Les OGM font débat au Kenya. Le président William Ruto a annoncé en début de semaine que son pays autorisait désormais l’importation et la culture de maïs blanc génétiquement modifié.
Avec cette nouvelle annonce, le gouvernement entend faire face aux conséquences de la sécheresse qui sévit dans le pays. Car la variété OGM de maïs BT qui sera cultivée est considérée comme résistante aux principaux insectes et maladies. La décision a toutefois entraîné des réactions mitigées.
Le Kenya fait face à une flambée des prix des denrées alimentaires, et notamment de la farine de maïs. Pour Roy Mugiira, le PDG de la National Biosafety Authority, l’autorité en charge de la régulation des OGM au Kenya, autoriser le maïs génétiquement modifié fait partie des solutions.
« Cela va apporter de nouvelles opportunités pour la production de cultures de maïs résistantes aux insectes, aux maladies et à la sécheresse. Les importateurs vont avoir accès à des graines génétiquement modifiées à des prix abordables, aussi bien pour la consommation que pour le bétail. Cela va réduire la pression sur les cultures locales de maïs et on s’attend donc à voir les prix baisser. »
Le maïs blanc génétiquement modifié avait été interdit en 2012 suite à des inquiétudes autour de ses conséquences sur la santé et pour protéger les petites exploitations agricoles. Plusieurs ONG s’inquiètent des conséquences de cette levée de l’interdiction.
« Cette autorisation des cultures OGM est poussée par les multinationales qui veulent pouvoir exporter leurs produits génétiquement modifiés au Kenya, estime Anne Maina est la coordinatrice nationale de l’Association pour la biodiversité et la biosécurité au Kenya, une organisation de la société civile. La plupart sont cultivés aux États-Unis, où le secteur est très subventionné. Quand des OGM douteux mais à bas prix vont entrer sur le marché kényan, les producteurs locaux vont en subir les frais alors qu’ils auront déjà énormément investi dans leur production. »
Anne Maina s’alarme aussi sur les possibles conséquences des OGM sur la santé. Son association, et plusieurs ONGs, demandent au gouvernement de faire marche arrière. Et d’engager un processus de concertation public sur le sujet.
RSA avec RFI correspondante à Nairobi, Albane Thirouard
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