Le président de la République du Cameroun est arrivé dans la ville de Maroua, région de l’Extrême-Nord, ce début d’après-midi. Le président de la République Paul Biya a été accueilli à Maroua par une foule enthousiaste pour ce qui a été sa première sortie publique dans le cadre de la campagne électorale. En compagnie de son épouse Mme Chantal Biya, le chef de l’Etat camerounais a entamé sa visite par les honneurs militaires à l’aéroport de Maroua Salak avant de serrer la main aux corps constitués de la région au pavillon d’honneur de l’aéroport. La suite de la visite va se dérouler au stade municipal lamido Yaya Dahirou.
Le dimanche 12 octobre 2025, les Camerounaises et les Camerounais sont appelés aux urnes pour une élection présidentielle. Après 43 années au pouvoir, Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat consécutif, sous la bannière du RDPC, le Rassemblement démocratique du Peuple Camerounais. Il dirige la première économie de l’Afrique centrale depuis 1982. Onze de ses adversaires ont vu leur candidature validée par le Conseil constitutionnel. Celle de l’opposant Maurice Kamto, déclaré deuxième à la dernière présidentielle de 2018, a en revanche été invalidée.
Paul Biya était très attendu. Annoncé depuis plusieurs jours dans l’Extrême-Nord, c’est finalement ce 7 octobre que le président du Cameroun a pris le chemin de la capitale régionale, Maroua, depuis Yaoundé, d’où l’avion présidentiel a décollé en milieu de journée. De retour d’un court séjour de repos en Suisse, le chef de l’État, candidat à la présidentielle du 12 octobre, a participé à son seul
« Le président-candidat Paul Biya est en pleine forme de ses moyens et il n’y a aucune raison qu’il ne tienne pas de meetings avant la présidentielle », affirme le ministre camerounais du Travail Grégoire Owona, qui est aussi le secrétaire-général adjoint du parti au pouvoir RDPC.
Ce scrutin à un tour se tient dans un contexte économique et social difficile. La pauvreté et l’insécurité alimentaires gagnent du terrain, selon les organisations humanitaires. Le Cameroun est aussi endeuillé dans ses deux régions à majorité anglophone, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, par une crise sécuritaire depuis 2017 et par les incursions de groupes armés issus de Boko Haram dans l’Extrême-nord depuis une décennie.
« Le sort des enfants et des femmes sera au cœur de mon prochain septennat. Je vous invite donc à m’accorder votre précieux soutien », a lancé le président Paul Biya aux électeurs camerounais ».
Dans la région de l’Extrême-Nord, le président Paul Biya a voulu joué sur la fibre sensible, soulignant sa proximité avec les populations. « Vous savez combien vous comptez pour moi », a ainsi déclaré le candidat du RDPC.
Le challenge est donc différent de celui des cinq précédentes visites du chef de l’État à Maroua en période de campagne en 1992, en 1997, en 2004, en 2011, et en 2018 où, en période de campagne électorale, Paul Biya est allé communier avec les populations de l’Extrême-Nord. En 2018, le chef de l’État avait déclaré lors du meeting qu’il est « venu dire toute l’estime qu’il porte à la région et son engagement à faire profiter à cette région les grandes opportunités qu’offre le pays le Cameroun. Le candidat avait alors présenté des opportunités agropastorales, énergétiques, infrastructurelles. Pour en bénéficier, il fallait relever le défi de vaincre l’insécurité lié au groupe terroriste Boko Haram.
Cependant, la région de l’Extrême-Nord continue d’enregistrer des incursions de Boko Haram avec des décès de personnes civiles et militaires. La région est, avec les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, classée zone économiquement sinistrée du fait de l’insécurité. De même, selon le rapport du Bureau de coordination des actions humanitaires des Nations Unies couvrant la période du 1er au 31 décembre 2024, la région de l’Extrême-Nord figure parmi les plus affectées par l’insécurité alimentaire avec 734 386 personnes en phase de crise d’urgence dans les départements du Logone et Chari, Mayo-Danay, Mayo-Tsanaga. Le même rapport indique que les inondations ont affecté plus de 459 000 personnes détruisant des dizaines de milliers d’habitations, d’hectares de cultures, et du bétail.
Qui sont les candidats à l’élection présidentielle au Cameroun?
Ils sont 12 candidats à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun. Parmi eux, le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat à l’âge de 92 ans. En attendant d’éventuels désistements, les 12 candidats sont présentés ici dans l’ordre d’apparition sur la liste officielle d’Elecam (Elections Cameroon), l’organe en charge de l’organisation du scrutin.
Caxton Ateki Seta Ce natif de Mbengwi, dans la région anglophone en crise du Nord-Ouest, porte les couleurs du PAL (Parti de l’Alliance libérale). À 39 ans, c’est sa première participation à une présidentielle, après une carrière dans différentes organisations de la société civile. Il est l’un des rares candidats à avoir fait campagne à Bamenda et Buea et dit craindre que les électeurs des deux régions anglophones ne puissent pas voter le 12 octobre en raison de l’insécurité. Il a pris part aux discussions avec d’autres candidats sur un programme consensuel et appelle à l’alternance après 43 années de présidence Biya. Le 27 septembre, il a annoncé son ralliement à Bello Bouba Maïgari.
Bello Bouba Maïgari, 78 ans, est l’un des deux ministres originaires de la région Nord à avoir quitté le gouvernement à quelques mois de l’échéance présidentielle. À la tête du parti Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), jusqu’alors allié du parti présidentiel RDPC, il a annoncé sa démission le samedi 28 juin, après avoir été ministre d’État en charge des Loisirs et du tourisme pendant 14 ans. Il avait participé à la présidentielle de 1992. À l’époque, déclaré officiellement troisième, il avait contesté la victoire de Paul Biya.
Paul Biya, en tant que président national de son parti Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), en est le candidat pour le scrutin d’octobre. Le président sortant du Cameroun brigue, ainsi, à l’âge de 92 ans, un huitième mandat consécutif après 43 années passées à la tête du pays.
Jacques Bougha-Hagbe, économiste ayant travaillé pendant plus de 20 ans au FMI. À 50 ans, c’est sa première participation à une présidentielle, sous la bannière du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC). Il appelle à en finir avec la génération « Ahidjo / Biya » – les deux seuls présidents du Cameroun depuis l’indépendance en 1960 – et participe aussi aux échanges avec d’autres candidats sur de futures potentielles réformes. Lui, plaide pour une refonte institutionnelle et un système moins présidentiel, moins centralisé, et sur le plan économique, pour la sortie du franc CFA et la promotion de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Issa Tchiroma Bakary est l’autre ministre, originaire de la région Nord, à avoir démissionné au mois de juin du gouvernement pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle sous les couleurs du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC). Il a été ces six dernières années ministre de l’Emploi. Auparavant, il fut ministre de la Communication pendant neuf ans. Il a été désigné « candidat consensuel » par quelques personnalités politiques, sans recevoir le soutien d’autres candidats en lice. À 79 ans, pour expliquer sa démission, il a notamment déclaré n’avoir plus accès au chef de l’État et que celui-ci ne gouvernait plus le Cameroun.
Samuel Iyodi Hiram. À 38 ans, ingénieur et chef d’entreprise, il est le plus jeune des participants à l’élection présidentielle. Investi par le Front des démocrates camerounais (FDC), il déclare porter un projet présidentiel fondé sur l’« afro-socio-libéralisme ». Comme plusieurs autres candidats, il plaide pour une coalition des forces d’opposition pour tourner la page des années Biya.
Pierre Kwemo a une longue carrière politique derrière lui. Natif de Bafang dans la région de l’Ouest, ancien vice-président du parti Social democratic front (SDF), cet ancien président de l’Assemblée nationale fut directeur de campagne en 2004 de Ni John Fru Ndi, opposant historique à Paul Biya décédé en 2023. À 69 ans, c’est sa première candidature à la présidentielle, il porte les couleurs de l’Union des mouvements socialistes (UMS). Lui qui participe depuis des années à la plateforme pour la refonte du code électoral, assure que l’UMS s’inscrit dans la logique d’une coalition pour l’alternance.
Cabral Libii Déclaré officiellement troisième (6.28 %) à la présidentielle précédente de 2018, Cabral Libii a 45 ans. Cet ancien leader étudiant et ancien journaliste porte les couleurs du Parti camerounais pour la réconciliation (PCRN) après une longue procédure en justice pour la présidence du parti. En 2017, Cabral Libii avait lancé le mouvement « 11 millions d’inscrits » pour encourager les Camerounaises et les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales. Comme plusieurs autres candidats opposés à Paul Biya, il appelle à une surveillance citoyenne massive des bureaux de vote le jour du scrutin.
Serge Espoir Matomba Entrepreneur et élu municipal à Douala, capitale économique du Cameroun. C’est sa deuxième participation à une présidentielle. En 2018, il avait obtenu moins de 1 % des suffrages officiellement. Cette année, à 46 ans, sous les couleurs du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS), il plaide pour la restauration totale de la souveraineté du Cameroun.
Akere Muna Fils de l’ancien Premier ministre Salomon Muna, natif du département de la Momo, dans la région anglophone du Nord-Ouest, Akere Muna fut bâtonnier des avocats du Cameroun et président de l’ONG Transparency International Cameroon. Candidat du parti Univers, il s’est investi dans le dossier Glencore pour dénoncer l’absence d’enquêtes et de poursuites au Cameroun après les aveux de multinationale minière qui a été condamnée pour des pots-de-vin versés à de hauts fonctionnaires camerounais et dans d’autres pays. Au mois d’août, sa requête en inéligibilité contre Paul Biya a été rejetée par le Conseil constitutionnel. Akere Muna y dénonçait « l’état de dépendance » dans lequel se trouve, selon lui, le chef de l’État de par son âge et son état de santé. Le 28 septembre, il a annoncé son ralliement à Bello Bouba Maïgari.
Joshua Osih Originaire de la région anglophone du Sud-Ouest, militant du Social Democratic Front (SDF) depuis trois décennies, Joshua Osih fut le vice-président de Ni John Fru Ndi avant de devenir président du parti en 2023. Député à l’Assemblée nationale camerounaise (depuis 2013), Joshua Osih a porté les couleurs du parti à la dernière présidentielle de 2018, à l’issue de laquelle, il fut déclaré quatrième avec 3,3 % des suffrages. Partisan d’un retour au fédéralisme (l’ancienne forme de l’État camerounais), il se distingue de la plupart des autres candidats en n’appelant pas à une coalition derrière un candidat unique de l’opposition.
Patricia Hermine Tomaïno Ndam Njoya Seule femme parmi les 12 candidats à la présidentielle, elle est à la tête de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), après le décès en 2020 de son mari, Adamou Ndam Njoya. Ancienne députée, elle est à maire de la commune de Foumban, où elle a réuni plusieurs acteurs politiques et candidats, signataires, le 2 août, de la « déclaration de Foumban », appelant au choix d’un candidat consensuel de l’opposition autour d’un programme commun.
Par Regard Sur l’Afrique avec Africa24monde
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