Après Niamey, Guillaume Soro a été reçu mardi à Ouagadougou, au Burkina Faso, par le capitaine Ibrahim Traoré. Condamné en son absence à la prison à vie pour « atteinte à la sûreté de l’État », Guillaume Soro vit en exil depuis quatre ans.
L’ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro est arrivé à Ouagadougou à la mi-journée, à bord d’un vol militaire. Costume beige taillé sur mesure, le leader du mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) a été reçu en audience par le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
On ignore la durée de cette entrevue, qui aurait notamment abordé la question de « la réconciliation dans la sous-région », selon les termes d’un communiqué de la présidence burkinabè.
« Guillaume Soro cherche des appuis » pour retourner en Côte d’Ivoire
Comme à Niamey, Guillaume Soro, réitère ses remerciements à son hôte : « Comme je me plais à le dire, c’est saisissant de voir que je peux fouler à nouveau le sol du Burkina Faso grâce à un gouvernement militaire. Là où un gouvernement prétendument démocratiquement ont refusé de me reconnaitre les droits du citoyen que je suis. »
Pourquoi cette visite auprès des autorités militaires du Burkina ? Et à quel titre ? « Guillaume Soro cherche des appuis et des conseils auprès des régimes militaires, afin de préparer son retour en Côte d’Ivoire, estime un diplomate ouest-africain, en poste à Abuja. Il adopte, poursuit cette source, la posture d’un révolutionnaire, qui veut retrouver une place sur l’échiquier politique pour la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire ».
À l’occasion de sa visite en France et notamment au salon Milipol, le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la sécurité Vagondo Diomandé est l’invité de RFI. Il réagit à l’organisation de la CAN de football en Côte d’Ivoire qui doit débuter en janvier 2024, au voisinage parfois compliqué avec le Burkina Faso. Vagondo Diomandé évoque aussi le cas Guillaume Soro condamné par la justice ivoirienne, en exil mais qui fait part de son souhait de rentrer dans son pays.
- Monsieur le ministre, qu’est-ce qui est le plus à craindre pour la CAN 2024 ? Les mouvements de foule ou bien les attaques terroristes ?
- Vagondo Diomandé : Pour la CAN 2024, en tant que ministre de la Sécurité, j’ai fait évidemment avec mes collaborateurs toutes les hypothèses qui nous permettront de prendre les mesures qu’il faut pour faire face à tout type de situation. Je crois comprendre à travers votre question que nous sommes dans un contexte où beaucoup de gens ont de bonnes raisons de s’inquiéter. Mais je peux vous assurer que nous avons pensé à tout type de situation. Nous avons formé nos collaborateurs en conséquence, équipé aussi en conséquence, nous avons fait le recrutement conséquent et surtout la formation qui accompagne avec les exercices de simulation grandeur nature pour être fin prêts le jour du lancement de cette grande compétition. Et d’ailleurs, nous venons de faire un test grandeur nature avec la Coupe d’Afrique des champions féminine [Ligue des championnes de la CAF, NDLR] qui se déroule très bien et nous en tirerons tous les enseignements pour réadapter au besoin le dispositif qui a été conçu pour la CAN.
- Une question sur une autre thématique, sur Guillaume Soro, ex-Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale qui est en exil depuis plus de 4 ans. Son entourage affirme que les autorités ivoiriennes avaient prévu de le kidnapper en Turquie…
- Laissez-moi vous dire très clairement que j’ai été parmi les premiers à être surpris par cette information. À ma connaissance, la Côte d’Ivoire n’a absolument rien fait dans ce sens. Permettez aussi que je vous dise : Guillaume Soro comme tout autre Ivoirien peut rentrer en Côte d’Ivoire quand il veut. Guillaume Soro ne restera pas éternellement loin de son pays.
- En l’occurrence, si Guillaume Soro revient demain à Abidjan, vous serez à l’aéroport pour l’accueillir et l’emmener en prison ?
- Ah, mais non, vous ne parlez pas de prison.
- Il a été condamné…
- Je ne suis pas le ministre de la Justice, vous comprenez. Je vous assure que Guillaume Soro est le bienvenu dans son pays.
- Mais il faudra qu’il rende des comptes quand même par rapport aux décisions de justice, justement ?
- Oui, mais vous n’allez pas m’amener à dire que « oui, quand Guillaume Soro va arriver, voilà ce qui va se passer… » Mais non ! Les autorités judiciaires sont mieux placées que moi pour apprécier.
- À votre avis, le choix d’être accueilli à Niamey, reçu par le général Abdourahamane Tiani, est-ce que c’est une forme de provocation de la part de Guillaume Soro vis-à-vis d’Alassane Ouattara ?
- Je n’ai pas les contours de la visite de Guillaume Soro au Niger. Et vous me voyez très mal à l’aise d’en parler de peur de dire des choses qui ne sont pas totalement vraies.
RSA avec RFI correspondante à Abidjan, Bineta Diagne
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