L’usage d’armes nucléaires tactiques de faible puissance (de o.2 à 5 kilotonnes) est en passe s’être normalisé après avoir été un sujet tabou depuis la guerre du Golfe de janvier 1991 et l’intervention US en Afghanistan (octobre 2001-aujourd’hui).
Sujet fort controversé, l’usage d’ogives nucléaires tactiques ou de théâtre a divisé depuis au moins trois décennies une génération de théoriciens de la guerre, mais tous s’accordent sur les possibilités tactiques de cette arme dont les effets ne la distinguent pas trop des munitions classiques à très forte puissance de type MOAB ou de certaines bombes aérosol FAE (Fuel Air Explosive) à l’exception de résidus radioactifs hautement nocifs.
La décision du département US à la Défense d’accroître les stocks d’ogives nucléaires tactiques de faible puissance susceptibles d’être emportée par des missiles de croisière, par des missiles Air-Sol emportés par des avions de combat tels que le F-35, l’artillerie de campagne et des unités de surface répondent aux nouvelles procédures issues de la mise en oeuvre de la nouvelle stratégie de riposte adoptée par les États-Unis pour tenter de rattraper le retard accusé face à ce que Washington qualifie de puissances révisionnistes comme la Chine et la Russie.
Sans davantage d’extrapolation, cela veut dire que la montée en puissance du déploiement des forces sur le théâtre européen visant officiellement l’endiguement de la « menace russe » inclut l’usage d’armes nucléaires dès les premiers stades d’une confrontation entre l’OTAN et la Russie sur le sol européen et eurasien.
Cette posture implique que toute attaque contre l’Iran ou la Corée du Nord verrait l’usage intensif (au moins 1300 objectifs primaires) d’armes nucléaires tactiques contre les infrastructures civiles lors de la phase initiale.
Il existe des précédents ou l’échec relatif des moyens militaires conventionnels à achever une victoire militaire ont conduit des chefs de guerre US à préconiser l’emploi de l’arme nucléaire contre un adversaire qui n’en possédait point (MacArthur lors de la guerre de Corée en 1951, quelques voix au sein du Pentagone lors de la guerre du Vietnam ou encore la menace nucléaire adressée à Saddam Hussein en 1991) mais qu’en sera t-il face à des États dotés d’armes similaires et surtout de vecteurs efficaces pouvant délivrer ces ogives avec précision loin des lignes de front ?
Avant la normalisation de la nucléarisation de la guerre, il y eut de sérieuses suspicions sur l’usage d’armes nucléaires tactiques « déguisées » en Afghanistan (Tora Bora et plusieurs incidences sismiques) et en Irak (notamment durant la phase 1 de « Shock and Awe » avec le déversement de plus de 1200 missiles de croisière sur Baghdad puis 3000 sur le reste du pays en mars 2003, puis à Fallujah 2 en 2004). Le niveau de radio-activité anormalement élevé enregistré sur les lieux de bombardements aériens et balistiques US à Tora Bora demeure inexpliqué à ce jour et ne peuvent être imputés à l’usage de munitions en Uranium appauvri.
Le mythe de l’hiver nucléaire, un des thèmes favoris de la guerre froide et un des arguments du désarmement nucléaire, vient de tomber dans l’indifférence manifeste d’un monde en pleine guerre.
Pour les stratèges militaires d’aujourd’hui l’usage de l’arme nucléaire ne met pas en péril la planète. Officiellement une guerre nucléaire, ce n’est plus la fin du monde.
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