À Madagascar, la communauté internationale réagit après l’annonce vendredi dernier par le ministre de l’Intérieur de l’interdiction de tenir des manifestations et réunions à caractère politique dans un lieu public. Une mesure restrictive pour préserver l’ordre social, qui ne s’applique pas, en revanche, aux membres de l’exécutif. Dans un communiqué publié mardi soir, les missions diplomatiques ont exprimé leur inquiétude.
Dans un communiqué publié mardi 4 avril et co-signé par huit ambassades dont la délégation de l’Union européenne, les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni, les missions diplomatiques ont exprimé leur inquiétude quant à l’adoption d’une telle mesure, à l’approche du scrutin présidentiel prévu en fin d’année. « La possibilité d’exprimer librement ses opinions politiques est l’un des fondements de la démocratie », rappellent en préambule, les États signataires du communiqué. Un principe maintes fois défendu par Madagascar, souligne également Sergiusz Wolski, le chargé d’affaires de la délégation de l’Union européenne.
À sept mois de la présidentielle, le gouvernement restreint le droit de manifester
Vendredi 31 mars au soir, le ministre de l’intérieur a annoncé à la télévision nationale malgache, que toutes les manifestations à caractère politique dans un lieu public sont désormais interdites et devront se tenir uniquement dans un endroit clos afin « de préserver l’ordre public ». « Cette mesure s’applique à tous les partis politiques et à tous les parlementaires », a précisé le ministre, sauf aux membres de l’exécutif, « qui ont besoin de rencontrer et d’écouter la population ».
« C’est inscrit dans la Constitution de Madagascar, mais aussi dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui a été également signé par Madagascar en 71, donc l’annonce de monsieur le ministre, qui interdit les manifestations à caractère politique dans les endroits publics va à l’encontre de ces deux textes-là. »
Une transgression des textes d’autant plus préoccupante, qu’elle instaure une inégalité entre les différents acteurs politiques du pays.
« C’est gênant parce que cette restriction devrait être identique pour tout le monde. Or ici, vous avez un cas où il y a un groupe de politiciens, à savoir les membres du gouvernement, pour qui on a fait une exception. Et ça, c’est vraiment discriminatoire. »
Les missions diplomatiques signataires s’inquiètent par ailleurs des possibles « conséquences de cette réglementation qui pourrait », selon le communiqué, « contribuer à tendre le climat politique à l’approche de l’élection présidentielle » normalement prévue en novembre prochain.
Regard Sur l’Afrique avec RFI – Sarah Tétaud
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