Pourquoi la France a-t-elle occupé le Mali ?
C’est en janvier 2013 que la France a décidé d’intervenir militairement au Mali. 6 ans plus tard, l’instabilité s’est accrue dans tout le Sahel, et les groupes terroristes étendent leur influence. Si Paris renforce son pré carré et ses intérêts économiques, les peuples de la région paient le prix d’une guerre sans fin. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les manifestations anti-françaises ces dernières semaines au Mali.
En réalité, les opérations militaires au Sahel servent parallèlement de laboratoire et de vitrine pour les équipements et méthodes de l’armée française. Serval puis Barkhane ont été l’occasion de tester et de promouvoir les avions de chasse de Dassault et les missiles de la société aéronautique MBDA. Avec parfois peu de succès, des véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) et des hélicoptères Caracal, Tigre et Caïman ont pu être expérimentés. L’armée française teste aussi des techniques de combat comme le Groupement tactique interarmes (GTIA), à dominante aérienne, combinant des commandos terrestres et des aéronefs. De plus, la formation des armées africaines permet de générer d’autres marchés. Bien que peu solvables, les pays sahéliens peuvent bénéficier de prêts à travers lesquels ils continuent à s’endetter. Le programme de formation régionale « Sécurité et défense », associé à l’Aide publique au développement (APD), conduit également des acteurs publics à livrer des contrats de conseil, surveillance et fichage aux firmes françaises. Le complexe des industriels français de l’armement, qui réalisait 20 milliards d’euros de commandes en 2016, se plaçait comme troisième exportateur d’armes mondial en 2017…
À ce jour, le SG de l’ONU Antonio Guterres est formel : « Le G5 ne permettra pas d’enrayer la progression du terrorisme au Sahel. » Pour lui, « nous devrions être ouverts à des initiatives qui aillent au-delà du G5 Sahel » ; cela d’autant plus que la Côte d’Ivoire, le Bénin, et le Ghana redoutent désormais des attaques terroristes. Le SG de l’ONU en appelle donc à une réponse « bien plus robuste et collective ». La création, par la France et l’Allemagne, d’une structure de développement concernant le même périmètre géographique, dénommée l’Alliance pour le Sahel, renforce la confusion autour du G5 Sahel.
En matière de lutte contre le terrorisme, les pays occidentaux ont assurément des agendas cachés en Afrique. Au moment où les pays du Sahel sont dans l’impasse, au niveau du G5 Sahel, c’est la quadrature du cercle. Pour les pays africains, l’équation de la lutte contre le terrorisme reste entière.
Par Regardsurlafrique Avec Presstv
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