Le chef de l’Etat poursuit son entreprise de verrouillage des institutions, des réseaux financiers et sécuritaires du pays en vue de s’assurer un second mandat fin 2023.
Il est, lui aussi, à la tête d’un pays continent mais n’a aucune visée impérialiste, aucun projet d’annexion de ses voisins. Félix Tshisekedi ne semble aujourd’hui porté que par une seule ambition : sa reconduction à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), à l’issue d’élections générales prévues en décembre 2023 pour lesquelles il est déjà candidat.
« C’est son unique obsession et il est en train de prendre le contrôle de toutes les manettes pour cela », prévient un observateur étranger à Kinshasa. Trois ans après avoir conquis le fauteuil présidentiel sur la base d’un accord de partage du pouvoir avec Joseph Kabila, son prédécesseur, le chef de l’Etat congolais poursuit son entreprise de verrouillage des institutions, des réseaux financiers et sécuritaires du pays en vue de s’assurer un second mandat.
Aussi brusque que significative, l’interpellation le 5 février de François Beya pour « une affaire relevant de la sûreté de l’Etat » est venue confirmer cette reprise en main. Toujours détenu par l’Agence nationale de renseignements (ANR) où il n’a ni reçu la visite de son avocat, ni était inculpé de la moindre charge, le conseiller spécial du président en matière de sécurité était jusqu’à sa disgrâce l’un des personnages clés du pouvoir et l’un des hommes les mieux informés du pays.
Ses fonctions et son parcours, débuté sous la présidence de Mobutu Sese Seko, avaient fait de lui un relais auprès des services de renseignement étrangers et des diplomates pour qui il était « un point de crédibilité », mais aussi un pont avec les dignitaires de l’ancien régime Kabila dont il fut l’influent directeur général des migrations.
Un mouvement de « dékabilisation »
Un mois après son arrestation, les raisons officielles de cette mise à l’écart demeurent floues. Après que les autorités ont laissé entendre qu’une tentative de coup d’Etat était en préparation, une source gouvernementale évoque désormais « un faisceau d’éléments qui a créé de la suspicion et nécessité cette interpellation », « des gestes de manque de loyauté qui ont fait que le président ne s’est plus senti en confiance ».
Selon cette dernière source, François Beya aurait notamment couvert la fuite de Kalev Mutond – l’ancien patron de l’ANR sous Kabila – après que celui-ci aurait été repéré ces dernières semaines dans une clinique de Kinshasa.
Regard Sur l’Afrique Par Cyril Bensimon
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