La reconquête de vastes portions du territoire malien est désormais au cœur du discours diplomatique de Bamako. Face aux partenaires étrangers réunis en Turquie, le chef de la diplomatie malienne a valorisé la reconquête de 59% de territoires comme socle d’une intégration sahélienne autonome.
«Le Mali a récupéré entre 40 et 50% de son territoire national» depuis le départ de la MINUSMA
Présent à la quatrième édition du Forum diplomatique d’Antalya, en Turquie, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a affirmé samedi 12 avril à Antalya que « le Mali a récupéré entre 40 et 50 % de son territoire national » depuis le départ de la Mission de l’ONU (Minusma), permettant « le retour de l’administration et une montée en puissance des forces nationales ».
Ce chiffre a été avancé par le ministre des Affaires étrangères du pays au cours du Forum Diplomatique d’Antalya.
«La sécurité des Sahéliens doit être assurée par nos propres citoyens», a insisté Abdoulaye Diop lors du panel intitulé «Le Sahel : le futur de l’intégration régionale» qu’il a coanimé avec ses homologues du Burkina et du Niger.
Les diplomates en ont profité pour recadrer les «informations et statistiques erronées sur une prétendue recrudescence de l’insécurité liée au retrait des forces internationales».
Les membres de l’AES consacrent un quart de leurs budgets à la défense, a noté le chef de la diplomatie malienne. Face au déficit en équipements militaires, notamment aériens, la confédération renforce ses partenariats avec des puissances comme la Turquie, la Chine ou la Russie, a-t-il ajouté.
Le ministre a aussi critiqué l’inefficacité des missions internationales dans la lutte contre le terrorisme et appelé à une réponse plus concrète des Nations Unies. Selon lui, les progrès sur le terrain prouvent que les solutions endogènes peuvent porter leurs fruits.
Dans cette dynamique, M. Diop a défendu une intégration sahélienne fondée sur trois piliers : sécurité, coordination diplomatique et développement économique. Il a évoqué la mise en œuvre de projets structurants comme les corridors ferroviaires Bamako–Ouagadougou–Niamey, une centrale d’achat commune, ou encore une future banque d’investissement sahélienne.
Diop a également salué la coopération bilatérale pragmatique avec certains membres de la CEDEAO, notamment le Ghana et le Togo, malgré le repli des pays de l’AES de l’organisation régionale.
Ce panel a aussi été le cadre idéal pour passer certaines informations et éclairer l’opinion internationale sur le contexte de l’AES, vu que beaucoup de personnes s’informent à travers la littérature sur le Burkina, le Mali et le Niger. « Nous avons saisi l’opportunité pour leur apporter la bonne information et leur dire que les craintes et les peurs qui sont diffusées à travers certains médias et qui font de nos pays des destinations peu recommandables ne sont pas vérifiées », explique le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Karamoko Jean Marie Traoré à l’issue du panel.
Les sanctions de l’Union africaine contre les pays de l’AES se sont invitées au débat.
Sur cette question, le chef de la diplomatie burkinabè dira que ces sanctions peuvent certes affecter la présence des pays ciblés au sein de cette instance, mais, elles n’affectent pas l’amitié et les rapports au niveau bilatéral avec les pays africains. Par contre, il estime que l’Union africaine ne résoud pas les problèmes en écartant les principaux concernés. « Si vous voulez faire face à une situation, il faut mener le débat en associant les pays concernés aux discussions. Ces sanctions retardent le cycle de compréhension des difficultés qui se posent. Aujourd’hui, les populations ne savent pas ce qui se passe à Addis-Abeba, par contre, elles suivent tous les jours ce qui se passe dans l’espace confédéral, parce qu’elles se reconnaissent à travers cette lutte qui restitue leur quotidien », relève le chef de la diplomatie burkinabè.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
Discussion à propos du post