a lieu le 17 mai 2018. Au terme d’une campagne où les opposants sont traqués, menacés, arrêtés voire tués et certains médias fermés, les modifications constitutionnelles sont approuvées à 73,3 % avec une participation de 96 %. L’opposition conteste la véracité des résultats.. Le 7 juin 2018, il annonce qu’il ne brigue pas de quatrième mandat, et qu’il soutiendrait en 2020 le futur président élu. Certains journalistes soupçonnent Nkurunziza de vouloir rétablir la monarchie (la constitution permet de rétablir la monarchie après un référendum) et de devenir roi. Il réitère son annonce en décembre 2018, affirmant que sa décision est définitive, et qu’elle ne changera pas, même si ses partisans lui demanderaient de le faire.
Le président burundais accusé de violations des droits de l’homme
Une commission chargée d’enquêter sur les abus commis au Burundi a conclu que le Président Pierre Nkurunziza est personnellement responsable des violations graves.
Elle a présenté son rapport final devant le Conseil international des droits de l’homme à Genève.Les enquêteurs ont constaté que des membres de l’opposition, leurs familles et des personnes qui n’ont pas coopéré avec le parti au pouvoir avant les élections de l’année prochaine ont été tués, enlevés ou torturés. Des femmes et des filles ont été victimes de violences sexuelles par des membres de l’aile des jeunes du parti au pouvoir qui commettent des viols collectifs.
La demande d’adhésion du Burundi à la SADC rejetée.
Le rapport de la commission de l’ONU indique que les principaux auteurs des crimes contre l’humanité sont des agents du service national de renseignement, de la police – qui relèvent directement du bureau du président Pierre Nkurunziza, qui serait donc responsable de ces crimes.
L’enquête se penchait initialement sur une répression brutale contre les manifestants antigouvernementaux en 2015. Elle a également constaté que la suppression des libertés civiles s’est intensifiée à l’approche des élections de l’année prochaine. Un représentant du gouvernement burundais, Tabu Renovat, a rejeté les conclusions du rapport comme étant politiquement motivées et mensongères.
Certains opposants négocient leur retour au pays
À un an de l’élection présidentielle, une délégation du Cnared, la principale plate-forme de l’opposition en exil, séjourne depuis samedi à Bujumbura afin de négocier le retour de certains leaders toujours en exil.
À un an de l’élection présidentielle, le pouvoir burundais tente de convaincre certains opposants de rentrer de leur exil afin de prouver à la communauté internationale que la situation est redevenue normale. Une délégation du Cnared, la principale plate-forme de l’opposition en exil, séjourne depuis samedi dernier à Bujumbura afin de négocier le retour de certains leaders toujours en exil.
La délégation est conduite par Anicet Niyonkuru, secrétaire exécutif du Cnared, par ailleurs président d’une petite formation politique, le Conseil des patriotes.
Plusieurs sources ont confirmé que les négociations avec les autorités burundaises avancent et celles-ci pourraient déboucher sur la signature d’un accord.
Conditions sécuritaires
L’ancien porte-parole du Cnared, Pancras Cimpayé, émet toutefois des réserves sur cette initiative et estime que les conditions d’un retour ne sont pas réunies.
« Pas plus tard que la semaine dernière, il y a un cadre du ministère des Sports qui a été lâchement assassiné. Comment dans ce genre de situation, pouvez-vous convaincre les hommes politiques refugiés de rentrer chez eux, au moment où même les cadres de l’Etat sont exécutés au grand jour? Si toutes les conditions étaient réunies, on sauterait dans le premier avion pour rentrer. Et ça ne serait pas Nkunrunziza qui viendrait nous supplier. On préfère rester refugiés plutôt que d’être mort au Burundi » soutient le coordinateur du Mouvement pour la solidarité et le développement de l’opposant Alexis Sinduhije, lui aussi en exil.
Calculs personnels
Même scepticisme chez Jérémie Minani, le président du Rassemblement des démocrates burundais, et porte-parole de la coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha, signé en 200O en Tanzanie.
Lui aussi faisait partie du Cnared avant d’en claquer la porte.
« Ce retour ne me surprend pas. C’était la cause de notre divorce avec le Cnared. Ce retour ne peut pas être interprété comme un signe d’apaisement de la situation actuelle dans notre pays. Ce sont des gens qui ont eu le temps de négocier leur sécurité avec la clique qui gère illégalement notre pays. Et cela n’est pas possible pour les 500.000 réfugiés actuellement dans les pays voisins du Burundi. C’est un retour pour des raisons purement et simplement personnelles » affirme Jérémie Minani.
S’il apprécie ce pas vers la paix et la réconciliation, Anschaire Nikoyagize, le président de la Ligue Iteka, la Ligue burundaise des droits de l’homme, émet lui aussi des réserves.
Pour sa part, Pacifique Nininahazwe, président du Forum pour la conscience et le développement (Focode) dénie le statut d’opposant en exil à Anicet Niyonkuru, le président du Conseil des patriotes.
Il est à rappeler que les négociations entre une partie de l’opposition et le pouvoir burundais ont débuté depuis plusieurs mois pour organiser le retour de certains leaders en vue de leur éventuelle participation à l’élection présidentielle de mai 2020.
Un scrutin auquel, le président Pierre Nkurunziza, réélu pour un troisième mandat controversé en 2015, a promis ne pas participer.
Helsinki: De consultations discrètes ont déjà eu lieu en juillet 2017 Consultations discrètes entre l’opposition et le pouvoir burundais à Helsinki. Les représentants du pouvoir et ceux de l’opposition en exil regroupée au sein du Cnared se sont rencontré dans la capitale finlandaise, même si rien n’avait filtré de ces rencontres.
Nairobi: Le 18 septembre 2019, dans un communiqué, l’Ombudsman du Burundi Edouard Nduwimana a confirmé avoir rencontré certaines personnalités de l’opposition en exil qui ne font pas « objet de poursuites judiciaires dans le cadre de la sensibilisation au retour au pays ».
Au cours de la rencontre qui a duré deux jours, l’Ombudsman a précisé qu’il ne s’agissait pas de relancer le dialogue encore moins de négocier. Pour leur part, les anciens cadres du CNDD-FDD au pouvoir, qu’on appelle les frondeurs, ont exigé entre autres la libération des prisonniers politiques, l’ouverture de l’espace politique, la modification de la CENI (commission électorale nationale indépendante, la mise à disposition des passeports pour certains d’entre eux, la levée de mandants judiciaire émis contre certains d’entre eux, la mise à leur disposition d’une unité de sécurité une fois rentrés (…).
Le communiqué cité plus haut a mentionné la volonté de ces opposants de rentrer au Burundi à une condition : « discuter de ces questions avec un représentant du Gouvernement dûment mandaté ».
Maître du jeu, le président sortant du Burundi, Pierre Nkurunziza est loin de lâcher prise. Malgré les contestations de la rue et des pays occidentaux.
Par Regardsurlafrique
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