La Conférence de Munich sur la sécurité est l’événement annuel d’analyse de la situation internationale et le cadre traditionnellement choisi pour lancer des messages pertinents et tenir des réunions sans le protocole officiel rigide. Les réflexions des dirigeants politiques nous permettent de lire entre les lignes et dans les coulisses, ce qui est toujours le plus important, même s’il faut du temps pour en connaître le contenu et la portée véritables, la dure réalité.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a insisté sur quelque chose d’évident et qui devrait nous situer dans ce qui est vraiment important en ce moment, à savoir la sécurité mondiale. Stoltenberg est dans la dernière ligne droite de son long et fructueux mandat à la tête des alliés, toujours commandés par le grand frère américain, malgré la « grandeur » française du feu follet, et il rend le service dont l’organisation atlantique a besoin en soulignant que le conflit en Ukraine ne concerne pas seulement la sécurité européenne, mais la sécurité mondiale et inclut la Chine comme une menace en soulignant qu’une autre guerre pourrait commencer dans le Pacifique et que sa dimension aurait des conséquences imprévisibles et pas du tout agréables.
Conférence de Munich : à quoi sert cette instance de débat sur la sécurité ?
Des représentants de 150 pays se rassemblent en Allemagne du 17 au 19 février pour la 59e édition de la conférence de Munich, un forum de débat sur la politique internationale de sécurité. Cette instance a été fondée en 1963 par un ancien officier allemand, qui avait participé au complot contre Hitler.
Les dirigeants de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et ses ministres des affaires étrangères se sont réunis à Munich avec ceux des États-Unis et de la Chine. Nous pouvons souligner certaines des conclusions des dernières heures de la conférence. La réunion informelle des diplomates américains et chinois a permis de maintenir le dialogue ouvert, mais les déclarations publiques sont plutôt hostiles et offrent peu d’espoir de réduire l’escalade de la tension provoquée par la destruction des ballons espions ou météorologiques qui ont survolé le ciel américain, ce qui n’est qu’une mise en scène des graves divergences entre Pékin et Washington. Inquiétant que le ministre chinois ait appelé les Européens à la réflexion car il y a des forces intéressées à la poursuite de la guerre en Ukraine et que la Secrétaire d’Etat ait accusé la Chine de fournir des armes à Poutine, après que la vice-présidente ressuscitée Kamala Harris ait accusé Moscou de crimes contre l’humanité lors de son invasion du Donbas ukrainien.
Dans une telle atmosphère guerrière, les alliés européens montrent qu’ils ne sont pas préparés à une confrontation à moyen ou long terme. Les appels de leurs dirigeants à accroître les investissements dans la défense, à coopérer dans la production de munitions, à accélérer la livraison d’armes lourdes à l’Ukraine et à contourner les désaccords sur le soutien total au gouvernement ukrainien témoignent de la dangereuse faiblesse politique et stratégique de l’Europe face aux défis de Poutine, qui touchent également la dépendance énergétique, industrielle et alimentaire des Européens qui n’ont pas encore pris pleinement conscience de la gravité de la situation.
La Chine envisage d’envoyer des armes à la Russie, selon Antony Blinken
– Pékin envisage de fournir des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, a averti dimanche le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, à l’issue d’une rencontre avec son homologue chinois Wang Yi.
– Le ton monte entre Paris et Moscou ce week-end. Le président français Emmanuel Macron a tout d’abord souhaité que la Russie perde la guerre qui l’oppose à l’Ukraine en souhaitant toutefois qu’elle ne soit pas « écrasée ». Moscou a réagi en évoquant la défaite de Napoléon lors de la campagne de Russie et en disant que la parole d’Emmanuel Macron n’avait « guère de valeur ».
– Lors d’une intervention à la Conférence sur la sécurité de Munich, la vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris a estimé que la Russie avait commis des « crimes contre l’humanité » dans sa guerre en Ukraine. Elle a appelé à ce que « justice » soit faite.
– Toujours à Munich, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé à « redoubler d’effort » dans le soutien militaire à l’Ukraine pour l’aider à repousser l’invasion russe. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a lui jugé qu’il n’y a « aucune indication montrant » que Vladimir Poutine « a changé ses ambitions ».
« Nous avons examiné les preuves, nous connaissons les normes légales et il ne fait aucun doute qu’il s’agit de crimes contre l’humanité », a déclaré Kamala après avoir cité le cas d’exécutions sommaires, de torture et de viols par les forces russes en Ukraine, ainsi que « le transfert de force de centaines de milliers de civils ukrainiens » en Russie.
« Et je dis à tous ceux qui ont perpétré ces crimes et à leurs supérieurs ou complices dans ces crimes: vous en rendrez compte », a ajouté la vice-présidente américaine.
C’est la première fois que les Etats-Unis désignent formellement la Russie comme ayant commis des crimes de guerre et contre l’humanité en Ukraine depuis l’invasion russe de ce pays le 24 février 2022.
Par Tinno BANG MBANG
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