L’Ethiopie a accusé l’Erythrée et une faction du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) de financer des groupes armés et de chercher à déstabiliser le pays. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, datée du 2 octobre, le ministère éthiopien des Affaires étrangères affirme que ses voisins « se préparent activement à une guerre ».
Selon Addis Abeba, cette « collusion » se manifeste notamment dans la région d’Amhara, où des groupes armés hostiles au pouvoir central seraient soutenus et dirigés depuis l’extérieur. L’Érythrée est décrite comme le « principal artisan » de ces efforts de déstabilisation, aux côtés d’une faction extrémiste du TPLF.
Les relations entre l’Ethiopie et l’Erythrée, marquées par une guerre sanglante entre 1998 et 2000, s’étaient réchauffées en 2018 avec l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed. L’accord de paix signé cette année-là avait même valu au Premier ministre éthiopien le prix Nobel de la paix. Toutefois, ces liens se sont à nouveau détériorés après la guerre du Tigré (2020-2022), au cours de laquelle l’armée érythréenne avait soutenu les forces fédérales éthiopiennes.
Depuis, les tensions se sont accrues, notamment autour de l’accès à la mer Rouge. Addis Abeba, privé de littoral depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993, affirme vouloir retrouver un accès maritime par des « moyens légaux », évoquant notamment le port d’Assab.
Dans sa lettre, le ministre éthiopien des Affaires étrangères Gedion Timothewos appelle à un dialogue de bonne foi et demande à Asmara de « respecter la souveraineté de l’Ethiopie ». Il dénonce également les ingérences répétées de son voisin.
De son côté, l’Érythrée avait rejeté en mars toute velléité agressive et accusé l’Éthiopie de chercher à empiéter sur la souveraineté régionale. Elle s’est par ailleurs rapprochée récemment de l’Égypte, pays lui aussi en désaccord avec Addis Abeba, notamment sur la question du barrage sur le Nil.
Enfin, la lettre d’Addis Abeba cible aussi le TPLF, radié en mai dernier par la commission électorale, mais dont des membres continuent à administrer la région du Tigré. Les relations entre cette administration régionale et le gouvernement fédéral se sont de nouveau tendues ces derniers mois.
RSA avec sahel-intelligence
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