Le Nigeria et le Maroc sont toujours à la recherche de fonds pour financer un mégaprojet de gazoduc visant à acheminer le gaz nigérian à l’Afrique du Nord et à l’Europe, a déclaré le ministre nigérian du pétrole lundi 2 mai.
Il y a quatre ans, le roi du Maroc Mohammed VI et le président nigérian Muhammadu Buhari sont tombés d’accord sur un mégaprojet de transport de gaz le long de la côte atlantique, sur plus de 3 000 km. Un accord entre les deux pays a été signé pour la première fois en 2016.
Le mégaprojet de gazoduc Nigéria-Maroc est d’une grande importance sur les plans géostratégique, politique et économique, pour les pays de la région, sachant qu’il jouit d’un grand soutien de la part de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
«Cette ambitieux projet qui va traverser et alimenter en gaz naturel treize pays de l’Afrique de l’Ouest avant d’atteindre l’Europe, est d’une grande importance géostratégique politique et économique pour la CEDEAO » et le continent européen.
Le projet de Gazoduc Nigéria-Maroc a le soutien des quinze pays de la CEDEAO
La CEDEAO est, pour rappel, un regroupement politique et économique régional qui réuni le Nigéria, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
«Le projet de gazoduc entre le Nigéria et le Maroc reflète parfaitement la coopération Sud-Sud. Il offre un tracé sécurisé pour transporter le gaz naturel jusqu’en Europe», de ce pipeline, long de plus de 5.000 km, qui longera le littoral atlantique africain.
«Le Maroc, grâce à son positionnement géographique et sa stabilité, peut jouer son rôle de pont entre l’Afrique et l’Europe»
Le lundi 2 mai, le ministre du Pétrole du Nigéria, Timipre Sylva, avait déclaré que son pays et le Maroc sont «à la recherche de fonds pour financer ce mégaprojet».
Le ministre nigérian du pétrole, Timipre Sylva, a déclaré que le pipeline serait une extension d’un gazoduc acheminant le gaz du sud du Nigeria au Bénin, au Ghana et au Togo depuis 2010. « Nous voulons continuer ce même pipeline jusqu’au Maroc le long de la côte. Aujourd’hui, le projet est toujours à l’étude, a affirmé lundi M. Sylva. Nous en sommes à la sécurisation du financement et beaucoup de personnes manifestent leur intérêt. »
« Les Russes étaient dans mon bureau la semaine dernière, ils sont très désireux d’investir dans ce projet », a encore indiqué le ministre.
Pour l’heure, M. Sylva a précisé qu’aucun accord sur le financement n’a été trouvé. « Il y a beaucoup d’intérêt à l’international mais nous n’avons pas encore identifié les investisseurs avec lesquels nous voulons travailler. »
L’acheminement du gaz nigérian à l’Afrique du Nord alimente depuis longtemps de nombreux intérêts, l’Algérie ayant notamment mené des discussions en 2002 pour un projet similaire de pipeline traversant la région du Sahel.
Dans ce dossier du méga projet de gazoduc visant à acheminer le gaz nigérian à l’Afrique du Nord et à l’Europe, le Maroc a réussi une offensive diplomatique pour convaincre le Nigeria qu’il est le partenaire le plus fiable. Au détriment des projets avec l’Algérie du Nigéria qui dispose d’énormes réserves en gaz, les premières en Afrique et les septièmes au niveau mondial.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les réserves en gaz de l’Afrique attirent de plus en plus les regards, l’Union européenne cherchant notamment des alternatives à son approvisionnement en gaz par la Russie.
Inquiétudes du côté algérien
Les déclarations de ce haut responsable Nigerian ont de quoi inquiéter très sérieusement l’Algérie car elles signifient que le Maroc est en train de bâtir une solide alliance avec le Nigeria pour réaliser un méga-projet stratégique pour l’avenir du gaz naturel dans le monde. Et cette alliance risque fortement d’être concrétisée au détriment des intérêts de l’Algérie qui mène des discussions depuis 2002 pour un projet similaire de pipeline traversant la région du Sahel afin de le réexporter ensuite vers l’Europe en utilisant les infrastructures existantes permettant l’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne ou l’Italie.
Ces dernières déclarations du gouvernement nigérian démontrent que le projet « marocain » avance à grand pas. En revanche le projet de gazoduc de 4000 km, appelé le gazoduc transsaharien (TSGP), s’étendant du Nigéria jusqu’en Algérie en passant par le Niger, est au point mort.Lors d’une visite récente au Niger, le 17 février 2022, le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, avait rencontré ses homologues nigérien et nigérian. En novembre 2021, l’ambassadeur du Nigeria à Alger, Mohammed Mabdul, avait même estimé que le Nigeria pourrait fournir 30 milliards de mètres cubes de gaz par an à travers cette installation.
Par Tinno BANG MBANG
Discussion à propos du post