Vital Kamerhe, le président de l’Assemblée nationale en RDC est visé par une pétition réclamant sa destitution. Les députés, en majorité de l’Union sacrée, la plateforme du président Félix Tshisekedi, reprochent à Vital Kamerhe une gestion opaque et une « désinvolture” vis-à-vis des autres députés.
Des critiques peu précises qui semblent être motivées par la volonté de se débarrasser d’une figure de la vie politique congolaise. Cette crise politique intervient en plein examen du budget 2026 et alors que le conflit se poursuit dans l’est du pays.
Tous les membres du bureau de l’Assemblée nationale sont visés. Mais la cible principale reste Vital Kamerhe, son président.
Les raisons de la pétition
Les 262 députés pétitionnaires, avec, à leur tête, Crispin Mbindule, reprochent plusieurs manquements au président de l’Assemblée nationale.
« Je pense que l’opacité et la violation du règlement d’ordre intérieur régissant l’Assemblée nationale sont à la base de toute cette incompréhension. Il n’y a pas de bonne gouvernance » explique Célestin Engelemba, un des députés pétitionnaires.
Selon lui « c’est un souhait des pétitionnaires d’avoir une commission qui va tabler sur la gestion de l’Assemblée nationale pour bien conclure. Mais, certainement, il y a eu des affectations qui n’ont pas respecté les lignes directrices édictées par l’Assemblée nationale ».
La crise survient durant la période d’examen du budget 2026 et alors qu’une partie de l’est du pays est occupée par les rebelles de l’AFC-M23.
Certains députés, comme Eric Mumbere Bwanapuwa, redoutent son impact sur l’Union sacrée et sur la direction du pays. Mumbere Bwanapuwa s’interroge même sur les vraies motivations de cette pétition.
« Avant-hier c’était la mégestion, aujourd’hui, le détournement. Je ne sais pas réellement quel est le reproche » assure le député qui personnellement dit ne pas voir « dans le cadre de la situation que traverse aujourd’hui la RDC, s’il faut créer encore des troubles au sein de notre plateforme, étant donné que Vital Kamerhe est membre du présidium de l’Union sacrée ».Selon Eric Mumbere Bwanapuwa cela « risque de créer d’autres problèmes « .
Des luttes internes
L’Assemblée nationale est donc victime des luttes internes au sein de l’Union sacrée. C’est ce que pense l’analyste Trésor Kibangula, de l’Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, Ebuteli.
Il estime que cette pétition est une opportunité pour certains députés de l’UDPS de fragiliser un concurrent potentiel pour les élections de 2028.
« Fragiliser Kamerhe, c’est réduire son influence et préparer le terrain pour que l’UDPS garde la main sur la succession » précise le chercheur.
Selon Trésor Kibangula « si la destitution aboutissait, ça serait plus qu’un changement institutionnel ». Il pense par ailleurs que ce serait « un signal fort. Celui que la bataille pour l’après-Tshisekedi est déjà lancée. Mais une telle issue aurait aussi un coût démocratique et donnerait l’image d’un Parlement absorbé par des luttes de positionnement, au détriment de son rôle essentiel de contrôle et de représentation ».
S’il est destitué, ce ne sera pas la première fois que Vital Kamerhe connaitra la déchéance politique.
Alors qu’il était directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe avait été condamné, en 2020, à vingt ans de prison pour détournement de près de 50 millions de dollars, avant d’être acquitté deux ans plus tard en appel.
Déjà président de l’Assemblée nationale à l’époque de l’ancien président Joseph Kabila, Vital Kamerhe avait aussi été forcé à la démission, en 2009, pour avoir dénoncé la présence des troupes rwandaises sur le territoire congolais.
RSA Par Jean-Noël Ba-Mweze
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