Le président Andry Rajoelina doit s’adresser à la nation, ce soir, alors que des milliers de manifestants occupent toujours le centre d’Antananarivo, la capitale.
Le président devait s’adresser à la nation à 19 heures, heure locale, soit 17 heures TU, mais un nouveau communiqué de la présidence dit que le discours est décalé d’une heure trente minutes, à cause de la présence d’un « groupe de forces armées » qui serait là pour « prendre le contrôle des médias d’État ».
Sur la place du 13 mai d’Antanarivo, symbole des luttes populaires malgaches, la foule est compacte et joyeuse. Des chants, des tambours et des drapeaux : l’ambiance est presque festive.
Pourtant, derrière les sourires, l’attente est lourde. Tous veulent entendre, ce soir, les mots du président Andry Rajoelina.
« C’est bizarre, confie Finaritra, étudiant en droit. On était habitués à être pourchassés, gazés… et maintenant, les soldats marchent avec nous ! »
Depuis samedi, une unité militaire d’élite – le Capsat – a refusé d’obéir aux ordres de répression. Il s’agit de la même unité qui, en 2009, avait contribué à porter Andry Rajoelina au pouvoir. Un symbole fort, dans une contestation née des coupures d’eau et d’électricité et qui s’est transformée en un rejet global du régime.
« On veut qu’il parte, mais surtout qu’il s’excuse auprès du peuple « , lance Steven, 19 ans.
« Plus de dinosaures politiques, on en a assez vu ! », ajoute Rotsinasandratra, une autre étudiante.
« Le peuple veut du renouveau »
Toutefois, la jeunesse et les organisations qui ont appelé à manifester, exigeant la démission du président malgache, s’inquiètent déjà de la suite. Rakotonirina Nantenaina, membre de la plateforme AnTSo, qui regroupe les syndicats du pays, appelle à la solidarité de tous les mouvements protestataires.
« Aujourd’hui, le peuple est très conscient, il sait ce qu’il demande. Le peuple veut du renouveau, un nouveau souffle, ici, à Madagascar. Et je crois que les militaires vont suivre cette voix-là, je pense que les militaires vont suivre la voix du peuple. Comme le colonel du Caspat l’a dit : demain, c’est au peuple de décider. Cela veut dire que nous allons décider tous ensemble, pas seulement les militaires », a dit Nantenaina.
Quel est le scénario possible en cas de vacance à la tête du pays ?
La Constitution malgache dispose qu’en cas de vacance, c’est le président du Sénat qui dirige le pays, mais ce week-end, deux figures proches du pouvoir ont déjà chuté : le président du Sénat, Richard Ravalomanana, a démissionné, et l’homme d’affaires Maminiaina Ravatomanga s’est enfui vers l’île Maurice.
Raoto Andriamanambe, journaliste et analyste politique, pense que trois scénarios se présentent actuellement à Madagascar.
« Le premier, c’est la formation d’un directoire militaire, le deuxième une transition civilo-militaire, un scénario que le Madagascar a déjà vécu au moins deux fois. Le troisième, peut-être dans la légalité : une motion de défiance à l’Assemblée nationale qui constate l’absence du président. C’est ce qui se trame actuellement », affirme Andriamanambe.
Le chef de l’État, lui, est resté silencieux, dénonçant une « tentative de prise du pouvoir illégale ». Sa localisation reste floue et la rumeur d’une fuite enfle dans la capitale.
Selon les informations de RFI, il aurait été exfiltré, hier dimanche, par un avion militaire français, dans le cadre d’un accord conclu directement avec le président Emmanuel Macron.
Pour sa part, l’agence Reuters, qui cite le chef de l’opposition malgache, confirme l’évacuation du président Andry Rajoelina, ajoutant que sa localisation actuelle reste inconnue.
RSA Par Saleh Mwanamilongo
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