Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis d’Amérique (USA) a annoncé vendredi qu’il allait temporairement protéger les Camerounais contre l’expulsion, estimant que l’extrême violence entre les forces gouvernementales et les séparatistes armés dans ce pays rendait leur retour dangereux.
Le département a également invoqué la multiplication des attaques du groupe extrémiste Boko Haram pour justifier l’octroi d’un sursis de 18 mois aux Camerounais qui se trouvaient aux États-Unis. Ces ressortissants peuvent désormais demander un permis de travail.
Le ministère américain de la Sécurité intérieure a annoncé vendredi par communiqué que les États-Unis accordaient désormais le statut de « protection temporaire » aux ressortissants camerounais installés sur leur territoire. Ce statut, valable 18 mois, offre la possibilité aux ressortissants camerounais, arrivés aux États-Unis à partir du 14 avril, de faire une demande d’asile politique. C’est aussi la reconnaissance, pour Washington, de la gravité de la situation sécuritaire au Cameroun.
« Les États-Unis reconnaissent le conflit armé qui est en cours au Cameroun », déclare Alejandro Mayorkas, secrétaire à la Sécurité intérieure. Dans son communiqué, il évoque les différents types de « violences extrêmes » que subissent aujourd’hui les Camerounais, perpétrées par les groupes armés séparatistes, par les terroristes de Boko Haram, mais aussi par les forces armées gouvernementales.
« La violence extrême et la destruction généralisée des infrastructures civiles ont conduit à l’instabilité économique, à l’insécurité alimentaire et à plusieurs centaines de milliers de Camerounais déplacés sans accès aux écoles, aux hôpitaux et à d’autres services essentiels », declare le Département de la Sécurité intérieure des USA.
Cameroonian nationals currently residing in the U.S. who cannot safely return due to the extreme violence perpetrated by government forces and armed separatists…
— Secretary Alejandro Mayorkas (@SecMayorkas) April 15, 2022
Les États-Unis accordent le statut de protection temporaire dans trois cas de figure : les catastrophes environnementales, les conflits armés et des conditions extraordinaires et temporaires. Ces deux derniers cas ont été retenus pour le Cameroun.
Cette décision intervient après plusieurs mois de plaidoyer de la part d’ONG de défense des droits de l’homme. Début février, Human Rights Watch a publié un rapport intitulé « Comment pouvez-vous nous renvoyer » sur le sort de Camerounais déportés par les États-Unis. Il détaille notamment les sévices qu’ils ont subis à leur retour.
Malgré la dégradation de la situation sécuritaire au Cameroun, durant l’administration Trump, les tribunaux américains n’ont cessé de réduire le nombre d’asiles accordés aux demandeurs camerounais, qui ont chuté de 24% entre 2019 et 2020.
Un grand nombre de Camerounais sont apparus à la frontière américaine avec le Mexique en 2019 jusqu’à ce que l’Équateur impose des restrictions de voyage, limitant leur capacité à atteindre la frontière en voyageant par voie terrestre.
Le Cameroun devient le 14e pays éligible au statut de protection temporaire, un programme créé en 1990 pour les personnes originaires de pays frappés par des troubles civils ou des catastrophes naturelles.
Environ 200 000 Salvadoriens bénéficient d’un statut temporaire depuis 2001, après le tremblement de terre qui a frappé ce pays d’Amérique centrale. L’administration Biden a précédemment créé un statut temporaire pour les personnes originaires du Myanmar, d’Haïti, du Venezuela et d’Ukraine.
Par Regard Sur l’Afrique
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