Une crise politique majeure secoue le Sénégal à peine un an après l’élection triomphale de Bassirou Diomaye Faye à la présidence, opposant ce dernier à son Premier ministre et allié de longue date, Ousmane Sonko. Au cœur du conflit : le contrôle de la coalition « Diomaye Président », forgée en 2024 pour porter Faye au pouvoir en l’absence de Sonko, empêché de se présenter pour des raisons judiciaires.
Ce qui débutait comme des tensions larvées sur la répartition des influences au sein du gouvernement s’est mué en affrontement public, révélant les fissures d’une alliance née dans l’urgence électorale et marquée par une popularité écrasante de Sonko, leader charismatique du parti Pastef.
L’escalade a pris un tour dramatique à la suite du « terameeting » du 8 novembre 2025, un immense rassemblement organisé par Sonko à Dakar, où il a solennellement affirmé qu’il n’y aurait « aucun changement à la tête de la coalition ». Pourtant, dès le 11 novembre, Faye a surpris l’opinion en annonçant par communiqué officiel le limogeage d’Aïssata Mbodj, proche de Sonko et présidente de la coalition, pour la remplacer par Aminata Touré, son ancienne coordinatrice de campagne.
Ce coup de théâtre a été perçu comme une affirmation d’autorité du président, contredisant frontalement les engagements de son Premier ministre et exposant les rivalités sous-jacentes sur la direction stratégique de l’alliance politique.
La riposte de Sonko n’a pas tardé : le bureau politique de Pastef a réuni en urgence et publié un communiqué cinglant, affirmant que Faye « n’a pas le pouvoir de démettre » Mbodj, qu’il n’est pas le président de la coalition, et rejetant catégoriquement la candidature de Touré au motif que « nous ne partageons ni les mêmes valeurs ni les mêmes principes ».
Ce bras de fer institutionnel, amplifié par les réseaux sociaux et les médias, a plongé le pays dans l’incertitude, avec des analystes évoquant une « crise politique profonde » susceptible de dégénérer en conflit institutionnel, loin des précédents historiques comme Senghor-Dia en 1962 ou Wade-Idy en 2004.
Les implications pour le Sénégal sont lourdes : alors que Faye peine à consolider son pouvoir sans le soutien populaire de Sonko, ce dernier, fort de sa légitimité de rue, pourrait mobiliser ses troupes pour une offensive plus large, menaçant la stabilité du gouvernement. Au-delà de la coalition, cette rupture interroge l’avenir d’une gouvernance anti-système promise en 2024, risquant de diluer les réformes ambitieuses en matière de souveraineté et de justice sociale. Si une réconciliation semble improbable à court terme, le pays pourrait voir émerger une recomposition politique forcée, où l’unité nationale prime sur les egos personnels, sous peine d’un chaos préjudiciable à tous.
Par RSA avec Business Africa Media



















































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