La Russie est en train de redessiner la carte géopolitique de l’Afrique avec une stratégie ambitieuse, signant des contrats militaires d’une valeur de 4 milliards de dollars avec 46 des 54 nations du continent.
La Russie et l’Afrique ont conclu des contrats industriels militaires pour environ 4 milliards de dollars
Au-delà des simples ventes d’armes par Rosoboronexport, l’exportateur d’État russe, ces accords englobent des formations pour le personnel local, des transferts technologiques et des initiatives industrielles conjointes.
Cette expansion s’étend à des pays clés comme le Rwanda, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Nigeria et l’Angola, exploitant un « parfait orage anti-occidental » particulièrement dans le Sahel, où des nations comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont fermé des bases militaires françaises, laissant un vide que Moscou comble avec enthousiasme.
Pour les régimes africains, souvent instables suite à des coups d’État, ce partenariat offre des avantages immédiats et concrets. La Russie propose un « paquet de survie pour les régimes », incluant un soutien militaire, des formations en sécurité et des campagnes de désinformation sophistiquées pour renforcer le soutien domestique.
En remplaçant les partenaires occidentaux comme la France et les États-Unis qui réduisent leur présence, des forces russes – d’abord le groupe Wagner, maintenant le Corps Afrique – interviennent contre les insurgés djihadistes.
Contrairement aux Occidentaux qui conditionnent leur aide à des réformes en droits humains et gouvernance, Moscou adopte une approche « aveugle aux droits humains », séduisant les leaders autoritaires en quête de consolidation du pouvoir sans ingérence externe.
Cependant, derrière ces bénéfices à court terme se cachent des coûts cachés qui pourraient aggraver l’instabilité et compromettre la souveraineté africaine.
Dans le Sahel, où les mercenaires russes sont les plus actifs, la sécurité s’est détériorée : un rapport de 2024 indique une augmentation de 43 % des décès dus à la violence islamiste militante entre 2022 et 2023, atteignant un record, avec le Burkina Faso représentant 67 % de ces morts.
En échange de l’aide, la Russie obtient des concessions lucratives sur les ressources naturelles, comme l’or et les diamants en République centrafricaine, l’or au Soudan et l’uranium au Niger, créant une relation inégale qualifiée de « coloniale » par des analystes.
De plus, les accusations d’atrocités, y compris des frappes de drones tuant des civils au Mali, isolent ces nations sur la scène internationale.
En bilan stratégique, les gains pour la Russie sont clairs : des revenus massifs pour son industrie d’armement, un levier politique à l’ONU, et un accès à des ports stratégiques en Méditerranée et au Golfe de Guinée pour contrer l’influence occidentale.
Pour l’Afrique, les risques l’emportent : si certains régimes prolongent leur survie, les tendances indiquent une augmentation de la violence, une dépendance accrue et un sacrifice des ressources au profit d’un partenariat qui priorise l’extraction sur le développement durable ou la gouvernance démocratique.
Au final, cette alliance pourrait transformer l’Afrique en un terrain de jeu géopolitique où la stabilité à long terme est le grand perdant.
Par RSA avec Business Africa Media




















































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