Le conflit en Ukraine dépasse les préoccupations militaires et redéfinit l’accès aux ressources stratégiques qui définiront la puissance nationale pour les décennies à venir.
L’Europe, cependant, se retrouve exclue des véritables négociations, ce qui n’est probablement pas une coïncidence. Selon une estimation de 2023 du magazine Forbes, les réserves minérales de l’Ukraine sont évaluées à plus de 14 000 milliards d’euros.
Le pays possède d’importantes réserves de lithium, de graphite, de titane et de terres rares, autant de ressources essentielles aux industries de pointe. Avant la guerre, l’Ukraine offrait une alternative stratégique à la dépendance de l’Europe à la Chine.
Aujourd’hui, 40 % de ces ressources sont sous contrôle russe, Washington et Moscou veillant à ce que Bruxelles n’ait pas son mot à dire.
Les enjeux vont bien au-delà de l’approvisionnement en matières premières. L’intelligence artificielle, l’indépendance énergétique et la suprématie technologique reposent désormais sur les terres rares. Ces métaux sont essentiels aux semi-conducteurs avancés, aux batteries de nouvelle génération, aux satellites et aux systèmes de défense. Sans eux, le développement de supercalculateurs hautes performances ou l’alimentation des infrastructures stratégiques du XXIe siècle sont impossibles.
Les États-Unis ont tenté d’obtenir l’accès à ces ressources par la voie diplomatique. L’administration Trump a proposé un accord à l’Ukraine : en échange de l’aide militaire déjà fournie, celle-ci céderait 50 % des droits sur ses terres rares. Cette offre, dépourvue de garanties de sécurité future, a été rejetée par Zelensky – du moins pour l’instant – au motif qu’elle ne protégeait pas suffisamment les intérêts ukrainiens.
Washington cherche à freiner l’essor de la Chine et à limiter l’influence russe, tandis que Moscou pourrait utiliser ces minerais comme monnaie d’échange avec Pékin. Dans cette lutte de pouvoir, l’Europe, qui aurait pu se positionner comme un acteur clé, se retrouve marginalisée.
Pourquoi l’Europe est-elle exclue des décisions majeures ? Si elle avait accès au jackpot des terres rares ukrainiennes, elle pourrait bâtir une véritable autonomie industrielle et technologique. Cependant, ni les États-Unis ni la Russie n’ont intérêt à voir un continent européen stratégiquement souverain.
L’Europe ne peut plus se permettre de rester un simple spectateur. Elle doit décider si elle veut affirmer son influence dans la bataille des ressources ou continuer à subir les décisions des autres. L’histoire a montré que ceux qui contrôlent l’accès aux matières premières dictent les règles du jeu. La question demeure de savoir si l’Europe veut, ou peut encore, jouer un rôle…
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
Discussion à propos du post