Le 9 novembre 2025 à Abu Dhabi, une poignée de main stratégique s’est opérée entre le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno et Paul Kammogne Fokam, patron d’Afriland First Bank.
En marge de la table ronde de financement du Plan national de développement «Tchad Connexion 2030» le Président de la République, Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, a reçu le PDG du Groupe Indien Mahasakthi, M. Rajkumar, et le fondateur d’Afriland First Bank, M. Paul Kammogne Fokam.
Les deux investisseurs ont exprimé leur intention de s’implanter au Tchad et de contribuer au succès du PND « Tchad connexion 2030».
Au cœur des discussions : le financement du plan national de développement « Tchad Connexion 2030 » et l’implantation d’une filiale de la banque camerounaise à N’Djamena. Un projet d’envergure estimé à 17 000 milliards de FCFA qui pourrait redessiner le paysage économique tchadien.
Trente milliards de dollars à mobiliser pour transformer le Tchad d’ici 2030. C’est l’ambition colossale du plan « Tchad Connexion 2030 » validé en juin dernier par le Conseil des ministres tchadien. Pour concrétiser cette vision, N’Djamena organise les 10 et 11 novembre 2025 à Abu Dhabi un forum d’investissement majeur réunissant dirigeants gouvernementaux et acteurs économiques internationaux. « C’est une opportunité unique de participer à la transformation d’un pays au potentiel énorme », confie un homme d’affaires présent aux Émirats. Afriland First Bank, fleuron bancaire camerounais, saura-t-elle saisir cette chance historique ?
Kammogne Fokam relance le dossier de l’implantation au Tchad
En prélude aux assises stratégiques d’Abu Dhabi, Paul Kammogne Fokam a obtenu une audience cruciale avec le président tchadien. Selon des sources proches du gouvernement tchadien, les échanges ont porté sur les opportunités d’investissement dans les secteurs de l’agro-industrie, de l’énergie et des infrastructures.
Mais le sujet le plus attendu concernait l’implantation au Tchad d’une filiale d’Afriland First Bank. Ce projet n’est pas nouveau : les ambitions de la banque camerounaise dans le pays remontent au 11 mai 2022, après la cession de ses actifs en Guinée équatoriale en 2021. Depuis, le dossier semblait en suspens. La rencontre d’Abu Dhabi marque visiblement une relance concrète de cette initiative.
Pour Afriland First Bank, s’implanter au Tchad représente un enjeu stratégique majeur. Le pays, troisième producteur de pétrole en Afrique centrale, dispose d’un potentiel agricole considérable encore largement inexploité. Avec « Tchad Connexion 2030 », N’Djamena affiche une ambition claire de diversification économique et de désenclavement.
Un plan pharaonique de 17 000 milliards de FCFA
Le plan « Tchad Connexion 2030 » ne laisse personne indifférent. Validé au début de juin 2025, ce programme quinquennal vise à mobiliser 30 milliards de dollars (17 000 milliards de FCFA) provenant tant du secteur public que privé pour moderniser le pays.
Le programme est structuré autour de 17 programmes et 268 projets et réformes, dont 124 projets structurants censés générer un effet d’entraînement sur l’activité économique et l’aménagement du territoire. Les objectifs chiffrés sont ambitieux : atteindre 8% de croissance sur les cinq prochaines années, augmenter le PIB du pays de 60%, et sortir 2,5 millions de Tchadiens de la pauvreté.
Ce n’est pas du jeu ! Avec de tels montants en jeu, le Tchad attire logiquement l’attention des investisseurs internationaux. La position centrale du pays en Afrique constitue un atout géopolitique et logistique considérable pour les projets transfrontaliers.
La concurrence indienne avec Mahasakthi Group
Afriland First Bank n’est pas seule sur les rangs. Une délégation du groupe indien Mahasakthi, conduite par son PDG Rajkumar, a également été reçue en audience par Mahamat Idriss Deby. Le groupe, actif dans l’agro-industrie, a exprimé son intérêt pour s’implanter au Tchad et contribuer à la mise en œuvre du plan national de développement.
Le groupe indien n’en est pas à son coup d’essai en Afrique centrale. En avril 2025, l’État centrafricain avait signé avec Rajkumar une convention d’investissement dans l’agro-industrie évaluée à 800 milliards de FCFA. Le projet porte sur la culture et la transformation de la canne à sucre (577,1 milliards FCFA sur 20 000 hectares) et du manioc (115,4 milliards FCFA sur 10 000 hectares).
Cette expérience réussie en République Centrafricaine confère à Mahasakthi une crédibilité certaine pour répliquer le modèle au Tchad. La concurrence s’annonce donc rude entre acteurs internationaux pour décrocher les contrats liés à « Tchad Connexion 2030 ».
Un test pour la finance camerounaise
Pour le Cameroun et Afriland First Bank, l’enjeu dépasse la simple expansion commerciale. Il s’agit de démontrer la capacité des institutions financières camerounaises à accompagner les grandes transformations économiques en Afrique centrale.
Avec une expertise reconnue dans le financement de projets structurants et une connaissance fine des réalités de la sous-région, Afriland First Bank dispose d’atouts sérieux. Son implantation réussie dans plusieurs pays de la CEMAC (Cameroun, République Centrafricaine, Guinée Équatoriale) témoigne de sa capacité d’adaptation.
Les prochains mois diront si cette audience stratégique à Abu Dhabi se transformera en contrats concrets et en ouverture effective d’une filiale à N’Djamena. Pour le Tchad, c’est l’opportunité de diversifier ses partenaires financiers et d’accélérer sa transformation économique.
RSA avec 237online























































Discussion à propos du post