Dimanche 10 juillet, 49 militaires ivoiriens ont été interpellés à l’aéroport de Bamako. Le gouvernement de transition malien considère ces militaires ivoiriens interpellés comme « des mercenaires » et a décidé lundi 11 juillet de les « mettre à disposition des autorités judiciaires compétentes » et risquent la peine capitale.
« Il a été établi que les quarante-neuf militaires ivoiriens se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali (…) en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation », a déclaré le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga dans un communiqué lu lundi soir à la télévision nationale. « Le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel », a affirmé Abdoulaye Maiga.
Le Mali, pays enclavé au cœur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’État militaires en août 2020 et en mai 2021. Il a récemment adopté un calendrier de transition devant permettre un retour des civils au pouvoir en mars 2024. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement, en 2012, d’insurrections indépendantiste et djihadiste dans le Nord soutenu par les pays occidentaux.
Le porte-parole de la mission des Nations Unies au Mali (Minusma) Olivier Salgado avait laissé entendre plus tôt que les militaires interpellés faisaient partie d’« éléments nationaux de soutien » (NSE) logistique à la Minusma.
Les NSE, a précisé Olivier Salgado sur son compte Twitter, sont « des effectifs nationaux déployés par les pays contributeurs de troupes, en soutien à leurs contingents », « une pratique communément appliquée dans les missions de maintien de la paix ».
« D’après nos informations, leur relève du 10 juillet aurait été préalablement communiquée aux autorités nationales », avait-il aussi affirmé. Les autorités maliennes relèvent pour leur part que leur ministère des Affaires étrangères n’avait pas été informé par les canaux officiels. Le gouvernement malien a aussi noté une « violation flagrante » du code pénal malien « incriminant les atteintes à la sûreté extérieure de l’État dont l’atteinte à l’intégrité du territoire ».
Une partie des militaires ivoiriens retenus sont venus au Mali sur la base d’une convention pour travailler sur la base logistique de la société Sahelian Aviation Services (SAS) pour le compte de la Minusma, avait déclaré à l’AFP un diplomate ivoirien sous couvert de l’anonymat.
Créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité de l’ONU du 25 avril 2013, la Minusma a pour mission d’appuyer le processus politique et d’aider les autorités à sécuriser les populations face au péril djihadiste. Cette Mission de l’Onu emploie également une centaine de civils maliens. C’est pourquoi, son éventuel départ, comme le souhaitent la majorité des Maliens sera une bonne solution.
Fin juin, le Conseil de sécurité de l’Onu a décidé de prolonger sans l’accord du gouvernement malien d’un an la Minusma. Mais le retrait de la France prive la mission d’un soutien aérien. Ce qui pourrait pousser des pays européens à quitter cette force internationale d’environ 15.000 militaires et policiers.
Des informations contradictoires
Les militaires ivoiriens sont arrivés au Mali dans deux avions, un avion qui contenait les armes et un autre les militaires mercenaires. Pour quel but ?
L’information de « l’arrestation » de militaires ivoiriens a commencé à être diffusée dimanche sur les réseaux sociaux avant de devenir virale, certains accusant ces soldats d’être « des mercenaires » venus au Mali « faire un coup d’État ». Lundi soir les autorités ivoiriennes n’avaient pas encore officiellement réagi. En janvier, la junte avait demandé au Danemark de retirer ses troupes tout juste arrivées mais déployées « sans son consentement ». Copenhague avait dénoncé « un jeu politique sale ».
Le gouvernement malien affirme de son côté que quatre versions différentes ont été avancées par les militaires interpellés pour justifier leur présence sur le territoire malien : «la mission confidentielle, la rotation dans le cadre de la Minusma, la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne Sahelian Aviation Services et la protection du contingent Allemand ».
Dans un communiqué mardi, Abidjan a demandé au Mali de libérer « sans délai » ses 49 militaires interpellés « injustement » dimanche à l’aéroport de Bamako et accusés par les autorités de ce pays d’être des « mercenaires ».
« Aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de munitions de guerre », indique un communiqué de la présidence ivoirienne publié à l’issue d’un Conseil national de sécurité (CNS) extraordinaire.
Au lendemain de la déclaration de l’Etat ivoirien, l’ONU a réagi. Contre toute attente, l’organisation mondiale a pris le contre-pied de la déclaration ivoirienne. L’ONU a en effet démenti l’appartenance des soldats ivoiriens arrêtés aux éléments nationaux de soutien à la MINUSMA.
Les 49 soldats ivoiriens arrêtés dimanche à Bamako ne sont pas des éléments nationaux de soutien aux contingents de la Minusma, a affirmé l’ONU, contrairement aux informations du gouvernement ivoirien.
Berlin réagit à l’arrestation au Mali de soldats ivoiriens. Les 49 militaires arrêtés dimanche à l’aéroport de Bamako seraient entre autres commis à la surveillance d’une base logistique de l’armée allemande.
Selon la ministre fédérale allemande de la Défense, le comportement des dirigeants maliens est un signal très problématique. Christine Lambrecht estime qu’il y a des doutes considérables sur la volonté du Mali à coopérer de façon constructive avec la Minusma.
Un scepticisme partagé également par Christoph Hoffmann, président du groupe parlementaire du parti libéral (FDP) au Bundestag (la Chambre basse du parlement allemand) et chargé de l’Afrique centrale. Il souligne l’une des raisons qui justifie l’inquiétude de l’Allemagne :
« Pour un survol, la Minusma doit faire une demande et il faut un, deux ou trois jours pour obtenir les permissions. Cela leur permet de cacher les soldats russes de Wagner qui sont en action sur le terrain pour perpétrer des massacres. On ne peut pas travailler de cette façon. »
La côte d’ivoire s’agite pour rien. Les 49 soldats ivoiriens abandonnés au Mali risquent la peine capitale.
La Convention de l’OUA définissait, à l’époque, un mercenaire comme une personne « spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour combattre dans un conflit armé ; qui en fait prend une part directe aux hostilités ; qui prend part aux hostilités en vue d’obtenir un avantage personnel.
Selon les textes (article 7) de la convention de l’organisation de l’union Africaine OUA/UA qui stipule l’élimination des mercenaires sur le territoire africain prévoit qu’on donne à ceux qui sont retenus coupables de ce crime international qui est le mercenariat, le maximum des peines dans les legislations internes.
Au Mali, le code penal malien dans son article 11 prévoit la peine capitale par fusillade. Le gouvernement ivoirien s’agite pour rien, elle dit ce qu’elle n’a pas fait et fait ce qu’elle ne dit pas. Jusqu’ici on attend la liste des noms des soldats ivoiriens dont le gouvernement dit avoir notifié au gouvernement militaire malien.
La convention de l’Organisation de l’Unité Africaine sur élimination du mercenariat en Afrique
La convention de l’Organisation de l’Unité Africaine sur élimination du mercenariat en Afrique est signée (Libreville (Gabon) le 3 Juillet 1977), en arabe, en anglais et en français, les trois textes faisant également foi, en un seul exemplaire est déposé dans les archives de l’Organisation de l’Unité Africaine.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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