La deuxième réunion de la plateforme régionale a abouti à la création de groupes de travail et à la définition de ses objectifs stratégiques
Lorsque le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a réuni ses homologues des États-Unis, des Émirats arabes unis, du Maroc, de l’Égypte et de Bahreïn au kibboutz Sde Boker, en plein désert du Néguev, en mars, il n’a pas choisi ce lieu par hasard. C’est dans cette petite ville que vivait et mourait David Ben Gourion, le père du pays qui allait devenir le chef du premier gouvernement hébreu, lorsqu’il a proclamé l’indépendance de l’État d’Israël en 1948. Non, ce n’était pas une coïncidence, mais un message chargé de symbolisme : plus de sept décennies plus tard, la majorité du monde arabe a accepté le droit à l’existence de l’État d’Israël.
Sde Boker a ensuite accueilli l’inauguration du Forum du Néguev, une plateforme régionale qui a vu le jour après la signature des accords historiques d’Abraham pour renforcer les relations stratégiques entre Israël et ses partenaires arabes. Interprété en réalité comme une alliance visant à contenir la menace de l’Iran dans la région, malgré le refus de ses membres, le Forum a servi à tisser de nouveaux réseaux de coopération à différents niveaux au sein du groupe post-normalisation.
Le premier sommet a permis de ratifier la volonté de coopération entre les membres du Forum, mais chacun a apporté ses propres exigences à la table des négociations. Ils se sont seulement mis d’accord pour identifier Téhéran comme un ennemi commun, et ont transmis à Washington leurs doléances concernant la tenue de pourparlers visant à réactiver le plan d’action global conjoint (JCPOA), l’accord nucléaire avec l’Iran signé en 2015 sous l’administration Obama, dont Trump, l’architecte des accords d’Abraham, a décidé de retirer les États-Unis.
La capitale bahreïnie de Manama a accueilli lundi le deuxième sommet du Forum du Néguev, trois mois après la première réunion organisée par Lapid. De hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères d’Israël, des États-Unis, du Maroc, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de Bahreïn ont tenu une réunion qui a abouti à la définition des objectifs officiels du groupe et à la création de six groupes de travail dans les domaines de l’énergie propre, de l’éducation et de la coexistence, de la sécurité alimentaire, de la santé, de la sécurité régionale et du tourisme.
Les groupes de travail multilatéraux devraient se réunir « sur une base régulière », entre deux et trois fois par an, et chacun sera présidé par un membre du Forum afin de « promouvoir des initiatives qui favorisent l’intégration régionale, la coopération et le développement au profit des peuples de la région », a déclaré le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Alon Ushpiz. Le diplomate a souligné que « ce n’est pas un forum de sécurité, ni militaire ni dirigé contre d’autres pays (…), il s’agit de renforcer la coopération, le bien-être et le développement dans la région, et il est ouvert à ceux qui veulent y contribuer ».
Lors d’une apparition conjointe devant la presse à l’issue de la réunion avec le vice-ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdullah bin Ahmed al-Khalifa, le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères a inclus parmi les objectifs du Forum « le renforcement de l’économie palestinienne et l’amélioration de la qualité de vie des Palestiniens ». Pourtant, lors du premier sommet dans le Néguev, la cause palestinienne a été à peine évoquée. En fait, les accords d’Abraham ont minimisé leurs revendications historiques.
Crise politique en Israël
Le deuxième sommet du Néguev est particulièrement important en raison du contexte régional dans lequel il se déroule. Le gouvernement de coalition de huit partis d’Israël, dirigé par le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, s’est effondré la semaine dernière après avoir perdu sa majorité parlementaire à la Knesset. Cet automne, Israël tiendra sa cinquième élection en moins de quatre ans, sauf surprise.
Le chef de l’opposition jusqu’ici, Benjamin Netanyahou, le plus ancien chef de gouvernement israélien, est toujours en tête des sondages et menace le leadership du centriste Yair Lapid, qui conservera vraisemblablement le poste de Premier ministre jusqu’aux prochaines élections, prévues fin octobre, même s’il lui sera difficile de former une majorité. Toutefois, quel que soit l’homme à la tête du gouvernement, Jérusalem maintiendra sa ligne dure en matière de politique étrangère.
La tournée régionale attendue du président américain Joe Biden, qui se rendra en Israël et dans d’autres régions du Moyen-Orient, comme la Cisjordanie et l’Arabie saoudite, à la mi-juillet, renforce également l’importance du deuxième Forum du Néguev. L’administration américaine devrait renforcer la défense de ses alliés, notamment dans le golfe Persique, où elle a perdu du poids ces derniers mois. C’est d’ailleurs Lapid qui recevra le locataire de la Maison Blanche à son arrivée à Jérusalem en tant que Premier ministre, un Lapid qui a félicité le directeur général du ministère qu’il dirigera jusqu’à mercredi pour son rôle dans la deuxième réunion du Forum du Néguev.
Le sommet du Néguev s’impose comme un forum permanent
Le sommet du Néguev est une conférence qui a eu lieu pour la première fois du 27 au 28 mars 2022 à Sde Boker, en Israël, dont les participants ont annoncé des plans pour une réunion au sommet annuelle.
Le Forum du Néguev, une rencontre historique qui, en mars, a réuni pour la première fois sur le sol israélien les ministres des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif bin Rashid al-Zayani, d’Égypte, Sameh Shoukry, du Maroc, Nasser Bourita, des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed al-Nahyan, et d’Israël, Yair Lapid, pour discuter de questions aussi importantes que la protection contre le terrorisme et la sécurité régionale.
Par Regard Sur l’Afrique et Atalayar Par Álvaro Escalonilla
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