Il y a 37 ans jour pour jour vacillait le régime de Paul BIYA. Un coup d’État faillit le balayer. Deux ans après l’arrivée de Paul Biya au pouvoir, une tentative de putsch fait vaciller le nouveau régime. Dans la nuit du 5 au 6 avril 1984, des jeunes officiers constitués dans le mouvement JOSE (Jeunes Officiers pour la Survie de l’Etat) tente de renverser le Président Paul Biya.
L’aéroport et la maison de la radio sont investis et le palais présidentiel est attaqué. Des soldats loyalistes, conduits par le général Pierre Semengué, organisent la riposte. En une journée, ils retournent la situation et Paul Biya peut s’exprimer à la nation. Le doigt accusateur est immédiatement pointé vers les officiers originaires du Nord Cameroun ; accusés de vouloir prendre le pouvoir pour réinstaller l’ancien Président Amadou Ahidjo.
Il s’en suivra une violente et sanglante répression, des milliers d’exécutions sommaires. Le 9 Avril, le chef des mutins Ibrahim Saleh et presque tous les responsables du coup d’État sont capturés. Le nombre de morts, évalué à soixante-dix par un bilan officiel, serait en fait bien supérieur. Il faut attendre 1991 pour voir la promulgation d’une loi d’amnistie en faveur des ex-putschistes.
Ci-dessous le discours des putschistes lu par le sous-lieutenant Yaya Adoum
« Camerounaises, Camerounais
L’armée nationale vient de libérer le peuple Camerounais de la bande à Biya, de leur tyrannie, de leur escroquerie et de leur rapine incalculable, inqualifiable. Oui ! l’armée a décidé de mettre fin à la politique criminelle de cet individu contre l’unité nationale de notre cher pays. En effet, le Cameroun vient de vivre au cours de ces 15 derniers mois qu’a duré le régime Biya, les heures les plus noires de son Histoire.
Son unité est mise en péril, la paix interne troublée, sa prospérité économique compromise, sa réputation nationale ternie.
Chers compatriotes, vous avez tous été les témoins vivant de l’horrible comédie jouée par le pouvoir défunt qui se permettait de parler de libéralisme, de démocratie, d’intégration nationale alors que chaque jour son action bafouait de façon scandaleuse ces hautes valeurs. Les libertés fondamentales du citoyen telles que énoncées par la déclaration des droits de l’homme n’étaient jamais respectées.
La constitution était ballottée au gré des considérations de la politique politicienne. Le gouvernement et ses agents propulsés à la tête des rouages de l’Etat agissaient avec comme pour seule devise, non de servir la nation mais de se servir. Oui ! tout se passait comme s’il fallait se remplir les poches le plus rapidement possible avant qu’il ne soit trop tard et en effet, c’était bien de cela qu’il s’agissait !………. »
37 ans après.
La Vérité triomphe, nul ne peut cacher le soleil.
Une analyse objective de Salihou soulé et soutenu par Adamou Iyawa.
Quand la mutinerie devint le putsch
Afin que les camerounais, dont une large majorité n’était pas encore née à l’époque des faits, aient une meilleure compréhension de cette période triste de la Nation d’il y a 37 ans.
Au su de quelques confidences, on en sait plus sur les motivations véritables des différents protagonistes de ce putsch.
Il restera à jamais incontestable que le président Paul Biya, au moment des faits concernés, a fait preuve d’une grandeur d’âme, digne de véritables grands hommes, honnête et humaine.
En effet, dès la reprise en mains de la situation, il a appelé au calme, indiquant que les auteurs de la tentative de putsch sont une fraction de soldats qui n’appartient pas seulement à une région donnée, excluant de fait la stigmatisation des ressortissants de quelque région que ce soit.
Quelle habilité pour un homme qui vient à peine de prendre le pouvoir. Pourtant, ces fauteurs de putsch étaient à 98% de la région du Nord. Le président sait que les masses populaires de cette région-là ne savaient rien de ce qui se passait dans la capitale.
La réalité
Comme dans tout changement les attentes sont nombreuses et bien plus dans l’entourage du nouvel homme fort de la république. La redistribution du gâteau est en cause ici ; or le nouveau président tarde à faire le nettoyage espéré par son clan, s’agissant des postes élevés, administratifs et militaires encore détenus par les cadres du Nord. C’est ainsi que les postes et domiciles avait été identifiés ce qui a permis la rapidité d’arrestation de tous les cadres, sans exception du Nord résident à Yaoundé et Douala.
Complot
Savamment préparé, minutieusement exécuté, le coup des officiers de la Garde républicaine originaire du Sud sera imparable.
Des actes d’insubordination devant leurs supérieurs du Nord qui étaient destinés à pousser à bout leurs collègues du Nord aux petites phrases taquines du genre « ce n’est plus votre temps », tous les ingrédient étaient réunis pour pousser à bout les nordistes qui étaient déjà excédés par l’attitude arrogante et au méprisante des sudistes.
Ce qui a fait naitre l’obligation des nordistes de se souder les uns aux autres, même au péril de leurs vies. Ainsi conditionnés par leurs collègues du Sud, tous étaient mûrs pour la révolte. Il ne manquait plus que l’élément déclencheur.
Celui-ci sera trouvé dans la diffusion de la rumeur que l’on avait fait courir et selon laquelle tous les nordistes allaient être désarmés. Ces derniers s’organisent en petites bandes dire leur exaspération, les gradés sont mis au courant au niveau de la Garde républicaine approuvent cette décision. Du camp Obili part le convoi, ils s’aperçoivent la facilité avec laquelle les points névralgiques sont pris. Dans la précipitation un communiqué est rédigé et lu à la radio ; une mutinerie est devenu coup d’Etat.
Revers
Je dis encore qu’il s’agissait d’une bande de personnes qui s’en était pris aux institutions de la République.
Le renfort côté loyalistes, viendra de Koutaba sous la conduite du feu Général Abdoulaye Garoua à l’époque, Colonel.
Ce sera la victoire du camp loyaliste et le début de l’épuration. : Tous les cadres du Nord sont arrêtés, n’iront en prison que ceux qui détenaient des postes convoités parmi lesquels : Dakole Daissala, Sotuc, arrêté en boîte de nuit ; Bobbo Hamatoukour Oncpb ; Tanko Hassan, président section Unc du Wouri ; issa Tchiroma Bakari, directeur matériel et traction Regifercam ; Hamadou Malloum, Gouverneur Adamaoua ; Yaya Souley, ingénieur d’aviation ; Issa Bakari Délégué général gendarmerie…
Les cadres dont les postes n’étaient pas convoités sont libérés. Yaou Aissatou, Garga Haman Adji, Marafa, Bouba Ndengue parmi les plus connus. Les hommes d’affaires sont rackettés.
Parmi eux certains sont mis en faillites via les banques, Sgbc surtout à travers son directeur de l’époque M. Nguenty. Une combine est mise en place, combine dénoncé par Tanko Hassan qui va lui valoir 7 ans de prison.
Dans le groupe qu’on mettra en faillite des importateurs suivants : (Zra Doua Aminou dit Zda, Sali Goni ; Sali Baka ; Aminou Adama ; Adamou Souley dit Soda fils ; Chetima…
Mains basses
Toutes les sociétés citées ci-dessus sont pillées à l’exemple de l’Oncpb, Camair, etc.) Les hommes d’affaires du Sud seront fabriqués dans l’importation des denrées alimentaires à l’exemple de Ndongo Essomba devenu importateur de riz et farine, pas pour longtemps, faute de maîtrise de la filière d’écoulements celle ci détenus par les grossistes Bamilékés qui ont longtemps commercé avec des importateurs du Nord.
Procès
Dans la hâte certains sont exécutés sans procès et enterrés dans des fosses communes sur la route de Mbalmayo. Les civils détenteurs des postes convoités seront jugés par un tribunal militaire. La sentence était la même : MT, c’est à dire même traitement, équivalent à 10 ans d’emprisonnement, avec confiscation de biens. C’est ainsi que Tanko Hassan après sa sortie de prison, après armistice ne retrouvera jamais son usine de fabrication des valises du côté de la zone industrielle de Douala Bassa et ne sera pas dédommagé jusqu’à sa mort.
A qui profite le crime ?
Je ne dirais pas comme Eboua Lottin, aux hommes, plutôt à ceux qui voulaient s’accaparer de tout y compris du président Paul Biya. En vérité ils ont réussi en partie à ruiner des sociétés qui étaient en plein essor, à semer le doute dans les cœurs et la confiance entre le président Paul Biya et les populations du Nord.
Conséquences : Le président Biya a très tôt compris la machination, sinon ou sont-ils, ceux qui détenaient tant de pouvoir ? En tout cas, pas mieux lotis qu’à l’époque de leur forfaiture.
Rancune?
A moins du karma, ceux-là pour qui des êtres humains pouvaient être des pissoires sont tranquilles et ont la conscience tranquille. Il faut convenir que dans cette partie du pays, les gens sont très zen de nature et savent tout remettre à Dieu.
Dans le cas de ce malheureux événement, le Septentrion le considère, comme une punition divine due aux fautes commises par les victimes elles-mêmes, qui ont enfreint certaines règles vis à vis de Dieu et leurs semblables pendant la période où ils occupaient des hautes fonctions. On pourrait citer le cas d’un civil, ingénieur dans l’aviation de son état, tué à l’époque des faits. Les siens pensent que sa mort est une punition divine pour n’avoir ni rendu visite ni entretenu sa pauvre mère dont il était fils unique.
Qui sont-ils ?
Ils sont tapis dans l’ombre, et occupent des grands postes de responsabilité, et sont toujours insatiables, raquetteurs ; s’il vous arrive d’être dans leur viseur, vous êtes un homme perdu. Ils promettent des postes, savent mettre leur menace à exécution quand vous n’êtes pas d’accord avec leur façon de faire.
A leur heure de gloire, le domicile du Tout puissant feu Ava Ava, était le quartier général où ils se réunissaient et adoptaient les stratégies pour racketter ou éliminer leurs victimes. De toutes les façons, ils sont au Cameroun ce que la mafia est en Italie et aux Etats-Unis, et sont originaires de toutes les régions du Cameroun.
Il y a lieu de s’interroger sur la vraie motivation de ces personnes qui bien que se sont enrichies, persistent à garder seul le contrôle de tout.
Par Salihou Soule et IYAWA ADAMOU. Chercheurs/investigateurs
Regard Sur l’Afrique
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