Les présidents du Rwanda Paul Kagame et de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi ont signé un accord de paix jeudi, à Washington en présence de Donald Trump. Les deux pays se sont engagés à un cessez-le-feu permanent, au désarmement de toutes les forces non étatiques et à la mise en œuvre d’un programme de retour des réfugiés, selon le président américain qui a ajouté que les États-Unis ont conclu également des accords sur les minéraux critiques avec Kigali et Kinshasa.
Dans l’est de la RDC, de nouvelles violences enregistrées ces derniers jours sur le terrain soulèvent des interrogations quant à la validité de cette cérémonie visant à mettre fin à l’un des plus longs conflits d’Afrique.
Face aux parlementaires réunis en congrès, Félix Tshisekedi a livré son traditionnel discours sur l’état de la Nation, lundi 8 décembre 2025. Une allocution fleuve de près de 2h30 qui s’est déroulée dans une séquence diplomatique et sécuritaire dense, après la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington. Toutefois, les combats font de nouveau rage dans l’est. Ils opposent l’armée congolaise et ses alliés au groupe AFC/M23 soutenu par le Rwanda. Une situation qui a longuement été abordée par le président dans son allocution.
« C’est un rendez-vous de vérité, de redevabilité et d’espérance », a commencé le chef de l’État. « L’année 2025 aura vu l’Est de notre pays plongé dans l’une des périodes les plus sombres de ces dernières décennies », a-t-il enchaîné, évoquant la situation au Nord et au Sud-Kivu, ainsi qu’en l’Ituri, province voisine.
Le président de la RDC a a aussi accusé le Rwanda de « violer ses engagements », quelques jours après la signature des accords de paix de Washington, alors que des bombardements ont été signalés dans le Sud-Kivu. Une violation du cessez-le-feu, estime Félix Tshisekedi : « Il ne s’agit pas d’une rébellion interne, mais d’une agression par procuration. » Et il a prévenu : « Tant qu’un seul village, tant qu’un seul quartier, tant qu’une seule colline de ce pays restera sous la menace des armes illégales, je considérerai que notre tâche n’est pas achevée. »
Les accords de Washington « ne consacrent aucune forme de partage de souveraineté », a-t-il insisté. Au cours de son discours, Félix Tshisekedi a parlé justice, économie, éducation, culture, sport… « Les ténèbres ne régneront pas toujours, la lumière arrive », a-t-il conclu.
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Les députés alliés convaincus, l’opposition sceptique
Ce grand oral du président de la République a rencontré son public à l’Assemblée nationale. « Il m’a convaincu à 100% », assure Rubens Mikindo, élu Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du Nord-Kivu. Le président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale est content de la mise au point du chef de l’Etat sur les accords de Washington : « Ce n’est pas une occasion pour dire que nous allons céder une partie de notre souveraineté ou que nous allons brader nos richesses. Il n’en n’est pas du tout question. »
Son collègue Erick Bwanapuwa, élu de Goma, a lui retenu que le paix était au cœur de l’allocution du président : « Le plus important pour nous et pour la population du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de toutes les parties occupées, (…), c’est la sécurité de notre pays. C’est ça, la priorité de notre peuple. »
Jean-Claude Drasa est lui aussi de l’Union sacrée. Il a apprécié la parole de Félix Tshisekedi, même s’il constate qu’il reste encore beaucoup de choses à réaliser : « Il y a beaucoup de choses qui restent à faire. Mais le plus important, c’est qu’il a essayé de donner un »go » à travers cette volonté. Tout part de la volonté politique. Il donne de l’espoir au peuple congolais. »
Du côté de l’opposition, on ne sort pas de ce discours très convaincu à l’image de Xavier Emedi, élu du parti de Moïse Katumbi : « Les discours passés contenaient des engagements non réalisés. D’autres promesses viennent de s’ajouter. Je reste pessimiste. » Le député d’Ensemble souligne aussi que le président n’a pas dit un mot sur le dialogue national pourtant réclamé par l’opposition.
Par RSA avec RFI






















































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