Depuis son siège basé à Londres, Globeleq annonce l’arrêt définitif des deux centrales thermiques exploitées au Cameroun ce 04 mars à minuit. La fermeture de ces unités fait suite aux dettes dues à l’énergéticien britannique par Eneo. Contactée par EcoMatin face à cette crise énergétique imminente, une source gouvernementale proche du dossier crie au chantage et affirme qu’un accord, assorti d’un échéancier de remboursement, a pourtant déjà été trouvé il y a quelques jours entre l’Etat et les filiales locales de Globeleq pour un règlement dans les brefs délais de la créance.
Les détails d’une situation qui pourrait faire perdre au réseau électrique national, une capacité installée de 304 MW, accentuant ainsi les délestages déjà fréquents.
La fourniture de l’énergie électrique dans les jours et semaines à venir risque de connaître de fortes perturbations. De fait, selon un haut responsable de la société qui, depuis le siège du groupe à Londres, a contacté EcoMatin ce 4 mars, le propriétaire des centrales thermiques de Kribi (Kribi Power development corporation) et de Dibamba (Dibamba Power development corporation), a décidé de la cessation définitive de ses activités au Cameroun dans la nuit du 3 au 4 mars à minuit. La raison de cette décision aux conséquences désastreuses pour les ménages et l’économie, c’est l’accumulation par Eneo, son plus créancier, des factures impayées. De plus, assure le top management du groupe britannique, « l’Etat du Cameroun n’est plus crédible » à ses yeux.
Approchée, une source gouvernementale proche du dossier, confirme l’information, mais crie au chantage. La source éponyme révèle qu’une réunion, présidée par le ministre camerounais de l’Energie et de l’Eau, Gaston Eloundou Essomba, s’est tenue à Douala avec les différents acteurs il y a quelques jours. Un procès-verbal sanctionnant la fin des travaux a été signé par les parties prenantes.
Echéancier de paiement
Selon la même source, après avoir fait le point des créances dues à Globeleq par ses clients, l’Etat, face à l’urgence, et redoutant le spectre d’une accentuation des délestages, va s’engager à mettre en place un échéancier de remboursement immédiat. Une entente est conclue entre les parties pour le paiement direct de 8 milliards de FCFA répartis comme suit : Une avance de 05 milliards de FCFA, payée par l’Etat à Eneo pour reversement à Globeleq ; une enveloppe à laquelle le concessionnaire ajoute 3 milliards de FCFA pour le compte de son fournisseur.
Par la suite, un consensus est dégagé autour des dettes croisées de Globeleq et de ses fournisseurs que l’Etat décide de reprendre. A l’exemple d’Alucam, la compagnie publique de production d’aluminium ou encore l’entreprise publique de production d’eau potable Camwater. Concernant la Société nationale des hydrocarbures (SNH), fournisseur de combustible de Globeleq, l’Etat prend l’engagement de subroger d’une part, la dette de 36 milliards de FCFA des filiales de Globeleq envers la SNH ; et d’autre part ainsi que les créances de 50 milliards de FCFA d’Eneo envers ces filiales. Soit 86 milliards de FCFA à payer dans l’urgence pour ces deux entités.
Conséquences
Ces mesures urgentes et immédiates, contenues dans le procès-verbal de la rencontre co-signé par l’ensemble des acteurs, vont se heurter à des questions de procédures soulevées par Eneo qui sollicite un délai de deux semaines, le temps que son conseil d’administration, approuve la subrogation de cette créance par l’Etat. « S’il n’y avait pas eu cette contrainte juridique, les 86 milliards de FCFA auraient été virés à l’entreprise», souffle notre source.
La centrale thermique de Kribi injecte 216 MW d’énergie électrique dans le réseau et celle de Dibamba 88 MW, soit une puissance installée cumulée de 304 MW dont pourrait être privée le Cameroun si jamais la situation venait à ne pas rentrer dans l’ordre, avec un impact certain sur la production énergétique du pays.
À propos de Globeleq
Globeleq, détenu à 70 % par British International Investment et à 30 % par Norfund, est le principal développeur, propriétaire et opérateur de production d’électricité en Afrique.
RSA avec EcoMatin
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