L’ampleur de la pandémie Coronavirus ces derniers jours inquiète l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Très préoccupé par le cas de l’Afrique, le Directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a lancé un avertissement aux pays africains, à l’occasion d’une conférence de presse ce mercredi 18 mars 2020.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé le continent africain à « se réveiller » et à « se préparer au pire » face à la propagation de la pandémie mercredi 18 mars, alors que le nouveau coronavirus a fait un mort au Burkina Faso, le premier en Afrique subsaharienne.
L’Afrique reste encore peu touchée par le Covid-19, même si le nombre de cas augmente rapidement. « Le meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui », a déclaré le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors que les pays africains réagissent en ordre dispersé.
« l’Afrique devrait se réveiller, mon continent devrait se réveiller », a insisté Tédros Adhanom Ghebreyesus, selon les propos rapportés RFI.
Le nombre total de cas de contamination au coronavirus s’élevait mercredi à plus de 600 dans toute l’Afrique, dont 16 décès (6 en Egypte, 6 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et désormais 1 au Burkina), selon le dernier bilan de l’AFP établi mercredi à 18 h 30 GMT.
Les pays d’Afrique du Nord sont les plus touchés et l’Egypte est celui qui recense le plus de cas (près de 200). En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud (56 millions d’habitants), principale puissance économique avec le Nigeria, compte le plus grand nombre de cas (près de 120).
Trente pays africains touchés

Dans les transports en commun de ce pays – comme dans de nombreux autres d’Afrique –, bus, minibus et taxis collectifs, il s’avère impossible de respecter les consignes de sécurité (distance d’un mètre entre les personnes). « Je suis terrifiée », confie Yolanda Masiso, une jeune courtière en assurances sud-africaine, qui rallie tous les matins en bus Johannesburg depuis son township de Soweto. « On a peur, mais on ne sait pas quoi faire », déplore un chauffeur sud-africain, Bongane Nene.
Dans le port du Cap (sud-ouest), plus de 1 700 personnes sont bloquées depuis dimanche sur un bateau de croisière. Les six passagers suspectés d’être porteurs du virus ont finalement été testés négatifs et tous les passagers devraient pouvoir débarquer rapidement. Aucun bateau de croisière ne pourra plus accoster dans les ports du pays jusqu’à nouvel ordre. Le virus « se répand, donc il est nécessaire de serrer les rangs », a réagi mercredi le président sud-africain Cyril Ramaphosa, après une réunion avec les dirigeants des principaux partis d’opposition.
Le premier cas en Afrique est apparu en février en Egypte et trente pays africains sur cinquante-quatre sont touchés pour l’instant par le Covid-19. Si le continent est moins touché que la Chine, l’Europe ou les Etats-Unis, l’augmentation rapide du nombre de cas pousse de plus en plus de pays à prendre des mesures drastiques. Pays le plus peuplé d’Afrique avec 200 millions d’habitants, le Nigeria a suspendu mercredi l’entrée sur son territoire aux voyageurs arrivant de treize pays à risque dont les Etats-Unis, la Chine et plusieurs pays européens.
Le secteur du transport aérien fait l’objet d’importantes restrictions sur tout le continent, pour tenter de limiter les contaminations importées. Une quinzaine de pays africains ont décidé la fermeture de l’ensemble de leur système éducatif.
Activité normale à Ouagadougou
Au Burkina Faso, une patiente de 62 ans, diabétique, en réanimation, est décédée dans la nuit de mardi à mercredi, a annoncé le professeur Martial Ouédraogo, coordinateur de la réponse à l’épidémie de Covid-19. Il s’agit d’une députée, deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale, Rose-Marie Compaoré, a précisé par la suite son parti, l’Union pour le progrès et le changement (UPC opposition). Peuplé de 20 millions d’habitants, ce pays sahélien comptait, vers 21 heures GMT, 27 cas de malades de Covid-19, liée au coronavirus.
Embouteillages habituels dans les rues et activité normale : à Ouagadougou, la population est restée calme malgré l’annonce de ce premier décès. Et contrairement à la Côte d’Ivoire voisine, les magasins alimentaires n’ont pas été pris d’assaut, a constaté un correspondant de l’AFP. « C’est inquiétant ce qui se passe avec ce virus, mais on ne peut pas se barricader comme les pays développés. On manque de tout ici. On vit au jour le jour », a témoigné un vendeur de mobylettes, Boureima Baguian. « On ne peut pas, par exemple, fermer le grand marché. Si jamais ça arrive, ce n’est pas le coronavirus qui va nous tuer, mais c’est la misère et la faim », a-t-il expliqué.
La télévision nationale burkinabée diffuse régulièrement, dans les différentes langues du pays, des messages de prévention. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se plaignaient des mesures décidées samedi par les autorités : fermeture des établissements scolaires et suspension des manifestations et des rassemblements publics et privés.
Les autorités religieuses musulmanes ou chrétiennes de plusieurs pays (Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire) ont annoncé la suspension des cultes. Les compétitions sportives et les manifestations culturelles sont également visées par des mesures de restriction, d’interdiction ou de report. Le Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN 2020), prévu en avril au Cameroun, est ainsi reporté sine die.
A l’échelle mondiale, le nouveau coronavirus a fait près de 8 800 morts et infecté près de 210 000 personnes depuis son apparition en décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mercredi soir.
Coronavirus : pourquoi l’Afrique doit se préparer au pire
« L’Afrique devrait se réveiller, mon continent devrait se réveiller », a lancé le directeur général de l’OMS face à la progression du coronavirus.

L’Afrique en fait-elle vraiment assez pour endiguer la crise du coronavirus ? Faut-il craindre une aggravation de la situation alors que plus de trente pays sur cinquante-six ont déclaré des cas confirmés ? Visiblement, il semble que le continent africain doive encore accélérer s’il ne veut pas voir le pire se produire. Et ce sont les autorités sanitaires mondiales qui le disent. Dans un message très alarmiste, le patron de l’Organisation mondiale de la santé, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé mercredi 18 mars l’Afrique à « se réveiller » face à la menace du nouveau coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au « pire » alors que le coronavirus commence à se propager localement.
Un appel à se mobiliser
C’est le 11 mars dernier que l’OMS a qualifié l’épidémie du Covid-19 de « pandémie », poussant de nombreux pays à prendre des mesures exceptionnelles. « Tous les jours, l’OMS parle à des ministres de la Santé, à des chefs d’État, au personnel soignant, à des dirigeants hospitaliers et industriels […] afin de les aider à se préparer et à établir des priorités, en fonction de leur situation spécifique », a insisté le diplomate éthiopien lors d’une conférence de presse virtuelle. Il a expliqué que l’OMS recommandait toujours de dépister tous les cas suspects et de les isoler, soulignant que les mesures de « distanciation » sociale à elles seules, comme celles récemment prises par de nombreux pays européens, ne suffisent pas. « Les mesures d’éloignement physique – comme l’annulation de manifestations sportives, de concerts et d’autres grands rassemblements – peuvent contribuer à ralentir la transmission du virus, réduire la charge qui pèse sur le système de santé et contribuer à rendre les épidémies gérables […] mais pour contrôler et mettre fin aux épidémies, les pays doivent tester, isoler et suivre les contacts », a-t-il détaillé. « S’ils ne le font pas, les chaînes de transmission vont continuer » à exister et « resurgir une fois que les mesures d’éloignement physique seront levées », a-t-il averti.
Des gouvernements qui ne restent pas les bras croisés
Alors quid de l’Afrique ? Il faut souligner que la plupart des pays ont pris des mesures énergiques pour limiter les déplacements des habitants des pays touchés vers le continent africain. Et ce sans attendre un nombre élevé de cas. Ainsi une quinzaine de pays africains ont décidé la fermeture de l’ensemble de leur système éducatif. L’Ouganda, qui n’a aucun cas, a interdit les voyages dans les pays les plus touchés. Il a également suspendu les rassemblements religieux et restreint le nombre de personnes lors des mariages à dix personnes dans un pays connu pour les cérémonies de masse. Par ailleurs, les compétitions sportives, les manifestations culturelles et les rassemblements religieux sont également visés par des mesures de restriction, d’interdiction ou de report. Les autorités ont aussi mis en place un système de contrôle et de suivi de ceux venant de l’extérieur – et parfois même dès le mois de février, pour le Rwanda ou le Kenya, par exemple. C’est à se demander pourquoi l’OMS tire quand même la sonnette d’alarme.
Faire avec des réalités différentes
Pour comprendre, il faut plonger dans les chiffres qu’a donnés le patron de l’OMS : à ce jour, 600 cas de nouveau coronavirus ont été enregistrés dans toute l’Afrique, dont 16 décès (6 en Égypte, 6 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et désormais 1 au Burkina). Ce qui en fait la région la moins touchée par la pandémie mondiale qui a infecté plus de 200 000 personnes et tué plus de 8 000. Mais, voilà, selon lui les chiffres officiels ne reflètent probablement pas la réalité. « Nous avons probablement des cas non détectés ou des cas non signalés », a-t-il déclaré. Et même s’il n’y avait vraiment pas plus de 600 cas de malades dans toute l’Afrique, il a averti que ce nombre pourrait augmenter rapidement. En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud (56 millions d’habitants), principale puissance économique avec le Nigeria, compte le plus grand nombre de cas (près de 120).
Dans les transports en commun, bus, minibus et taxis collectifs, il s’avère impossible de respecter les consignes de sécurité (distance d’un mètre entre les personnes). Le ministre sud-africain de la Santé, Zweli Mkhize, a qualifié la situation d’« explosive », car quatorze des derniers cas étaient de transmission locale – et six concernaient des enfants de moins de 10 ans. En effet, la surpopulation des bidonvilles pourrait conduire à une transmission encore plus rapide, selon les experts. « Nous avons des travailleurs à faible revenu qui ne peuvent pas s’auto-isoler ou s’absenter du travail », a déclaré le Dr Atiya Mosam, expert en santé publique, qui s’inquiétait également de la grande population sans eau potable ni assainissement ou vulnérable à d’autres maladies.
Le continent compte plusieurs des villes à forte croissance. « Dans d’autres pays, nous avons vu comment le virus accélère réellement après un certain point de basculement, donc le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer aujourd’hui », a-t-il déclaré. Réponses de nombreux experts africains : en matière de financement des actions de riposte, on sait que les pays africains ont peu de moyens. Selon eux, il faut une plus grande volonté politique pour que les efforts nécessaires puissent être pris en charge très rapidement dans les budgets nationaux.
Par RSA / Le Monde avec AFP
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