Le gouvernement gambien a donné mercredi son feu vert pour des poursuites judiciaires contre l’ancien président Yaya Jammeh et 69 autres personnes pour des crimes commis sous son régime (1994- 2016).
Dans son rapport final remis au président Adama Barrow en décembre 2021, la commission vérité, réconciliation et pardon (TRRC) chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme perpétrés sous le régime de Jammeh (1994- 2016) avait relevé plusieurs délits dont des meurtres, disparition forcées, arrestations, détentions arbitraires. Il avait alors recommandé des poursuites contre les principaux auteurs dont Jammeh.
Entre 240 et 250 personnes ont été exécutées par les autorités publiques d’après le rapport élaboré après l’audition de 393 personnes (victimes, témoins et auteurs des crimes) lors d’audiences publiques entre janvier 2019 et mai 2021.
« Le Gouvernement a accepté toutes les recommandations de la TRRC en matière de poursuites, notamment les poursuites engagées contre l’ex-Président Yahya Jammeh, pour une myriade de crimes commis entre 1994 et 2017 », lit-on dans le livre blanc publié mercredi par le gouvernement.
Le livre blanc publié par le gouvernement sur le rapport de la TRRC a toutefois rejeté l’amnistie recommandée par la Commission pour Sana Sabally, ancien numéro 2 de la junte militaire et l’ex-vice-présidente, Isatou Njie Saidy.
Pour la poursuite du processus, le gouvernement gambien compte mettre en place un autre organe pour prendre le relais de la TRRC avec comme mandat d’administrer les réparations. « L’organe sera indépendant et aura le pouvoir d’évaluer et d’identifier les nouvelles victimes non identifiées par le TRRC », indique le livre blanc, assurant que la purge va se poursuivre.
« Nous notons que certaines personnes qui ont été mentionnées négativement par la Commission continuent de servir dans divers domaines des services publics et de sécurité. Le gouvernement prendra des mesures pour leur suspension immédiate du service pendant que nous travaillons sur un moyen légal de procéder à leur licenciement ou à leur retraite forcée selon chaque cas », a prévenu le gouvernement.
Par devoir de mémoire, le gouvernement a aussi décidé de rebaptiser l’Arche 22 (principal monument de Banjul) en ‘’Arche commémorative Never again – plus jamais-’’ avec un mur sur lequel seront inscrits les noms des victimes de Jammeh.
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’état, Yaya Jammeh avait dirigé la Gambie d’une main de fer pendant ses 22 ans de règne. Le redoutable corps des Junglers agissant directement sous ses ordres était le principal exécuteur des abus et violences perpétrés par le pouvoir.
Evincé du pouvoir à la surprise générale par Adama Barrow lors de la présidentielle de décembre 2016, il a voulu confisquer le pouvoir avant de s’exiler finalement, suite à une forte pression de la CEDEAO, en Guinée Equatoriale où il vit toujours.
RSA
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