Créée en 2000 sous l’administration Clinton, elle était censée faciliter et réguler les échanges entre les Etats-Unis et l’Afrique. Que vaut l’AGOA, la loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique.
Ce sont surtout les produits pétroliers qui sont bénéficiaires l’Agoa (African Growth and Opportunity Act). Ce système issu d’une loi américaine permet aux entreprises de 39 pays africains d’exporter vers les États-Unis sans payer de taxes. Ce système à pour objectifs faire plier les états membres qui ne seront pas en accord avec les états-Unis.
C’est par un message au congrès que Donald Trump a annoncé sa décision : à partir de janvier 2020, le Cameroun ne sera plus bénéficiaire des clauses prévues par l’AGOA, et sera donc privé de son accès privilégié au marché américain.
« Le Cameroun n’a pas répondu à nos préoccupations concernant les violations persistantes des droits de l’homme commises par ses forces de sécurité. Ces violations comprennent les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires et illégales et la torture » précise le président.
Donald Trump s’appuie sur la section 104 du texte, qui lui permet de priver un pays des bénéfices de la loi s’il estime qu’il ne réalise pas de progrès suffisants, notamment dans le domaine des droits de l’homme. Des bavures (exécutions sommaires, tortures, etc.) attribuées par des ONG aux forces de sécurité camerounaises dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au nord et dans les combats contre des séparatistes dans des zones occidentales d’expression anglaise.
« Le Cameroun n’a pas répondu à nos préoccupations concernant les violations persistantes des droits de l’homme commises par ses forces de sécurité. Ces violations comprennent les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires et illégales et la torture », a déclaré Donald Trump.
Le gouvernement camerounais n’a pas encore réagi à cette décision…
Déjà en 2018, le Cameroun a exporté pour 1,34 milliards de produits pétroliers. Suivant le classement du système harmonisé de 1992, les principales destinations des exportations en 2018 sont:
- – la France 559 millions de dollars
- – la Chine 488 millions de dollars
- – l’Italie 392 millions de dollars
- – Benelux 359 millions
- – Pays-Bas 356 millions
- En fait, l’Agoa ne représente que 28% des exportations camerounaise vers les États-Unis. Sans l’Agoa, et les préférences tarifaires, le Cameroun va continuer à exporter vers ce pays au régime harmonisé de 1992!
- Le chantage américain envers le Cameroun est clair.
- Ils se voient hors jeux. L’incendie qui avait ravagé la Sonara le vendredi 31 mai au samedi 1er juin, sur un site pétrolier à Limbe, dans le sud-ouest du Cameroun, en zone anglophone sera reconstruit par une entreprise russe.
- Du point de vue strictement géopolitique les états n’ont pas d’amis mais des intérêts. C’est connu depuis De Gaulle. La situation géographique et géopolitique du Cameroun au golfe de Guinée le place au centre des convoitises. Et de ce point de vue la conquête impérialiste est une nécessité vitale pour les puissances en conflit. Ce beau pays a été arrimé à l’Occident depuis 1884, lié avec les occidentaux par contrat depuis ces temps sans concurrence.
Le premier de ces contrats léonins est venu à expiration en 2009 et n’a pas été reconduit.
Nicolas Sarkozy, alors président à l’époque n’a pas présenté le nouveau contrat à l’assemblée nationale jusqu’à la fin de son mandat dans l’espoir que le président Paul BIYA n’allait pas se représenter à l’élection de 2011.
Il espérait qu’un nouveau président allait remplacer Paul BIYA et réviser les accords en faveur de la France. C’est Hollande qui l’a finalement présenté à l’assemblée. Les autres contrats prennent fin en 2020 et le francs cfa risque de connaître des changements qui ne plairont pas à certains partenaires.
Bref le Cameroun qui est entré dans sa zone d’ascension ne sert pas les intérêts des partenaires d’hier. La présence de la chine comme partenaire au Cameroun inquiète beaucoup. Idem pour la Russie. Or l’option de Yaoundé est de rompre avec le passé d’un partenaire unique pour diversifier sa coopération. Ce qui diminue les bénéfices de certains. Or qui contrôle le Cameroun contrôle le golfe de Guinée. Et tout le problème est là. Si le Cameroun devient autonome et indépendant et donc il ne dépendra plus des puissances qui veulent contrôler le golfe de Guinée ces dernières ne pourront aboutir à leurs fins stratégiques.
C’est une des raisons pour laquelle le Cameroun rencontre toute cette agitation conquérante Boko Haram, Crise anglophone, Hold-up électoral, Sonara et maintenant ils sont en train d’activer l’arme démographique que le chef de l’état a neutralisé en libérant les détenus qu’ils supportent et qui sont leurs cartes maîtresses pour la main mise sur le Cameroun.
En effet, le déploiement des forces US s’est fait dans le cadre d’une force opérationnelle baptisée « Talon ». Pendant 4 ans, cette force dite de « première frappe » a mené des missions sous prétexte de sécurité et de construction d’infrastructures de défense au Cameroun. À vrai dire cette force faisait partie du scénario dit « crise anglophone ».
Rappelons qu’en octobre 2015, l’ancien président américain, Barack Obama avait annoncé au Congrès qu’il avait décidé de déployer un peu plus de 200 soldats au Cameroun. Quelques mois plus tard, des images satellitaires avaient révélé des travaux d’agrandissement de la base aérienne 301 de Garoua, du fait de l’activité du contingent américain.
En février 2019, Washington avait annoncé l’annulation de programmes d’aide militaire destinés au Cameroun, en invoquant de «graves violations des droits humains» commises par les forces de sécurité camerounaises. Dans la foulée, Washington avait exigé de Yaoundé qu’une enquête soit menée sur ces allégations, que les États-Unis jugent crédibles.
Les autorités américaines veulent aussi que les auteurs des violations des droits de l’homme répondent de leurs actes. Les États-Unis ayant déployé des centaines de militaires au Cameroun et construit des bases militaires à Garoua, avec des installations militaires à Douala, Maroua et Salak, n’imaginaient pas qu’ils seront pousser dehors.
Par Tinno Bang Mbang
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