Les plans d’évacuation des diplomates américains, britanniques et français s’accélèrent. L’armée soudanaise a annoncé, samedi, « des opérations d’évacuation dans les prochaines heures » des diplomates et des ressortissants américains, britanniques, français et chinois « avec leurs avions militaires ».
La trêve aura été de courte durée, des tirs et explosions ont été entendus dans la capitale du Soudan après une nuit d’accalmie.
L’armée soudanaise a accepté, samedi 22 avril, d’aider à l’évacuation des ressortissants étrangers, alors que des tirs sporadiques et des frappes aériennes ont résonné à travers la capitale Khartoum, malgré les promesses des belligérants d’un cessez-le-feu.
Malgré une courte accalmie, les plans d’évacuation s’accélèrent : les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont déployé des forces dans les pays voisins, et l’Union européenne envisage de prendre de mesures similaires.
L’armée soudanaise a annoncé « des opérations d’évacuation dans les prochaines heures ». « Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Chine évacueront leurs diplomates et leurs ressortissants avec leurs avions militaires », a-t-elle précisé.
Des Saoudiens et d’autres ressortissants évacués du Soudan arrivés à Jeddah
La première grande opération d’évacuation de civils depuis le début des combats avait été annoncée samedi par l’Arabie saoudite qui a rapatrié ses citoyens et des ressortissants d’autres pays. Plus de 150 personnes, dont des diplomates et des responsables étrangers, évacués du Soudan sont arrivés à Jeddah, selon les Affaires étrangère saoudiennes.
L’évacuation a été effectuée par les forces navales du royaume avec le soutien d’autres branches de l’armée, a indiqué le ministère saoudien dans un communiqué, annonçant « l’arrivée en toute sécurité » de citoyens saoudiens et de ressortissants de 12 autres pays.
Il s’agit notamment du Koweït, du Qatar, des Émirats arabes unis, de l’Égypte, de la Tunisie, du Pakistan, de l’Inde, de la Bulgarie, du Bangladesh, des Philippines, du Canada et du Burkina Faso, selon le communiqué.
Lutte de pouvoir acharnée
Le Soudan est entré dans sa deuxième semaine de conflit, les violents affrontements entre l’armée régulière et les paramilitaires ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés.
Vendredi soir, les fortes explosions qui, avaient secoué la capitale Khartoum ces derniers jours, ont diminué mais, dès samedi matin, les échanges de tirs ont repris, selon des témoins.
Les violences ont éclaté le 15 avril entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, et son adjoint devenu rival, Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les FSR, des paramlitaires redoutés. Les deux généraux avaient pris le pouvoir lors du coup d’État, mais ils se sont ensuite affrontés dans une lutte de pouvoir acharnée.
L’armée a pourtant annoncé, vendredi, avoir « accepté un cessez-le-feu de trois jours » pour la fête de l’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois sacré du jeûne musulman. Auparavant, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avaient appelé à un cessez-le-feu.
Le général Daglo a indiqué, dans un communiqué, avoir « discuté de la crise actuelle » avec Antonio Guterres, notamment d’une « trêve humanitaire, des passages sûrs et la protection des travailleurs humanitaires ».
Les deux précédents cessez-le-feu de vingt-quatre heures annoncés en début de semaine ont également été ignorés.
Tout le pays touché
À Khartoum, ville de cinq millions d’habitants, le conflit a bouleversé la vie des habitants terrorisés, qui se sont réfugiés à l’intérieur de leur maison sans électricité, sous une chaleur écrasante. De nombreux civils se sont aventurés à l’extérieur uniquement pour obtenir des denrées alimentaires d’urgence ou pour fuir la ville.
« Les gens meurent de soif » : des milliers de Soudanais contraints à l’exode
La fin du mois de ramadan se fête habituellement « avec des sucreries et des pâtisseries, avec des enfants heureux, et des gens qui saluent leurs proches », a déclaré à l’AFP Sami al-Nour, un habitant de la capitale. Mais au lieu de cela, il y a eu « des coups de feu et des odeurs nauséabondes de sang tout autour de nous », a-t-il ajouté.
Khartoum a été le théâtre de certains combats parmi les plus féroces, avec des frappes aériennes, des chars dans les rues et des coups de feu dans les quartiers densément peuplés, mais la violence a explosé dans tout le pays.
Les combats ont fait rage notamment au Darfour, l’une des régions les plus pauvres du Soudan, où « la situation est catastrophique », selon un docteur de Médecins sans frontières (MSF).
Risque de famine
Un bilan publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de 413 morts et 3 551 blessées dans les combats.
La violence pourrait plonger encore des millions de personnes dans la faim au Soudan, où 15 millions de personnes, soit un tiers de la population, ont besoin d’aide, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Des analystes redoutent que les pays de la région ne soient entraînés dans le conflit. Des mesures urgentes sont nécessaires pour empêcher qu’il ne dégénère en « guerre civile à part entière », a averti l’International Crisis Group (IGC).
Le différend entre les généraux Burhane et Daglo porte sur l’intégration prévue des forces de sécurité soudanaises dans l’armée régulière, une condition essentielle à la conclusion d’un accord visant à rétablir la transition démocratique dans le pays.
RSA Avec AFP
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