Dans une requête plutôt inhabituelle, la justice sud-africaine a demandé à l’ex-président Jacob Zuma, poursuivi pour « outrage à la justice », de déterminer lui-même sa peine, d’ici mercredi, dans le cas où il serait jugé coupable.
L’ancien chef d’Etat, qui a fêté lundi ses 79 ans, snobe, depuis sa création en 2018, la commission chargée d’enquêter sur la corruption généralisée pendant ses neuf années au pouvoir. Il n’a jamais répondu à aucune sollicitation de la justice, préférant faire des déclarations publiques dans la presse.
En février, après un énième refus de témoigner, le commission présidée par le juge Raymond Zondo a réclamé à la Cour Constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, de prononcer une peine de deux ans de prison pour « outrage à la justice » contre l’ancien chef de l’Etat.
Car cette fois-ci, l’ex-président avait non seulement ignoré une convocation de la Commission mais également enfreint une décision rendue en janvier par la Cour constitutionnelle, l’obligeant à comparaître et le privant du droit à garder le silence.
Déterminer la sanction appropriée
Dans une directive datée de vendredi et publiée sur le site internet de la Cour constitutionnelle, cette dernière demande que Jacob Zuma détermine « ce qui constitue la sanction appropriée ». Il doit déposer, au plus tard mercredi, une déclaration sous serment expliquant « la nature et l’ampleur de la peine qui devrait lui être imposée ».
Il n’est pas courant pour la justice de faire une telle demande. Les juges « veulent montrer qu’ils ont exploré toutes les possibilités pour l’entendre », explique James Grant, un avocat spécialisé dans le droit constitutionnel, « et se préparent à lui infliger une peine sévère ».
Jacob Zuma a déjà déclaré être prêt à ce que « la loi suive son cours », affirmant n’avoir aucune crainte d’être arrêté, condamné, ni incarcéré. L’ancien président n’a témoigné qu’une seule fois devant la commission anti-corruption, en juillet 2019. Il avait rapidement claqué la porte, s’offusquant d’être traité comme un « accusé ».
Englué dans les scandales, il avait été poussé à la démission en 2018 et remplacé par l’actuel président, Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille. Ce dernier qui fut le vice-président de Jacob Zuma entre 2014 et 2018, est convoqué pour témoigner devant la commission du 22 au 29 avril prochain.
RSA avec AFP
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