Christian Tumi, premier cardinal camerounais a rendu l’âme des suites de maladie dans une formation hospitalière, aux premières heures de ce samedi saint, le 3 avril 2021 à Douala.
La triste nouvelle qui a fuité sous forme de rumeur vers 2 heures du matin, a été officialisée ce samedi matin au cours d’une messe de Pâques à la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul par Monseigneur Samuel Kleda, l’Archevêque métropolitain de Douala.
Selon des sources crédibles proches à Regard Sur l’Afrique, le Cardinal Christian Tumi avait été admis il y a quelques semaines dans un état très critique à la polyclinique IDIMED à Douala où il a rendu l’âme.
Christian Wiyghan Tumi est né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki (Kumbo) au Cameroun. Après avoir été ordonné prêtre le 17 avril 1966 pour le diocèse de Buéa, il poursuit sa formation en sciences de l’éducation au Nigéria puis à Londres (Grande-Bretagne), en théologie à l’Institut catholique de Lyon (France) où il obtient une licence et en philosophie à l’Université de Fribourg (Suisse) où il obtient un doctorat.
De retour au Cameroun, il est nommé recteur du grand séminaire régional de Bambui dans l’archidiocèse de Bamenda. Nommé évêque de Yagoua au Cameroun le 6 décembre 1979, il est consacré le 6 janvier 1980 par le pape Jean-Paul II en personne. Le 19 novembre 1982, il devient archevêque coadjuteur de Garoua, diocèse dont il devient archevêque le 17 mars 1984. Enfin, il devient archevêque de Douala le 31 août 1991. Il préside la conférence épiscopale camerounaise entre 1985 et 1991. Il se retire de sa charge d’archevêque le 17 novembre 2009 à l’âge de 79 ans.
Il se sera battu, jusqu’à son dernier souffle, pour la résolution de la crise anglophone.
En 2016, ce patriarche originaire de Kikaikelaki, dans la banlieue de Kumbo, dans la région du Nord-Ouest a interrompu sa retraite paisible pour s’engager dans la résolution de la crise.
En 2018, il était revenu sur la scène nationale camerounaise invitant sans répit le gouvernement et les séparatistes anglophones à un dialogue inclusif pour une solution concertée au conflit dans le Nord-Ouest et le sud-ouest du pays. Il était pourtant discret depuis sa démission, en 2009, à l’âge de 79 ans, du siège épiscopal de Douala qu’il occupait depuis 1991.
En 2017, déjà, le cardinal Tumi s’était, dans un livre d’entretiens, dit opposé à la sécession. « C’est difficile d’admettre la sécession », avait-il déclaré, estimant que c’est le manque de dialogue qui nourrit la crise. « Il faut qu’on les écoute et qu’on cherche à savoir ce qu’ils veulent, avait-il soutenu en parlant des séparatistes. Il faut privilégier le dialogue. Quand on dialogue, on résout beaucoup de problèmes. Ce qui fait problème, c’est qu’on n’a pas créé un forum de dialogue. »
Au cours des dernières années de sa vie, le cardinal Christian Tumi s’était pleinement engagé dans la résolution du conflit dans les régions anglophones du Cameroun. Réputé pour sa liberté de ton et ses positions tranchées, le gouvernement et les groupes sécessionnistes voyaient cet engagement d’un mauvais œil. Il décède à l’âge de 91 ans.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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