Pour sa première prise de parole publique depuis l’annonce de sa victoire à la présidentielle par le Conseil constitutionnel du Cameroun, Paul Biya s’est voulu succinct. Au cours d’une allocution d’une vingtaine de minutes prononcée devant les sénateurs et les députés réunis en congrès ce 6 novembre, le chef de l’État camerounais, dont la réélection est toujours contestée par l’opposant Issa Tchiroma Bakary.
Paul Biya a prêté serment pour la neuvième fois
Le président camerounais a entamé son neuvième mandat par une cérémonie de prestation de serment qui s’est tenue ce 6 novembre au siège de l’Assemblée nationale. Une date qui marquait aussi le 43e anniversaire de son accession à la magistrature suprême, dans un contexte de crise post-électorale.
Discours de S.E.M. Paul BIYA, à l’occasion de la prestation de serment
- Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
- Monsieur le Premier Vice-Président du Sénat,
- Monsieur le Président du Conseil Constitutionnel,
- Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême,
- Mesdames et Messieurs les Députés,
- Mesdames, Messieurs,
- Chers compatriotes,
Je voudrais avant toute chose, remercier Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, pour ses mots aimables de bienvenue et ses encouragements.
Je vous sais gré, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, de l’accueil chaleureux que vous avez bien voulu me réserver en cette occasion solennelle, dans ce magnifique hémicycle.
Je tiens à exprimer ma très profonde gratitude au Peuple camerounais qui, une fois de plus, a décidé de m’honorer de sa confiance. Celle-ci m’a toujours été et me sera encore, assurément, d’un précieux soutien, au cours de ce nouveau mandat.
Je tiens à le dire de la manière la plus solennelle qui soit. Je ne ménagerai aucun effort pour continuer à être digne de cette confiance. Quelles que soient les circonstances. Quelles que soient les difficultés, les obstacles ou les défis.
Tel est le sens du serment que je viens de prêter devant le Peuple camerounais, que vous représentez.
- Camerounaises, Camerounais,
- Mes chers compatriotes,
Au moment de prendre mes fonctions, je mesure pleinement la gravité de la situation que traverse notre pays. Je mesure le nombre et l’acuité des défis auxquels nous sommes confrontés. Je mesure la profondeur des frustrations, l’ampleur des attentes. Je mesure l’importance des responsabilités qui vont être celles du Président de la République.
Je voudrais, en cette occasion solennelle, renouveler devant vous un engagement que j’ai déjà pris par le passé, dans les mêmes circonstances. Celui de rester fidèle aux idéaux qui m’ont guidé depuis mon accession à la Magistrature suprême.
Celui de me consacrer entièrement à la mission sacrée que Dieu Tout-Puissant et le Peuple camerounais souverain ont bien voulu me confier : celle d’œuvrer, sans relâche, à l’avènement d’un Cameroun uni, stable et prospère.
Il s’agit, je le sais et vous le savez, d’une tâche lourde. Mais il s’agit d’une tâche exaltante, quand on a à cœur l’amour et les intérêts de son peuple.
Cette tâche, mes chers compatriotes, n’est pas insurmontable, surtout lorsque l’on bénéficie du soutien indéfectible de son peuple. A chaque échéance électorale, vous me témoignez de ce soutien. Vous l’avez fait, une fois de plus, de manière claire et incontestable, lors du scrutin du 12 octobre dernier.
- Camerounaises et Camerounais, de l’intérieur comme de la diaspora,
En ce jour où j’entame un nouveau mandat, de par la volonté de Dieu et du Peuple camerounais souverain, je voudrais tendre la main à tous et à chacun. Nous devons, ensemble jeter les bases d’un avenir encore plus prometteur pour notre cher et beau pays, notamment pour notre jeunesse. Nous avons certes beaucoup accompli. Mais nous avons encore tant à réaliser, ensemble, pour nous même, mais aussi pour les générations futures.
J’en appelle donc à l’union sacrée. Joignez vous à moi, pour que nous puissions, ensemble, dans la paix et la concorde, relever les formidables défis auxquels notre pays est confronté.
Je vous invite, tous, à prendre part à ce combat salutaire. Les joutes de l’élection présidentielle sont derrière nous. L’heure est désormais au rassemblement. Ce pays est notre patrimoine commun. C’est notre bien le plus précieux. Nous devons le construire, le solidifier, le moderniser et non le détruire. Assez de ces discours de haine qui inondent l’espace public, et tout particulièrement les réseaux sociaux.
- Camerounaises, Camerounais,
- Mes chers compatriotes,
Le projet de société, dont je suis porteur, vous a été exposé et expliqué, de long en large, pendant la campagne électorale qui vient de s’achever.
A cette occasion, comme lors des consultations stratégiques qui se sont déroulées au Palais de l’Unité, mes équipes et moi-même avons également veillé à écouter les doléances des Camerounais vivant à l’intérieur du pays, comme ceux vivant à l’Etranger.
Nous avons entendu leurs préoccupations, leurs frustrations, leurs doléances, mais aussi leurs aspirations, leurs attentes, leurs espérances et leurs suggestions.
Ces échanges féconds nous serviront assurément de boussole, pour guider notre action présente et future.
- Camerounaises, Camerounais,
- Mes chers compatriotes,
Ainsi que j’ai eu l’occasion de vous le dire, la situation des jeunes et des femmes sera au cœur de mon action tout au long de ce septennat.
L’un des principaux objectifs que je me suis fixé à cet égard est de promouvoir une meilleure responsabilisation et une meilleure protection des jeunes et des femmes.
Ainsi que vous le savez, des efforts méritoires ont été déployés ces dernières années en faveur de la jeunesse, tels que: la construction de nombreuses infrastructures scolaires et universitaires, la promotion de la scolarisation des jeunes, la professionnalisation des enseignements, la création de nouvelles opportunités d’emplois en faveur des jeunes.
Nous allons intensifier ces efforts, en veillant à ce que les jeunes et les femmes bénéficient d’une protection accrue dans les milieux scolaire et professionnel, mais aussi en dehors de ceux-ci, pour pouvoir s’épanouir pleinement.
Les métiers et autres activités attirant tout particulièrement les jeunes filles et les femmes bénéficieront d’un plus grand soutien de l’Etat, notamment au plan financier.
Sur un autre plan, ayant été saisi à cet égard, par les jeunes, qui en étaient fort préoccupés, je viens d’ordonner la reprise des études doctorales dans les universités, au cours de cette année académique.
J’ai également décidé de la relance des concours d’entrée dans les Ecoles Normales Supérieures.
- Mes chers compatriotes
- Mesdames et Messieurs,
J’envisage de mettre en œuvre, dès les premiers mois de ce septennat, un plan spécial de promotion de l’emploi des jeunes, dont les axes principaux seront les suivants :
Premièrement, la mise en place de facilités administratives et fiscales pour les entreprises privées avec en contrepartie, l’obligation pour celles-ci, de recruter les jeunes.
Deuxièmement, le renforcement des mécanismes d’encadrement et d’accompagnement des jeunes, dans la conception, la mise en œuvre et le financement de leurs projets. Ceci se fera en liaison avec les banques locales et les bailleurs de fonds internationaux.
Troisièmement, la promotion du développement d’entreprises dans les secteurs à fort potentiel de création d’emplois, à l’instar du numérique, des mines, de l’agriculture et des services.
Quatrièmement, dès le prochain exercice budgétaire, une proportion du budget d’investissement de l’Etat sera consacrée à la réalisation de travaux à haute intensité de main d’œuvre, au profit des jeunes sur toute l’étendue du territoire. Ceci se fera en lien avec les Collectivités Territoriales Décentralisées et les associations.
La réussite de ce plan sera facilitée, j’en suis persuadé, par le courage, l’ingéniosité et l’inventivité dont nos jeunes compatriotes savent si souvent faire preuve.
- Mes chers compatriotes,
- Mesdames et Messieurs,
Soucieux d’apporter des réponses appropriées aux préoccupations des populations, nous veillerons, au cours de ce septennat, à accélérer la réalisation des projets en cours dans différents secteurs stratégiques tels que l’énergie, l’hydraulique, les infrastructures routières et la santé publique.
Il va sans dire que les efforts engagés dans la lutte contre la corruption seront intensifiés.
Nous devrons également, soumettre au Parlement, certaines réformes permettant un fonctionnement plus efficient de l’Etat, grâce à une adaptation de nos institutions aux exigences de notre environnement.
- Camerounaises, Camerounais,
- Mes chers compatriotes,
Ainsi que vous le savez, notre pays est confronté depuis des années à un certain nombre de défis sécuritaires.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de l’Extrême-Nord, des groupes terroristes, dont certains viennent de pays voisins, ont longtemps semé la mort et la destruction.
Grâce à l’action efficace de nos Forces de défense et de sécurité, dont je voudrais une fois de plus saluer le professionnalisme, de même qu’à l’engagement courageux de nos vaillantes populations, la situation générale s’est nettement améliorée. Les efforts de reconstruction menés par le Gouvernement, avec le soutien de nos partenaires internationaux, consolident peu à peu un retour progressif à la normale.
Ces efforts vont se poursuivre, inlassablement.
J’invite à cet égard les chefs traditionnels, les élites et les forces vives des régions affectées, à s’engager plus qu’avant, dans la sensibilisation des membres des groupes armés, afin qu’ils saisissent la main tendue du Gouvernement et déposent les armes.
Ce dialogue communautaire pourrait être mené en collaboration avec les Autorités administratives et favoriser le retour de ces jeunes en déshérence vers leurs communautés respectives, après leur nécessaire passage au sein du Programme de DDR.
Je voudrais, une fois de plus, mettre en garde, ceux des membres de ces groupes armés qui persisteront à poursuivre leurs activités criminelles, contre les conséquences dramatiques de leur obstination.
Je remercie les pays amis qui ont commencé à traquer et à traduire en justice les commanditaires de ces actes criminels qui se terrent sur leurs territoires. J’encourage ceux de nos partenaires qui ne l’ont pas encore fait, à leur emboîter le pas et à agir contre ces terroristes, qui incitent impunément à la violence contre nos innocentes populations à partir de leurs pays.
Le terrorisme est un fléau international qui doit être combattu vigoureusement partout où il montre son visage hideux.
- Camerounaises, Camerounais,
- Mes chers compatriotes,
L’élection présidentielle qui vient de s’achever porte témoignage de la grande maturité du Peuple camerounais et de son attachement viscéral à la démocratie.
Pendant le temps de la campagne électorale, voire avant l’ouverture de celle-ci, les Camerounaises et les Camerounais ont librement débattu. Ils ont souvent avec passion, mais toujours de manière pacifique et responsable, confronté leurs idées, leurs programmes et leurs ambitions.
Le scrutin en lui-même, entièrement financé par le budget de l’Etat, a été organisé et s’est déroulé de manière satisfaisante, de l’avis même des observateurs internationaux.
Je voudrais à cet égard, féliciter chaleureusement l’organe en charge des élections. Une fois encore, ELECAM a pu relever ce formidable défi, dans un contexte qui n’était pas toujours facile.
Je voudrais également saluer l’attachement de l’immense majorité du Peuple camerounais à la paix et au vivre-ensemble.
Cette paix a malheureusement été perturbée par des troubles survenus après le scrutin, en raison de l’attitude de certains politiciens irresponsables.
Dans diverses localités, des scènes de pillage et de vandalisme d’une violence inouïe ont été observées. Il en a résulté des incendies, des destructions de biens publics et privés, des attaques contre les forces de l’ordre et des pertes en vies humaines.
La situation a pu être maitrisée grâce au courage, à l’abnégation et au professionnalisme des Forces de défense et de sécurité, qu’il me plait de féliciter chaleureusement.
J’adresse mes sincères condoléances aux familles des victimes et mes souhaits de prompt rétablissement aux blessés.
J’en appelle au sens des responsabilités des uns et des autres. Je m’adresse à tous ceux qui s’emploient à attiser la haine et la violence dans notre pays, notamment à certains de nos compatriotes de la diaspora.
Le Cameroun n’a pas besoin d’une crise post-électorale dont les conséquences pourraient être dramatiques, comme cela s’est vu sous d’autres cieux.
- Mes chers compatriotes,
Il est de ma responsabilité de veiller à ce que l’ordre soit maintenu. Je puis vous l’assurer, l’ordre régnera. Le Cameroun continuera d’avancer.
Vive la République !
Vive le Cameroun !
Je vous remercie.
Yaoundé, le 06 novembre 2025
Par Tinno BANGMBANG





















































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