Au Niger, le deuxième anniversaire de l’AES est marqué par un certain scepticisme à propos des avantages que le pays tire de son appartenance à cette organisation.
Ce 16 septembre marque le deuxième anniversaire de la création de l’Alliance des États du Sahel, l’AES, qui regroupe trois pays, le Niger, le Maliet le Burkina Faso, dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par un putsch.
Cette alliance est avant tout militaire, car elle lie les trois pays par un pacte de défense mutuelle, afin de lutter contre le terrorisme.
Créée le 16 septembre 2024, l’AES, dont l’objectif principal est de lutter contre les groupes djihadistes au Niger, au Mali et au Burkina Faso, se veut aussi une organisation politique et économique, visant une intégration plus poussée entre les états membres.
« Le dindon de la farce »
Mais deux ans après la création de cette alliance devenue une confédération, beaucoup de Nigériens restent sceptiques quant aux profits apportés par cette alliance.
Pour Siraji Issa, président du Mouvement des jeunes pour l’émergence du Niger (Mojen), son pays n’a rien gagné durant ces deux années au sein de l’AES.
« Depuis la création de cette fameuse AES, le Niger est considéré comme le dindon de la farce, dans la mesure où, depuis l’avènement des militaires au pouvoir, le Niger vend le pétrole au Mali et au Burkina Faso deux fois moins cher qu’au Niger. Et quand le Niger rompt ses relations diplomatiques avec d’autres pays, le Mali et le Burkina Faso renouent avec ces mêmes pays » déplore Siraji Issa.
« Quand le Niger chasse des ONG, ces mêmes ONG sont accueillies à bras ouvert au Mali et au Burkina. Combien de fois aussi les militaires nigériens ont-ils défendu le territoire du Burkina Faso ou du Mali ? » s’interroge par ailleurs le président du Mouvement des jeunes pour l’émergence du Niger qui donne l’exemple de la libération de Kidal tout en estimant qu’il n’y a pas de « réciprocité ».
Des alliés stratégiques
Mais d’autres sont moins pessimistes. Pour l’activiste Moussa Adamou, dit Sankariste, il n’y a aucun doute : le Niger a profité de son alliance avec ses deux voisins, à la fois du point de vue sécuritaire qu’économique.
« Ce que le Niger a gagné par sa présence au sein de l’AES, ce sont d’abord deux alliés stratégiques, notamment des soldats du Mali et du Burkina dans la lutte contre le terrorisme » assure Moussa Adamou.
Selon toujours l’activiste « on a vu lorsque la Cédéao avait voulu attaquer le Niger, comment les États de l’AES ont réagi, avec la Guinée, pour essayer de contrecarrer le projet. Lorsque la frontière du Bénin était fermée, le Niger a eu recours au Burkina Faso pour que les marchandises du Niger puissent traverser la frontière« .
Des choses à améliorer
Selon le défenseur des droits de l’homme et de la démocratie, Alhadji Baba Almakiyya, il y a des choses à améliorer en matière de sécurité.
« Par rapport à la sécurité, si la force conjointe de l’AES était active, le résultat ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. L’opinion pense qu’il y a trop d’officiers dans les bureaux » précise Alhadji Baba Almakiyya.
« Nous voulons que nos autorités puissent revoir cette situation. Ils doivent rapidement mettre en place cette force pour que nous gagnions en efficacité et que nous puissions éradiquer ce fléau du terrorisme » ajoute par ailleurs l’expert.
Le deuxième anniversaire de la création de l’AES se déroule en effet dans un contexte de recrudescence des attaques terroristes, en particulier au Mali et au Burkina Faso.
RSA avec DW
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