Lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara marocain, Staffan de Mistura, a averti que l’impasse diplomatique entretenue par l’Algérie pourrait conduire à une grave déstabilisation régionale. Il a plaidé pour la reprise des négociations avant la fin de 2025. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.
Le dernier briefing de Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara marocain, a placé l’Algérie dans une position diplomatique inconfortable. Selon le quotidien Assabah (édition du week-end du 18 et 19 octobre), le diplomate onusien a averti, lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité tenue le 10 octobre, que le refus persistant d’Alger de reprendre les négociations risquait de provoquer une dangereuse escalade militaire à l’échelle régionale. Il a lancé un appel explicite à l’Algérie pour qu’elle incite le Front Polisario à abandonner l’option armée et à s’engager dans un processus politique sérieux.
D’après Assabah, De Mistura a présenté aux quinze membres du conseil un exposé dans lequel il a insisté sur la nécessité de relancer les pourparlers entre le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie avant la fin de l’année 2025. Il a souligné que le statu quo diplomatique menaçait la stabilité du Maghreb et, au-delà, celle de la région méditerranéenne. Le diplomate a rappelé que la question du Sahara marocain ne pouvait rester figée sans engendrer de graves conséquences, tant sur le plan sécuritaire qu’économique.
Cette position accentue la pression sur Alger, qui, avec le Polisario, continue de rejeter les résolutions du Conseil de sécurité appelant à la reprise des tables rondes suspendues depuis 2019. Ces rencontres, organisées sous l’égide de l’ONU, s’étaient tenues à Genève en décembre 2018 et mars 2019, sans qu’aucun progrès concret n’ait été enregistré, rappelle Assabah. Devant les membres du conseil, De Mistura a plaidé pour un changement de rythme et pour une relance audacieuse du processus diplomatique. Il a estimé qu’il était temps de prendre des décisions courageuses et d’ouvrir une nouvelle phase de négociations fondée sur le réalisme et le compromis, plaçant ainsi l’Algérie face à sa responsabilité dans la paralysie actuelle du dossier.
Le représentant onusien a exhorté Alger à encourager directement le Polisario à renoncer à la logique militaire et à privilégier le dialogue. Cette recommandation tranche nettement avec la ligne politique du président algérien Abdelmadjid Tebboune, accentuant l’isolement diplomatique du pays. Elle rejoint également le rapport du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, présenté en août dernier devant l’Assemblée générale, qui appelait toutes les parties à modifier sans délai leur approche, avec l’appui de la communauté internationale, afin d’aboutir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable.
Dans une tonalité plus positive, De Mistura a salué la position de neutralité adoptée par la Mauritanie, qu’il a qualifiée de «neutre mais non indifférente», lit-on. Il a estimé que la participation de Nouakchott restait essentielle à toute future médiation, soulignant le rôle stabilisateur de ce pays dans la région.
Le diplomate a de nouveau mis en garde contre l’érosion du processus de négociation, notant que cette stagnation risquait d’ouvrir la voie à un durcissement supplémentaire et à une possible flambée de violence aux conséquences dévastatrices.
En conclusion, il a appelé le Conseil de sécurité à faire figurer explicitement dans sa prochaine résolution sur le Sahara marocain la nécessité d’engager de nouvelles négociations avant la fin de 2025, tout en réaffirmant le rôle crucial de la Minurso. Même dans un format réduit, la mission demeure, selon lui, un instrument indispensable à la stabilité et à la médiation sur le terrain.
RSA Par Le360
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