Les langues se dénouent de plus en plus sur le continent africain. Les États d’Afrique dénoncent les exactions et les comportements néo-colons. La politique unilatéraliste du gouvernement de Trump commence à exaspérer beaucoup d’États dans le monde.
L’Éthiopie a déclaré samedi qu’elle ne « céderait à aucune agression d’aucune sorte » après des propos du président américain Donald Trump estimant que l’Égypte pourrait détruire le mégabarrage éthiopien sur le Nil.
Le bureau du Premier ministre Abiy Ahmed a défendu dans un communiqué le grand barrage de la Renaissance (Gerd), appelé à devenir le plus grand d’Afrique, en déclarant travailler de longue date à la résolution de problèmes liés à ce projet avec le Soudan et l’Égypte, situés en aval.
« Néanmoins, les menaces belliqueuses ponctuelles visant à faire que l’Éthiopie succombe à des conditions abusives foisonnent toujours. Ces menaces et affronts à la souveraineté éthiopienne sont mal avisés, improductifs, et en claire violation des lois internationales », dit ce communiqué.
« L’Éthiopie ne cédera à aucune agression d’aucune sorte », ajoute-t-il.
Le bureau de Abiy Ahmed ne mentionne pas directement Donald Trump, mais publie ce communiqué au lendemain d’une déclaration du président américain soutenant l’Égypte.
« C’est une situation très dangereuse, car l’Égypte ne sera pas en mesure de vivre de cette façon », a déclaré vendredi à des journalistes M. Trump, après l’annonce d’un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Soudan.
« Les Égyptiens finiront par faire sauter le barrage. Je le dis haut et fort : ils feront sauter ce barrage. Ils doivent faire quelque chose », a dit le président américain.
L’Égypte, dépendante des eaux du Nil pour environ 97 % de son irrigation et de son eau potable, considère le barrage comme une menace « existentielle ».
De son côté, l’Éthiopie le voit comme un jalon essentiel de son électrification et de son développement.
La tentative de Washington de faire office de médiateur dans ce dossier a échoué cette année après que l’Éthiopie a accusé M. Trump, proche du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, de favoriser l’Égypte.
Les négociations entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan sont désormais menées sous la médiation de l’Union africaine.
Les États-Unis ont annoncé début septembre la suspension d’une partie de leur aide financière à l’Éthiopie après que cette dernière a décidé unilatéralement de remplir le barrage malgré « l’absence de progrès » dans les négociations avec l’Égypte et le Soudan.
Une ingérence qui se transforme en menace directe, car Washington constate que son emprise diminue de plus en plus en Afrique de l’Est et que, comme l’Éthiopie, le Zimbabwe, la Zambie et d’ailleurs beaucoup d’autres aussi bien en Afrique que dans le monde entier exhortent les États-Unis d’arrêter son unilatéralisme et de stopper ses menaces à tout va ! Le respect de la souveraineté de beaucoup de pays d’Afrique et du monde est bafoué, et l’Éthiopie en est un exemple parmi tant d’autres.
Auparavant, le Premier ministre éthiopien avait également dénoncé des « menaces belliqueuses » qui veulent que l’Ethiopie cède à des « conditions abusives ». Alors que l’ancien Premier ministre Hailemariam Desalegn a dit sur Twitter que « cet homme (Trump) ne sait pas de quoi il parle, l’Ethiopie et les Ethiopiens ne cèderont jamais à la menace ».
En réalité Trump en ignorant de la géostratégie africaine ignore que l’Ethiopie est l’unique empire qui a vu se succéder à sa tête 255 souverains et qui n’a jamais été colonisé, ni par les Perses, ni par les Arabes, ni par les Turcs et encore moins par les Européens. Les Egyptiens ne le savent que trop bien et ne prendront pas le risque de s’attaquer à ce barrage et à cet empire multi-millénaire.
RSA
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