La Pologne et la Bulgarie privées de gaz russe. Ils n’ont pas voulu payer leur gaz en roubles. Vladimir Poutine met ainsi la pression sur l’Europe, dépendante des hydrocarbures russes, mais qui lui impose des sanctions économiques en raison de la guerre en Ukraine.
L’escalade se poursuit. Gazprom, le fournisseur de gaz russe de la Pologne et de la Bulgarie a fermé mercredi 27 avril le robinet. Moscou reproche à ces deux pays leur soutien à l’Ukraine et le refus de payer leurs achats en roubles. Le prochain pays visé pourrait être l’Allemagne. De source proche de la Commission européenne, on relativise cependant cette menace. Les stocks actuels sont suffisants pour faire face à court terme. Et la dépendance de l’Europe au gaz russe, 45 % des importations actuelles, devrait être réduite des deux-tiers avant la fin de l’année et de 100 % à compter de 2027.
La riposte de l’Europe
Une riposte déclinée dans le cadre du programme REpowerEU qui passe par une diversification des approvisionnements. D’ici à la fin de l’année 2022, tous les États membres devraient avoir accès à au moins trois sources de gaz, y compris avec un accès direct ou indirect au marché mondial du GNL (gaz naturel liquéfié).
Bruxelles compte aussi sur l’augmentation de la production de biométhane et l’accélération du développement de l’hydrogène. Enfin, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen pourrait atteindre entre 38 % et 40 % d’ici à 2030.
Chaque pays membre aura également l’obligation d’économiser entre 0,8 % et 1,5 % d’énergie. Dans ce cadre la France bénéficie par exemple d’un financement européen de 5,8 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments.
Cette fermeture du robinet du gaz pour la Pologne et la Bulgarie est un coup de semonce.? La crise actuelle va contribuer à accélérer la transition énergétique »?, estime Patrice Geoffron professeur d’économie à l’université de Paris Dauphine et directeur du centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières.
Mais aucun pays ne peut faire face seul à ces défis. Depuis le traité de Lisbonne adopté en 2009, un pacte de solidarité sur les questions énergétiques soude déjà les États membres en cas de nécessité. Pour le rendre possible, dès 2013, un programme de financement des interconnexions soutenu à hauteur de 9 milliards d’euros a été mis en place. 114 gazoducs et 20 terminaux ont pu être financés ou agrandis et modernisés.
Des « chocs de prix » à prévoir
Il n’y aura pas de pénurie de gaz en Pologne?, assure Anna Moskwa, ministre du Climat. Le gouvernement polonais a su constituer des stocks depuis plusieurs mois. Le terminal de Swinoujscie sur les bords de la mer Baltique a été modernisé et agrandi donnant ainsi accès au marché mondial de GNL. Et début 2023, du gaz norvégien via le gazoduc sous-marin Baltic Pipe arrivera en Pologne.
La Bulgarie de son côté envisage d’importer du gaz d’Azerbaïdjan via la Grèce. Le gazoduc passant par cette voie devrait être lancé à l’automne. Des quantités supplémentaires de GNL sont attendues du terminal d’Alexandroupolis, dans lequel la Bulgarie détient une participation.
Toutes ces mesures n’empêcheront pas des turbulences et des chocs de prix, sur les marchés de l’énergie avec des répercussions sur les économies de la zone euro prévient cependant Patrice Geoffron.
Regard Sur l’Afrique et Ouest-France Par Patrice MOYON.
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