Dans son édition du premier janvier, El-Watan, citant un analyste français écrivait : » L’établissement de relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv est également un tournant majeur qui engendre sa part de résonance. De par son influence, son épaisseur historique, la stature du roi Mohammed VI, « commandeur des croyants », cette normalisation, qui vaut reconnaissance d’Israël par le Maroc, surpasse celle de Bahreïn, des Emirats arabes unis et du Soudan sur les plans politiques et symboliques. Elle peut avoir un effet d’entraînement…. ». Mais c’était peut-être aller un peu trop vite à la besogne: Le vendredi 1er janvier, Reuters a rapporté que Rabat avait décidé de reporter la normalisation en attendant l’arrivée au pouvoir de Biden aux Etats-Unis. Evidemment les médias « mainstream » ont tout fait pour que l’info ne passe pas mais les « facts » ne trompent guère : la reconnaissance par Trump de l’annexion du Sahara occidental par le Maroc en échange des coopérations militaires de Rabat avec Tel-Aviv – l’entité sioniste n’étant qu’une base militaire US plantée au cœur du Moyen-Orient – aurait provoqué dans le camp d’en face un tollé bien dangereux et ce, mis à part les plaques tectoniques inter-marocaines qui se sont mises à secouer contre la normalisation en dépit de la répression de toute voix hostile en ce sens.
A quoi rime cette première marche arrière de Rabat?
Au Sahara occidental plus de deux mois après l’occupation du Guerguarant et la rupture de la trêve, la situation est plus que jamais explosive; le Front Polisario continuant visiblement à s’armer et à multiplier des attaques contre les forces marocaines. Quant aux officiers israéliens qui sous prétexte d’être d’origine marocaine ont atterrit depuis un bon bout de temps au Maroc non loin des frontières algériennes pour embraser le sud-ouest algérien, Rabat sait qu’il ne peut compter sur eux et ce, rien qu’à voir l’exemple du Yémen où Ben Salmane patauge dans une guerre décidée pour les intérêts d’Israël enlisée face à la puissance de la Résistance yéménite. Rabat espère-t-il pouvoir inverser la donne une fois Biden arrivé au pouvoir?
Peu d’analystes voient à travers le futur président US un opposant à la normalisation avec l’entité sioniste. Et pourtant, le clan Biden à l’origine de plus de quatre décennies de guerre au Moyen Orient pourrait reprocher à Rabat d’avoir de par son suivisme pro Trump précipité les choses et déclenché un rapprochement historique entre Alger d’une part et Moscou de l’autre. En effet, les Algériens n’ont pas attendu l’annonce des accords militaires signé entre Rabat et Israël pour prouver de quel bois ils sont faits. Interrogé par Presstv, le politologue Hani Zadeh estime :
« Les autorités algériennes ont accéléré des préparatifs pour faire face à la perspective d’un déploiement militaire d’Israël aux portes de l’Algérie qui pourrait mettre en danger la sécurité nationale algérienne, son intégrité territoriale et aérienne. La collaboration militaire, sécuritaire et technologique entre le Maroc et Israël ne pouvant déboucher que sur une telle perspective. Au cours de cette dernière semaine, les réunions de très haut niveau se sont enchaînées au niveau de l’état-major de l’armée algérienne. Des réunions qui ont regroupé tous les hauts responsables de l’Institution militaire algérienne.
Les services algériens seraient également mobilisés. Des conciliabules ont été organisés au niveau de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la plus puissante branche du renseignement algérien, ainsi que la direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE). Au cours de cette semaine, un branle-bas de combat a été observé à tous les niveaux des institutions sécuritaires algériennes. Face à ce qui semble être un front ouvert au Maghreb contre les Etats souverains, les autorités algériennes vont proposer un partenariat beaucoup plus renforcé aux forces militaires russes, avec notamment une demande d’accès illimité aux armes de pointe. »
Et l’analyste d’ajouter: » Alger chercherait même à s’acquérir des missiles supersoniques. Mais il y a une autre possibilité qui inquiète encore plus Rabat et ses amis emiratis et saoudiens qui l’ont poussé à jouer franco et à porter au grand jour ses liens avec Israël qui datent d’au moins de 2000 : un possible rapprochement militaire entre Alger et l’axe dit de la Résistance. La Syrie, le Liban sont des Etats est-méditerranéens et Ansarallah est une puissance militaire de poids désormais capables de nuire très sérieusement aux intérêts d’Israël en mer Rouge. Et bien il y a dans tout ceci des atouts non négligeables pour une Algérie qui a toutes les raisons du monde de ne pas compter que sur la Russie, connues pour ses considérations pro-Israël. Et puis il y a l’Iran dont la doctrine militaire et le bars de fer anti-US/anti-Israël est suivi en ce moment même avec beaucoup d’intérêt à Alger.
La doctrine militaire iranienne dans le golfe Persique a réussi à neutraliser les Emirats et l’Arabie saoudite, à remettre en cause près de 100 ans de présence militaire US au Moyen-Orient et à l’heure qu’il, cet Israël qui bombe le torse pour l’Algérie se demander où s’en aller, tant il se sent totalement piégé par la Résistance. Ce serait une alliance naturelle et gagnant-gagnant propre à freiner l’axe US/Israël dans toute la région méditerranéenne »
Discussion à propos du post