Le gouvernement de le Transition tchadienne a annoncé avoir rappelé son Ambassadeur accrédité au Cameroun. C’est ce qu’a indiqué un communiqué lu jeudi soir.
Que s’est-il passé entre les deux pays ?
Le chef de l’État tchadien nationalise les champs pétrolifères qu’un acteur basé au Royaume-Uni croyait avoir acquis auprès d’ExxonMobil.
Savannah Energy, cotée à Londres, affrontera le gouvernement tchadien devant un tribunal arbitral après que les autorités de N’Djamena ont nationalisé hier un actif pétrolier que la société a déclaré avoir acquis d’ExxonMobil et qu’elle exploite déjà.
Savannah Energy à l’origine de la crise
Et c’est la signature d’un accord d’achat entre le Cameroun et cette même société, Savannah Energy, qui est à l’origine du problème entre N’Djamena et Yaoundé.
« Pour gérer le pipeline, il y a deux sociétés qui ont été créées. Totco (Tchad oil transportation company) côté tchadien et Cotco (Cameroon oil transportation company) côté camerounais. Le Pipe Line Tchad Cameroun est la propriété de trois entités : Exxon Mobile, l’Etat du Tchad, et l’Etat du Cameroun.
Le Tchad a des actifs au sein de ces deux compagnies.
Le brut tchadien provenant de l’exploitation des champs pétroliers de Doba est en effet transporté par oléoduc à travers le Cameroun, jusqu’au port de Kribi, avant d’être exporté sur les marchés internationaux.
Fin 2021, Savannah, axée sur l’Afrique, a accepté d’acheter des participations détenues par la compagnie pétrolière d’État malaisienne, Petronas, et la supermajor américaine dans les champs pétrolifères du bassin de Doba au Tchad et dans l’oléoduc d’exportation de pétrole Tchad-Cameroun pour un total de 626 millions de dollars.
Cependant, en l’espace de quelques jours en décembre 2022, l’accord a commencé à s’effondrer.
Le 9 décembre, Savannah a annoncé que la transaction était terminée, une déclaration que le gouvernement a contestée et qui a conduit à l’échec de la partie Petronas de l’accord le 13 décembre.
Depuis lors, Savannah est en conflit avec N’Djamena sur la partie ExxonMobil de 407 millions de dollars de la transaction.
Aujourd’hui, Savannah a publié une déclaration indiquant que le président tchadien Mahamat Deby a publié un décret le 23 mars qui nationalise les actifs de production en amont détenus par Savannah Chad Inc (SCI), anciennement connu sous le nom d’Esso Exploration & Production Chad Inc.
Savannah a déclaré: « Les actions de la République du Tchad sont en violation directe des conventions auxquelles SCI et la République du Tchad sont, entre autres, parties », ajoutant qu’elle « poursuivra tous ses droits légaux » en prenant l’affaire devant le tribunal arbitral de la Chambre de Commerce Internationale à Paris.
La société a noté que sous la direction de SCI, la baisse de production historique observée dans les champs pétrolifères a été immédiatement inversée lorsqu’elle a repris les opérations, avec une production quotidienne moyenne de 29 349 barils par jour depuis le 9 décembre de l’année dernière, soit une augmentation d’environ 9 %, avec des plans en main. pour augmenter encore la production.
Pour bien comprendre cette affaire, il faut d’abord savoir que le Tchad, producteur et exportateur de pétrole, en est devenu très dépendant, avec des bénéfices tirés des hydrocarbures qui représentaient près de 11 % de son PIB en 2020, selon la Banque mondiale.
Yaoundé prend acte de la décision
Outre l’Etat camerounais, N’Djamena accuse les représentants de Yaoundé de « mettre à mal, dans ces dossiers et au sein de la CEMAC, les relations entre les deux pays ». Pour leur part, les autorités camerounaises se sont limitées à prendre acte de cette décision des autorités tchadiennes.
Regard Sur l’Afrique
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