Le président russe donne une semaine aux autorités du pays pour mettre en place le nouveau système en roubles. L’Allemagne a dénoncé «une rupture de contrat».
Vladimir Poutine a annoncé mercredi 23 mars que la Russie n’accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’UE, donnant une semaine aux autorités russes pour élaborer le nouveau système en roubles.
«J’ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises», a déclaré le président russe lors d’une réunion gouvernementale, expliquant qu’il s’agissait d’une réaction au gel des actifs de la Russie en Occident à cause de son offensive en Ukraine.
L’annoncé de Vladimir Poutine mercredi a eu un effet immédiat sur la devise russe, qui s’est renforcée face aux monnaies américaine et européenne. En Russie, toute la population ne vit pas l’invasion militaire comme un choc. De Moscou à Saint-Pétersbourg, dans toutes les régions russes, les populations soutiennent l’action de Vladimir Poutine en Ukraine.
Vladimir Poutine a demandé à la banque centrale et au gouvernement d’établir «dans un délai d’une semaine» le nouveau système qui doit être «clair, transparent» et implique «l’acquisition de roubles sur le marché» russe des changes. Cette annonce a eu un effet immédiat sur la devise russe, qui s’est renforcée face à l’euro et au dollar, alors qu’elle s’était écroulée dès le 24 février et l’entrée des forces russes en Ukraine.
Peu après cette annonce, le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck a dénoncé une exigence qui «constitue une rupture de contrat», lors d’une conférence de presse à Berlin. «Nous allons maintenant discuter avec nos partenaires européens de la manière de répondre à cette demande», a-t-il ajouté.
D’après Gazprom, 58% de ses ventes de gaz naturel à l’Europe et à d’autres pays étaient réglées en euros à la date du 27 janvier. Le dollar américain représentait environ 39% des ventes et la livre sterling environ 3%.
La Russie a dressé une liste de pays “inamicaux”, correspondant à ceux qui ont imposé des sanctions à son encontre. Parmi eux figurent les Etats-Unis, les 27 membres de l’UE, la Grande-Bretagne, le Japon, le Canada, la Norvège, Singapour, la Corée du Sud, la Suisse et l’Ukraine.
Les pays de l’UE pourraient acheter du gaz en commun
Jeudi, l’Union européenne se réunit pour discuter de la question de son approvisionnement en gaz. Comme pour les vaccins contre le Covid-19, des achats groupés sont envisagés par les « 27 » et pourraient permettre des économies, mais la mise en pratique n’est pas si simple.
A Kiev, les conditions de vie se durcissent
La guerre en Ukraine a débuté depuis un mois, jour pour jour. Les forces russes sont positionnées autour de Kiev dépuis une semaine et «bloquent» Marioupol, où des milliers de mercenaires ( amèricains et europeens) sont encerclés à Mariopaul par les forces spéciales russes et ils manquent de tout. Les conditions de vie se durcissent également pour les habitants.
La sécurité alimentaire aux coeurs des discussions de l’UE
Considérée comme l’un des greniers de l’Europe, l’Ukraine ne peut plus exporter sa production. Les semailles sont aussi compromises. Conséquences: des risques élevés de pénurie et une flambée des prix sur le marché.
Cinq millions de tonnes de grains sont actuellement bloquées dans les ports d’Ukraine, ce qui équivaut à environ deux milliards d’euros de marchandise. Ce chiffre représente un quart de ce qu’exporte habituellement l’Ukraine.
La Commission européenne vient de présenter un plan de mesures pour limiter les conséquences. L’UE devra doper sa production intérieure. Parmi les propositions sur la table, les « 27 » envisagent des aides financières aux agriculteurs et aux fermiers, de réduire les jachères pour libérer de la terre mais aussi de réviser des objectifs de verdissement des cultures.
La fin de la mondialisation ?
Du jour au lendemain, de nombreuses entreprises occidentales présentes en Russie ont dû se retirer du pays. Une décision qui fait suite aux sanctions instaurées, mais qui vise aussi à prévenir le risque réputationnel.
Aujourd’hui, les grands groupes réfléchissent à leur stratégie et à leur présence dans d’autres régions qui pourraient leur être dommageables. Invité dans Forum, le professeur d’économie à l’IMD, Stéphane Garelli, estime que « l’invasion russe a mis en évidence une fracture profonde de l’économie mondiale ».
Il s’explique: « les entreprises sont prises entre deux feux. D’un côté, elles sont très sous pression de leur opinion nationale pour avoir une conduite morale irréprochable, et sont également les instruments des volontés politiques des Etats. Et d’un autre côté, quand elles vont dans certains pays comme la Chine ou la Russie, elles sentent une certaine opposition à l’Occident, une irritation profonde à une attitude moralisatrice. »
Diplomates américains expulsés de Russie
La Russie a décidé d’expulser des diplomates américains en représailles à l’expulsion par Washington de 12 membres de la mission diplomatique russe auprès de l’ONU, a indiqué mercredi la diplomatie russe dans un communiqué.
« Le 23 mars, une note avec la liste des diplomates américains déclarés +persona non grata+ a été remise au responsable de la mission diplomatique américaine qui a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères », précise le communiqué.
Cette décision a été prise en réponse à l’expulsion par Washington des diplomates de la mission diplomatique russe auprès de l’ONU à New York, selon la même source.
Joe Biden à Bruxelles
Joe Biden est arrivé mercredi en Europe afin de cimenter l’unité des Occidentaux dans leurs stratégie de sanctions contre Moscou.
Le président américain Joe Biden est arrivé mercredi en Europe, afin de cimenter l’unité des Occidentaux dont les options de représailles contre la Russie se réduisent au fur et à mesure que la guerre en Ukraine se poursuit. Air Force One s’est posé peu après 21h00 locale mercredi (20h00 GMT) à Bruxelles.
Un marathon diplomatique inédit pour Joe Biden. Un mois exactement après le début de l’invasion de l’Ukraine, un marathon diplomatique inédit attend le président américain et ses partenaires: en une seule journée, un sommet de l’Otan, un sommet du G7 et un sommet de l’Union européenne.
Si ce déplacement, qui emmènera ensuite Joe Biden en Pologne, a une forte portée symbolique, ces grandes rencontres ne devraient pas déboucher sur des rafales de sanctions ou des annonces stratégiques fracassantes, comme celles qui ont rythmé les semaines écoulées.
Les deux camps craignent l’utilisation d’armes chimiques
Joe Biden estime qu’une attaque russe à l’arme chimique est « une menace crédible ». Cette potentielle escalade inquiète l’Occident. Les Russes, de leur coté, affirment que c’est l’Ukraine qui développe de telles armes.
Dmitri Polianski, ambassadeur adjoint de la Russie auprès de l’ONU à New York, déclarait mardi: « A notre grand regret, nos prédictions concernant les groupes nationalistes ukrainiens préparant des provocations chimiques sur les territoires qu’ils contrôlent se réalisent. »
Ces accusations ont été balayées par les Etats-Unis. Joe Biden a déclaré que « les Russes suggèrent que l’Ukraine possède des armes biologiques et chimiques. C’est un signe clair que Vladimir Poutine envisage lui-même d’utiliser ces deux types d’armes. Il a déjà utilisé des armes chimiques dans le passé, et nous devrions faire attention à ce qui est sur le point de se produire. »
La Russie restreint l’accès à News.Google, Facebook et Instagram
Un tribunal de Moscou a interdit, lundi 21 mars, les réseaux sociaux américains Facebook et Instagram en Russie en estimant qu’ils menaient des activités « extrémistes », nouvel épisode de contrôle d’internet sur fond d’offensive en Ukraine. Le régulateur russe des médias (Roskomnadzor) a ajouté à cette liste News.Google. Il a restreint l’accès au service en ligne News.Google, accusé de fournir l’accès à de « fausses » informations sur l’offensive russe en Ukraine, ont rapporté mercredi les agences de presse russes.
Cette décision a été prise à la demande du Parquet général russe, selon un communiqué de Roskomnadzor, cité par les agences.
Ce service d’actualités en ligne « assurait l’accès à de nombreuses publications et matériaux qui contiennent de fausses informations (…) sur le déroulement de l’opération militaire spéciale sur le territoire ukrainien », précise le communiqué.
Depuis le début de l’intervention russe en Ukraine le 24 février, le pouvoir russe a considérablement renforcé son contrôle des informations diffusées sur internet, Instagram et Facebook, tout comme Twitter, ont d’ores et déjà été bloqués en Russie, où ils sont quasiment inaccessibles à moins d’utiliser un réseau virtuel privé (VPN).
D’un côte. les médias russes officiels, la chaîne de télévision RT (ex-Russia Today) et la plateforme multimédia Sputnik sont depuis mercredi dernier interdits de diffusion dans l’Union européenne. Considérés comme des instruments de manipulation et de désinformation de Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine, leurs contenus en anglais, allemand, français et espagnol ne sot plus diffusés, quelle que soit la technologie (câble, satellite, web, apps, etc.). Quant aux noms de domaine sur internet des services diffusés par ces médias, une analyse est en cours pour qu’ils soient également suspendus.
Par Tinno BANG MBANG, correspondant à Barcelone
Discussion à propos du post