Les interdépendances entre la Chine, l’Arabie saoudite et les États-Unis se manifestent sous de nombreuses formes. Ces dernières semaines ont de nouveau mis en lumière les enjeux commerciaux et technologiques, en raison de l’élection de Trump à la présidence et de l’augmentation significative des droits de douane américains sur certains produits chinois emblématiques, accusés de surcapacité de production (véhicules électriques, panneaux solaires, batteries, acier et aluminium, entre autres).
Alors que la Chine n’avait pas encore annoncé de mesures pour riposter à cette décision américaine – hormis les réclamations habituelles à déposer auprès de l’OMC – un argument de défense avancé est celui de la détention d’obligations américaines.
En effet, la Chine comme l’Arabie saoudite sont des acteur majeur dans le capital de l’État américain, ce qui leurs confère un certain pouvoir de marché vis-à-vis des États-Unis, si le stock de dette qu’elles détients est suffisamment important pour influencer son prix en cas de ventes massives de titres.
Qu’en est-il réellement ? Fin avril 2024, la dette publique totale des États-Unis atteignait 34 700 milliards de dollars, soit 125 % du PIB. Sur ces 34 700 milliards, 8 000 milliards (23 % du total) étaient détenus par des non-résidents, dont 770 milliards par des investisseurs chinois. La part de la dette américaine totale détenue par des investisseurs chinois est donc de 2,2 % (2,8 % en incluant Hong Kong). Cependant, il y a dix ans, cette part était de 7,2 % (7,8 % avec Hong Kong) et a donc considérablement diminué.
Mais est-ce la Chine qui a volontairement réduit ses positions aux États-Unis ou bien la structure globale de la dette américaine qui a changé ?
La Chine s’est-elle désengagée de ses positions américaines ?
Le premier constat est que la structure de détention de la dette américaine a effectivement changé au cours des dix dernières années : alors que les non-résidents détenaient environ un tiers des bons du Trésor en 2014, cette part est tombée à 23 % en 2024. Ce mouvement s’est intensifié à partir de 2020 avec la pandémie de Covid-19, puis avec le resserrement de la politique monétaire américaine, qui ont rééquilibré l’arbitrage risque/rendement en faveur des titres américains. La poursuite d’une politique de la Fed de taux plus élevés, pour plus longtemps, pourrait encore accentuer ce phénomène.
La part des non-résidents a donc diminué, tout comme celle de la Chine (incluant Hong Kong) parmi eux, passant de 23 % à 13,2 % en dix ans. Le rééquilibrage s’est fait au profit de la zone euro (passée de 15,9 % à 19,5 %) et du Royaume-Uni (de 2,7 % à 8,6 %), et ce malgré l’augmentation du stock de bons du Trésor émis par les États-Unis, de 6 100 à 8 000 milliards de dollars.
Qu’en est-il des réserves de change chinoises ?
L’État chinois, étant l’un des principaux acquéreurs de bons du Trésor américain, pourrait également voir l’évolution de ses réserves de change expliquer certaines tendances. En effet, ces réserves ont diminué au cours des dix dernières années, passant de 4 000 à 3 200 milliards de dollars. Cette réduction s’explique en partie par la dépréciation du yuan par rapport au dollar durant cette période, ce qui a poussé la banque centrale à intervenir sur le marché des changes afin de limiter la baisse de sa monnaie. Par ailleurs, la Chine a continué d’afficher des excédents courants et commerciaux significatifs, mais l’effet des taux de change a prédominé.
Enfin, la composition des réserves de change chinoises a sans doute été modifiée et diversifiée. Cela se manifeste par l’augmentation des stocks d’or détenus par la Chine, qui représentaient 1,1 % du total des réserves en 2014, contre 5,2 % aujourd’hui. Valeur refuge par excellence, l’accroissement des stocks d’or s’est intensifié depuis la fin de l’année 2022, dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu et incertain.
Conclusion
La Chine possède un stock considérable de bons du Trésor américain, souvent décrit comme une arme stratégique potentielle qu’elle pourrait brandir contre les États-Unis si les tensions entre les deux nations venaient à s’intensifier. Selon cette hypothèse, en liquidant massivement ses obligations américaines, la Chine pourrait ébranler le marché américain et déclencher une crise de la dette aux États-Unis.
Là intervient V.Poutine… La stratégie de négociation Trump-Putine est une stratégie win/win dans la mesure où selon les intérêts de chacun, chacun doit ressortir gagnant. Trump son intérêt étant le UST/Reserve de change, Putine souhaite être vus comme le gagnant de la guerre contre l’occident, la Chine souhaite des garanties quant aux faits d’avoir une position solide de leader mondial à long terme et l’Arabie saoudite avoir une position dominante dans le Moyen-Orient + la médiatisation du pays en tant qu’acteur principal.
On aurait pu se demander, pourquoi trump n’utilise donc pas Israël en tant que médiateur ? La réponse est donnée par les détenteurs de UST/Reserve de change.
Regard Sur l’Afrique par Maurice Muk
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