Les Ivoiriens étaient aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. Quelque 7,5 millions de votants sur 25 millions d’habitants doivent départager les quatre candidats en lice, Kouadio Konan Bertin, Alassane Ouattara, Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié.
Une élection boycottée par Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, l’élection présidentielle du 31 octobre a été marquée par de nombreux incidents. Au moins cinq personnes sont mortes.
Les deux visages de ce scrutin contestés se sont affichés dans les autres communes d’Abidjan. En scrutant les rues animées d’Abobo, les embouteillages en moins, Moses, cafetier, s’est cru « un jour de fête ». Dans ce fief du RHDP, dont le maire n’est autre que le Premier ministre, Hamed Bakayoko, les électeurs se sont déplacés nombreux.
Après une campagne émaillée de violences et boycottée par l’opposition, qui a toutefois maintenu ses candidats, le président ivoirien Alassane Ouattara brigue un troisième mandat controversé.
Des incidents ont eu lieu à différents endroits du pays notamment dans le quartier de Blockhauss à Abidjan et d’autres dans la Commune de Yopougon ainsi qu’à Bonoua (est), Gboguhé (centre-ouest), Bouadikro, Bongouanou, Brobo (près de Bouaké) et à Daoukro (centre-est), fief d’Henri Konan Bédié. La CEI (Commision Électorale Indpendante) juge ces incidents « insignifiants » à l’échelle des 22 000 bureaux de vote ouverts sur tout le territoire national.
Dès 6 heures du matin, plusieurs dizaines d’entre eux patientaient devant le portail de l’école Anador, plus important lieu de vote de la commune, la plus peuplée d’Abidjan avec 1,5 million d’habitants. Pour l’ambiance, quelques femmes, supportrices d’Alassane Ouattara qui donna ici son dernier meeting de campagne jeudi, entonnaient des chants en brandissant leurs cartes d’électeurs : « Allez voter, y a pas palabres ! »
« Globalement, la participation a été très faible à Abidjan. Sur l’ensemble du territoire, on oscille entre des zones où le taux a été vraiment bas et d’autres où les électeurs se sont mobilisés notamment dans le Nord », confie un membre d’une mission d’observation électorale indépendante.
Selon nos sources, des observateurs ont parfois constaté certaines incohérences sur les taux de participation affichés après le dépouillement. « Dans un bureau de vote d’une ville proche d’Abidjan, il y avait 300 bulletins dans l’urne, alors que seulement 30 personnes avaient émargé. Ce n’est pas un cas isolé », affirme une source diplomatique.
Seulement voilà, la troisième candidature d’Alassane Ouattara

Kouadio Konan Bertin, l’un des rares déployés sur le territoire, conscient de faire autant figuration que le candidat qu’il représente. « On fait ce qu’on peut », glisse-t-il.
« Depuis dix jours, la contestation s’est renforcée dans les zones rurales, notamment en pays baoulé. Le nombre de routes barrées a été multiplié par deux ou trois. Les deux ou trois prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir du pays », estime une source sécuritaire.
Samedi 31 octobre 2020, jour le plus long s’est donc achevé.
Le ciel n’est pas tombé sur la tête des Ivoiriens, mais le pays n’est pas plus avancé, empêtré dans ses querelles de leadership, victime de l’intransigeance de ses hommes politiques, alors que pointe le spectre du repli communautaire. Recroquevillés sur leurs positons, les camps se répondent sans jamais s’écouter. Le bras de fer se prolonge. Difficile de dire qui en sortira vainqueur. Pas forcément les Ivoiriens.
Lors d’un point presse, le porte-parole de l’opposition Pascal Affi N’Guessan a affirmé que « ce coup d’Etat électoral à été un échec. Le peuple ivoirien à réussi à faire échec à cette élection », a-t-il déclaré évoquant « une douzaine de morts » dans les incidents à travers le pays, ce qui n’a pas pu être confirmé de sources indépendantes.
Un scrutin émaillé d’incidents
Les Ivoiriens ont voté samedi à une élection présidentielle marquée par de multiples incidents, surtout dans les fiefs de l’opposition, malgré l’appel au calme du chef de l’État Alassane Ouattara, en quête d’un troisième mandat controversé.
L’opposition a d’ores et déjà qualifié d’échec ce scrutin, dénonçant la décision de M. Ouattara de se représenter après deux mandats. L’ancien chef rebelle et premier ministre Guillaume Soro, en exil en Europe, a affirmé ne plus reconnaître le président Alassane Ouattara et appelé à oeuvrer à son départ.
Les quelque 7,5 millions d’électeurs sur 25 millions d’habitants avaient le choix entre quatre candidats : M. Ouattara, 78 ans, l’ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, chef du principal parti d’opposition, Pascal Affi N’Guessan, 67 ans, ancien premier ministre de Laurent Gbagbo et l’outsider Kouadio Konan Bertin, 51 ans, indépendant.

Le président, qui vise une victoire dès le premier tour, s’est montré confiant, parlant d’une dizaine d’incidents et affirmant que les Ivoiriens étaient sortis nombreux pour voter.
Ses opposants, MM. Bédié et Affi N’Guessan, avaient appelé au boycottage du scrutin, même s’ils n’ont pas formellement retiré leurs candidatures, et à la désobéissance civile.
L’élection en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, fait craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques djihadistes incessantes au Sahel, par un putsch au Mali et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.
Des milliers d’Ivoiriens ont quitté les grandes villes pour rentrer dans leurs villages. Beaucoup craignent une crise majeure, dix ans après celle qui avait suivi la présidentielle de 2010, faisant 3000 morts, à la suite du refus de Gbagbo, qui était au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à M. Ouattara.
Laurent Gbagbo, acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), était sorti jeudi depuis la Belgique d’un silence médiatique de neuf ans pour appeler au dialogue, sous peine de catastrophe.
Pour Sylvain N’Guessan de l’Institut de stratégie d’Abidjan, Ouattara va être réélu, mais il a perdu son aura, il est devenu un président africain comme les autres, qui s’accroche au pouvoir.
Tinno BANG MBANG
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