
Ouattara ne fait-il pas confiance à sa propre armée ?
En Côte d’Ivoire, la présidence est inquiète : le ministre de la Défense, Hamed Bakayoko aurait, selon les informations relayées par la presse africaine, recruté 60 militaires pour renforcer un service personnel de renseignements qu’il a monté au sein de l’armée ivoirienne.
« Pour convaincre le président Ouattara du bien-fondé de ce recrutement complémentaire, le ministre de la Défense a, dans un premier temps, invoqué la menace terroriste. Ensuite, il a invoqué les risques que représentaient les opposants au régime, que sont Guillaume K. Soro et Henri Konan Bédié. Selon lui, cette stratégie vise à accroître et à élargir la collecte des données concernant ces personnalités politiques. Une source, proche du pouvoir aurait confié qu’apeuré par les raisons évoquées par le ministre de la Défense, le président Ouattara a obtempéré et consenti à la création de cette nouvelle milice », annonce Mediapart.
Cependant, il est bon de s’interroger. Dans les faits, qu’est-ce qui pourrait bien justifier ce recrutement complémentaire, quand on sait que l’armée ivoirienne possède déjà son propre service de renseignements ? Est-ce qu’un des objectifs de la milice de Hamed Bakayoko ne serait pas d’apaiser les craintes du président Ouattara d’une quelconque trahison de la part de sa propre armée ? Pourquoi le président ivoirien ne peut-il se fier à sa propre armée ?
S’il est vrai que la réconciliation inter-ivoirienne est encore loin d’être envisageable, il est aussi vrai que l’État ivoirien fait l’objet de multiples pressions. À l’heure de grands chamboulements dans la stratégique africaine des puissances colonialistes et puisque les États-Unis tendent d’empiéter de plus en plus sur le terrain de jeu français à la faveur d’un président totalement acquis à la cause de la Maison-Blanche, l’État ivoirien et surtout le président Ouattarra devraient s’inquiéter : les Américains préparent-ils un coup contre Ouattara via leurs accointances locales ? En effet, à l’approche des élections présidentielles de 2020, les USA ont redoublé leurs menaces contre la Côte d’Ivoire : il y a quelques jours, le nouveau chargé d’Affaires par intérim de l’ambassade des États-Unis, Paul Yesskoo, a appelé Abidjan à mettre en place des institutions fortes et démocratiques. Les États-Unis ont également mis la pression sur Alassane Ouattara en menaçant Abidjan que si l’actuel président décide de briguer un troisième mandat, Ouattara ne pourra plus compter sur les États-Unis, a déclaré le sous-secrétaire d’État américain aux affaires politiques, David Hale.
Cette multiplication de milices, parallèles à l’armée et dirigées par des civils, laisse à penser que la crainte d’une déstabilisation par USA monte au sein du gouvernement ivoirien. Il demeure que la création des services secrets parallèles ou encore toute autre initiative du genre ne renforceraient pas l’unité au sein d’une armée qui ne s’est pas encore remise du choc du coup d’État français de 2010-2011, et qu’un État soumis aux pressions et aux ingérences étrangères a besoin avant toute chose d’une armée forte.
Deux ans de Macron à l’Élysée : le bilan de sa politique africaine
Il y a deux ans, Emmanuel Macron était élu président de la République. Lors de sa première année à l’Élysée, le président français avait dit vouloir établir un partenariat avec l’Afrique en rompant avec la politique menée par ses prédécesseurs. Mais comment peut-on analyser ces deux ans de présidentielle ? Luc Michel, géopoliticien, revient sur le sujet.
Par Regardsurlafrique avec Presstv





















































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