Alors que les violences continuent dans le pays, même si elles se sont atténuées, le président Cyril Ramaphosa s’est rendu ce vendredi 16 juillet dans la province du KwaZulu-Natal, l’une des plus touchées par ces émeutes. À Durban, il a dénoncé des troubles « provoqués, planifiés et coordonnés ».
À Durban, le chef de l’État s’est rendu dans les quartiers les plus touchés. Cette nuit encore des pillages et des incendies ont éclaté. Le marché Isipingo, l’un des plus grands marchés au sud de la ville, est parti en fumée. Des scènes similaires dans plusieurs quartiers de Durban, des magasins vandalisés, des supermarchés et hangars brûlés, des routes jonchées de détritus…
Sitôt arrivé dans le port, Cyril Ramaphosa a fait une déclaration dans laquelle il affirme que les troubles qui ont embrasé plusieurs régions du pays depuis une semaine « ont été provoqués, il y a des gens qui les ont planifiés et coordonnés », rapporte l’Agence France-Presse.
Avant d’ajouter : « Nous allons les poursuivre, nous en avons identifié un bon nombre, nous ne permettrons pas l’anarchie et le chaos ». La police suspecte 12 personnes d’être derrière le déchaînement de violences qui a fait plus de 121 morts depuis une semaine, dont 95 dans le KwaZulu-Natal. Une d’entre elles a été arrêtée, jeudi 15 juillet dans la journée, et 11 autres sont sous surveillance, a annoncé la police.
Dans la soirée, le président Ramaphosa s’est à nouveau exprimé, dans un discours à la nation retransmis à la télévision : « Ceux qui sont derrière ces actes ont cherché à provoquer une insurrection populaire au sein de notre peuple », a-t-il insisté, « sous couvert de grief politique, ils cherchent à saboter notre économie, à raviver les tensions raciales ». Admettant que le pays était « peu préparé à une opération orchestrée », le chef de l’État a assuré que « tout sera fait pour traduire ces personnes devant la justice ». Au total, plus de 2 500 ont été arrêtées à ce jour. « La menace contre notre pays et notre démocratie est toujours présente.
Les responsables de cette campagne de violence et de destruction n’ont pas tous été appréhendés ; leurs réseaux n’ont pas été démantelés. Mais nous savons qui ils sont. La police les a identifiés et est sur leur piste. Nous devons rester vigilants et résister à toute incitation à la violence. » Le chef de l’État a appelé la population à ne pas prendre la justice en main et à collaborer avec les forces de l’ordre.
Frustrations et misère
Ces troubles ont éclaté en fin de semaine dernière après l’arrestation de l’ancien président Jacob Zuma et sa condamnation à 15 mois de prison ferme pour outrage à la justice, principalement dans cette province dans un premier temps, avant de gagner d’autres régions. Les frustrations liées aux mesures restrictives anti-Covid-19 et la misère ont encore aggravé l’ampleur de ces violences. Pillages, incendies, plus de 160 centres commerciaux détruits : les dégâts matériels sont considérables et le gouvernement a annoncé jeudi le déploiement de 25 000 soldats dans le pays pour rétablir la sécurité.
Le président, qui fait face à l’une des plus graves crises depuis la fin de l’apartheid, s’est déclaré « très préoccupé par ce qui s’est passé » et a regretté des destructions qui « nous font revenir en arrière, en termes de reprise économique ».
« La violence et les destructions ont provoqué des dégâts colossaux à notre économie, alors que nous luttons déjà pour nous remettre de l’impact de l’épidémie de coronavirus. De nombreux commerces ont été détruits, ce qui va engendrer des pertes d’emplois supplémentaires, accentuer la pauvreté et provoquer la souffrance de millions de Sud-Africains. Les pillages de cette dernière semaine vont très certainement faire augmenter le taux d’infections au Covid.
Ces évènements ont également perturbé le programme de vaccination contre le Covid dans le Kwazulu-Natal et le Gauteng ; et ce alors que nous commencions tous juste à accélérer ce programme. Il est impératif aujourd’hui que nous soutenions les ménages et aidions les commerces à se reconstruire et restocker. Nous sommes en train d’organiser la distribution urgente de produits alimentaires aux familles. »
RSA (Avec AFP)
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