Manu Dibango, le célèbre saxophoniste camerounais, est mort à 86 ans des suites du coronavirus. L’auteur de l’incontournable « Soul Makossa » aura définitivement marqué sa génération et inspiré de nombreuses autres.
Hospitalisé depuis plusieurs jours après avoir été contrôlé positif au coronavirus, Manu Dibango, 86 ans, saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz est décédé à Paris
La vie de Manu Dibango a été entièrement consacrée à la musique. Il s’est fait connaître avec un tube planétaire, quelques accords au saxophone et un refrain entêtant : en 1972, Soul Makossa entre dans la légende. Étonnant destin pour cette face B d’un 45 tours, dont le titre phare était un hymne pour l’équipe de football du Cameroun à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations. Repéré par des DJ new-yorkais, le titre fera la conquête des États-Unis et connaîtra mille vies. Manu Dibango accusera même Michael Jackson de plagiat sur un morceau de l’album « Thriller » avant qu’un accord financier soit trouvé.
Manu Dibango était né au Cameroun. C’est dans la chorale du temple où sa mère est professeur qu’il s’initie au chant, tandis que le gramophone parental lui fait découvrir les musiques françaises, américaines et cubaines, importées par les marins débarquant dans le port de Douala. Il a 15 ans quand son père l’envoie étudier en France : trois semaines de bateau pour arriver jusqu’au port de Marseille avec, comme il le raconte dans sa biographie, 3 kg de café dans son sac, une denrée rare dans la France de l’après-guerre, de quoi payer un mois de pension.
Inventeur avant l’heure de la « world music »
Le jazz entre alors dans la vie de Manu Dibango, il n’en sortira plus. Le saxophone devient son instrument fétiche. Il rencontre le musicien Francis Bebey, Camerounais comme lui, forme un groupe, il se produit dans des clubs et rate son bac. Son père lui coupe les vivres. Direction la Belgique où son jazz s’africanise au contact de la communauté congolaise en pleine effervescence. Le Congo belge devient indépendant en 1960. Manu Dibango part pour Léopoldville, il dirige un club et lance le twist.
Au début des années 1960, son pays, le Cameroun, est en guerre civile. Il rentre en France, il découvre le rhythm and blues. Des stars françaises de l’époque comme Dick Rivers ou Nino Ferrer l’engagent comme musicien.
Dans les années 1990, Manu Dibango enregistre un album de reprises des plus grands tubes africains, Wakafrika, un voyage de Dakar à Cape Town. Youssou N’Dour, Salif Keita, Angélique Kidjo, Peter Gabriel y participent. Suivront beaucoup d’autres albums pour cet inventeur avant l’heure de la « world music ».
Manu Dibango avec plus de 60ans de carrière musicale
Emmanuel N’Djoké Dibango, dit Manu Dibango, est né à Douala, au Cameroun le 12 décembre 1933. Son Papa est de Yabassi et sa maman de Douala. Sa famille est de confession protestante, et maman dirige la chorale du temple.

1949: il se rend à Saint-Calais, dans le Nord de la France pour poursuivre ses études et passer son bac. C’est à Chartre qu’il découvre le jazz au début des années 50. Il apprend le piano,puis le saxo & commence à se produire sur scène.Papa n’est pas d’accord & lui coupe les vivres.
C’est à Bruxelles qu’il rencontre sa femme Coco et que son jazz s’africanise au contact du milieu congolais Belge. Joseph Kabasélé Tshamala, dit Grand Kalle l’engage dans son orchestre et ils enregistrent plusieurs disques qui remportent le succès en Afrique, …et les amènent à Kinshasa, au Congo où Manu lance le twist en 1962 dans sa propre boite. Le succès est phénomènal. Mais le musicien ne se sent pas bien accueilli. Il décide de retourner en France.
1967: Manu Dibango trône à la tête de son premier Big Band et développe son style musical novateur pour une série d’émissions télévisés avec des acteurs comme Dick Rivers ou Nino Ferrer, pour lequel il joue de l’orgue Hammond, puis du saxophone, et finit par diriger son orchestre.
En 1972, il enregistre la face B d’un 45 tours «SoulMakossa», qui sera samplé sur « Wanna be Starting Something » de Michael Jackson et « Please don’t stop the music » de Rihanna. Manu Dibango fait la conquête des USA avec un tournée qui remporte un vif succès.
1975-79,Abidjan: Il dirige l’Orchestre de la RadioTV ivoirienne. Ses parents décédent en 1976, et deux ans plus tard Manu entregistre un album avec des musiciens nigérians (« Home Made ») avant de s’envoler pour la Jamaique.Là bas,il enregistre des sessions aux côtés d Sly Dunbar.
Années80: il collabore avec Serge Gainsbourg. Sorti en 1982, son album « WakaJuju » consacre son retour à l’afro-sound. « Surtention » (1984) offre une rencontre entre hip-hop et tradition africaine.
14 Mai 1986: Manu Dibango est décoré de la médaille des Arts et des Lettres par le ministre de la culture française de l’époque, Jack Lang.
1992:Il enregistre Wakafrica, un album de reprises des +grands tubes africains.Cet album parait dans le monde entier et permet à Manu de revisiter le patrimoine cullturel vaste avec les ténors tels Youssou Ndour, Salif Keita, Papa Wemba, Angelique kidjo, Peter Gabriel et Manu Katché.
L’album «Lamastabastani »parait en 1996 et s’inspire de la disparition de son épouse l’année précédente.
2004: Encouragé par le président camerounais Paul Biya, il accepte de présider la Cameroon Music Corporation (CMC), la société camerounaise du droit d’auteur. Il ne reçoit aucun sou pour ce travail. Il accuse Ferdinand Oyono (Ministre de la Culture) de déstabiliser la CMC et démissionne en Janvier 2005.
Manu Dibango inhumé à Paris

Comme la plupart des personnes décédées du Covid-19, la dépouille de l’artiste camerounais, a été incinérée à Paris, 25 mars. Emmanuel N’Djoké Dibango, que le monde entier connaît sous le nom de Manu Dibango a été inhumé dans la plus stricte intimité familiale vendredi 27 mars. Comme la famille déjà annoncé dès la chute de ce monument de la musique.
Manu Dibango n’aura pas droit à une cérémonie religieuse, ni à un hommage en présence de ses proches. Les morts, des suites du coronavirus, sont purement incinérés. La dépouille du saxophoniste, pianiste, vibraphoniste et compositeur camerounais n’a pas dérogé à la règle. La dépouille de Manu Dibango, de son vrai nom Emmanuel Dibango N’Djocke, né le 12 décembre 1933 et décédé à Paris le 24 mars dernier, suite à la contamination au coronavirus, a été incinérée à Paris, mercredi 25 mars 2020.
Par Tinno BANG MBANG
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