
Selon le journal Vzgliad, des conseillers militaires russes vont être envoyés en Guinée-Bissau. Pourquoi ce pays a-t-il demandé de l’aide à la Russie ? Quel est le rapport avec le trafic de stupéfiants en Europe ? Et à quoi seront confrontés sur place les représentants du ministère russe de la Défense ? Vous trouverez dans les paragraphes qui suivent quelques éléments de réponse.
Les ministères de la Défense de la Russie et de la Guinée-Bissau ont signé ce mardi un accord de coopération dans le secteur de la défense, écrit le quotidien Vzgliad. Celui-ci « permettra de développer nos relations dans le domaine militaire », a noté le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou pendant un entretien avec Eduardo da Costa Sanha, son homologue de la Guinée-Bissau. Le ministre russe a noté que les relations entre la Russie et la Guinée-Bissau, « traditionnellement amicales », étaient « riches d’une longue histoire ».
Les détails de l’accord n’ont pas été révélés, et les propos de Sergueï Choïgou sont restés dans le cadre du langage diplomatique. Mais, selon les sources du journal Vzgliad, la première étape de la coopération avec ce pays d’Afrique occidentale impliquera l’envoi à Bissau de conseillers russes afin de mettre au point le processus de formation des militaires de l’armée nationale.
Le fait est que l’armée de la Guinée-Bissau est unique de par sa composition, son armement et son expérience. Difficile, en effet, de trouver un équivalent dans le monde.
Les effectifs des forces armées de la Guinée-Bissau, en fonction de la saison, varient entre 3 500 et 6 000 hommes. Elles comptent également 2 000 gendarmes avec des armes légères. Sur le papier, l’armée se compose de cinq bataillons d’infanterie et d’un bataillon d’artillerie, d’un escadron blindé, d’une compagnie de génie et de reconnaissance.
Oui, le pays dispose de blindés. 10 chars T-34-85 qui avaient participé à la prise de Berlin. Entre 10 et 20 de chars légers amphibies PT-76 (un matériel très utile dans la situation du pays), 16 blindés de transport de troupes BTR-40, 20 véhicules blindés chinois sans pièces, et quelques autres. Le seul engin capable de voler est un hélicoptère Mi-8 rapiécé, entretenu néanmoins par 100 militaires de l’armée de l’air de la république.
La situation de la flotte est comparable, avec six anciens escorteurs américains, le dragueur de mines allemand Kondor peu opérationnel (datant du IIIe Reich) et quatre torpilleurs soviétiques du projet 206 Chtorm. Du matériel obsolète, en somme. On dit qu’une autre vedette du projet 206 se trouve dans la flotte du Cambodge, mais c’est probablement une légende.
L’armée de la Guinée-Bissau exerce pourtant une influence décisive sur la vie de ce petit pays. Après avoir obtenu son indépendance du Portugal en 1974, les coups d’État militaires en Guinée-Bissau ont été plus fréquents que partout ailleurs en Afrique.
Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, éternellement au pouvoir, est proche de tous les mouvements de libération nationalistes de courant socialiste et panafricain de par ses idées et origines. Mais, à l’époque coloniale déjà, existait en Guinée une séparation nette de la population selon l’appartenance raciale et tribale. Ainsi, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert et, dans l’ensemble, l’idée de la lutte pour l’indépendance, étaient soutenus par la tribu Balante, les ressortissants des îles du Cap-Vert et les riches métis.
La mission des premiers conseillers militaires russes sera certainement d’évaluation (pour ne pas utiliser le terme de « reconnaissance »). L’ambassade de Russie à Bissau se situe en face de l’ambassade de France, et un bâtiment plus loin que l’ambassade du Portugal. Il y a une course officieuse pour savoir qui possède la plus grande piscine. Les Français sont devant pour le moment — avec deux piscines.
Les Guinéens ont développé une idiosyncrasie par rapport à tout ce qui touche à l’héritage portugais, Angola y compris, et c’est pourquoi ils auraient parfaitement pu signer un accord avec les Français. Notamment compte tenu de l’influence de Paris en Côte d’Ivoire, où vit une grande partie des Peuls et où sont régulièrement expulsés les présidents et les Premiers ministres déchus de Guinée-Bissau. Mais la France semble passive dans ce pays — alors pourquoi la Russie ne prendrait-elle pas cette place vacante ?
Par Regardsurlafrique avec Presstv



















































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