L’écrivain britannique Salman Rushdie, poignardé au cou et à l’abdomen plusieurs fois, vendredi, par un homme lors d’une conférence dans l’Etat de New York, a été placé sous respirateur artificiel et pourrait perdre un œil selon son agent Andrew Wylie.
Salman Rushdie, auteur des « Versets sataniques » et cible depuis plus de 30 ans d’une fatwa de l’Iran, a été placé sous respirateur après avoir été poignardé vendredi au cou et à l’abdomen dans l’Etat de New York par un homme qui a été arrêté.
Les nouvelles ne sont pas bonnes
Salman Rushdie, auteur mondialement connu du livre « Les Versets sataniques » et cible depuis plus de 30 ans d’une fatwa de l’Iran « Les nouvelles ne sont pas bonnes », a déclaré vendredi soir au New York Times l’agent de l’écrivain britannique, Andrew Wylie.
« Salman va probablement perdre un œil. Les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie », a détaillé M. Wylie en précisant que M. Rushdie, 75 ans, avait été placé sous respirateur artificiel.
Immédiatement après son agression, sur l’estrade d’un amphithéâtre d’un centre culturel à Chautauqua, dans le nord-ouest de l’Etat de New York, Salman Rushdie a été transporté en hélicoptère vers l’hôpital le plus proche où il a été opéré en urgence.
Lors de cette attaque l’animateur de la conférence, Ralph Henry Reese, 73 ans, a, lui aussi été « blessé ». Il a été touché « légèrement au visage ».
Le suspect, Hadi Matar, 24 ans, originaire de l’Etat du New Jersey, a été aussitôt arrêté et placé en détention. Selon le Guardian, il a été inculpé de « tentative de meurtre au deuxième degré et d’agression au deuxième degré » et placé en détention provisoire sous caution.
Le 16 février 1996, j’avais reçu Salman Rushdie dans mon émission, la police étant présente jusque sur les toits de l’immeuble de la télévision. Avec le temps sa protection a dû se relâcher. Mais la haine de l’Islam contre l’ écrivain n’a jamais faibli.
— bernard pivot (@bernardpivot1) August 12, 2022
Qui est Salman Rushdie ?
Ahmed Salman Rushdie, est un écrivain américano-britannique d’origine indienne. Né le 19 juin 1947 à Bombay, deux mois avant l’indépendance de l’Inde dans une famille musulmane laïque de la bourgeoisie. Son style narratif, mêlant mythe et fantaisie avec la vie réelle, a été qualifié de réalisme magique.
Il a été élevé par une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants, riche, progressiste et cultivée. Il avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication des « Versets sataniques », conduisant l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre en 1989 une « fatwa » demandant son assassinat.
L’auteur avait été contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache. Il affronte alors une immense solitude, accrue par la rupture avec sa femme, la romancière américaine Marianne Wiggins, à qui « Les versets… » sont dédiés.
En 1988, la publication des Versets sataniques soulève une vague d’indignation dans le monde musulman.
En novembre 1993, à la suite d’une vague d’assassinats d’écrivains en Algérie, il fait partie des fondateurs du Parlement international des écrivains (International Parliament of Writers), une organisation consacrée à la protection de la liberté d’expression des écrivains dans le monde. L’organisation est dissoute en 2003 et remplacée par l’International Cities of Refuge (ICORN).
Vivant discrètement à New York, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.
Mais la « fatwa » n’a jamais été levée et beaucoup de traducteurs de son livre ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.
« Trente ans ont passé », disait-il toutefois à l’automne 2018. « Maintenant tout va bien. J’avais 41 ans à l’époque (de la fatwa), j’en ai 71 maintenant. Nous vivons dans un monde où les sujets de préoccupation changent très vite. Il y a désormais beaucoup d’autres raisons d’avoir peur, d’autres gens à tuer… ».
Anobli en 2007 par la reine d’Angleterre, au grand dam des extrémistes musulmans, ce maître du réalisme magique, homme d’une immense culture qui se dit apolitique, a écrit en anglais une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais.
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