Il a pris ses fonctions jeudi dernier, il y a quatre jours, en toute discrétion. Un nouveau chargé d’affaires est arrivé à l’ambassade de France à Bamako. Près de trois mois après l’expulsion de l’ambassadeur de France, qui lui avait été notifiée le 31 janvier dernier, l’arrivée de ce nouveau diplomate s’est faite sans heurt avec les autorités maliennes de transition. Mais elle est le signe très clair que les choses ne s’arrangent pas entre Paris et Bamako
Dans le jargon diplomatique, on dit que c’est un « chargé d’affaires en pied » qui remplace un « chargé d’affaires par interim ». Depuis l’expulsion de Joël Meyer, fin janvier, c’est son numéro deux qui avait dû prendre les rênes de l’ambassade à Bamako. L’ambassadeur restant officiellement en poste, mais de Paris, où il est officiellement « à la disposition du ministre des Affaires étrangères ».
Le nouveau chargé d’affaires, Marc Didio, est un ancien chef d’escadron de la gendarmerie, où il comptabilise, selon le Journal officiel, seize années de service. Avant d’être nommé à Bamako, Marc Didio était numéro deux de l’ambassade de France à Abidjan, après avoir également été en poste à Alger. De source diplomatique, son arrivée vient « muscler » l’équipe de l’ambassade de France au Mali, soumise à « une importante pression. »
L’arrivée de ce chargé d’affaires confirme en tout cas que le retour d’un ambassadeur n’est pas à l’ordre du jour.
Les contacts sont toujours tendus et pour ainsi dire presque inexistants entre Paris et Bamako. Le nouveau chargé d’affaires a pris ses fonctions sans difficulté mais une source diplomatique explique qu’à ce niveau de responsabilité, l’agrément des autorités maliennes n’est pas nécessaire. Une simple lettre d’introduction suffit. « Ils ne pouvaient pas le bloquer, précise cette source, sauf à engager une procédure de rupture diplomatique plus avancée ».
Cette situation met les deux pays à « égalité » : l’ambassade du Mali en France est elle aussi dirigée par un chargé d’affaires, depuis le rappel à Bamako en février 2020 de l’ancien ambassadeur, qui avait accusé les soldats français de Barkhane de fréquenter « les Pigalle de Bamako ».
Ces dernières semaines, outre l’amorce du retrait de Barkhane, la France a suspendu sa coopération sécuritaire avec le Mali et réduit sa coopération civile pour se concentrer notamment sur le soutien direct aux ONG.
RSA avec RFI
Discussion à propos du post