A Moscou, on considère que l’explosion est l’œuvre des services secrets ukrainiens. Les autorités russes affirment avoir identifié un groupe de suspects, y compris les citoyens russes.
Le président russe Vladimir Poutine a accusé ce dimanche 9 octobre les services secrets ukrainiens d’un « acte terroriste » contre le pont de Crimée samedi, qui a causé des dommages partiels à la seule infrastructure qui relie la péninsule ukrainienne à la Russie, dont la région a été annexée en 2014, et par lequel circulent véhicules et trains.
« Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un acte terroriste visant à détruire des infrastructures civiles d’une importance cruciale pour la Fédération de Russie », a-t-il déclaré lors d’une réunion avec le président de la commission d’enquête russe, Alexander Bastrikin. « Les auteurs, les exécuteurs et les clients sont les services secrets ukrainiens », a déclaré Poutine.
Le chef de la commission d’enquête a précisé que « les citoyens russes et les pays étrangers ont aidé à la préparation » de l’attentat. Bastrikin a ajouté: « Nous avons déjà établi l’itinéraire du camion qui a explosé. C’est la Bulgarie, c’est la Géorgie, c’est l’Arménie, l’Ossétie du Nord, le territoire de Krasnodar. » Il a également assuré qu’avec l’aide du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB), il a été possible d’identifier « des suspects parmi ceux qui pourraient préparer un attentat terroriste ».
Le chef de la commission d’enquête a expliqué qu’une affaire pénale pour « terrorisme » a été ouverte après l’explosion sur le pont. « Nous avons ouvert un dossier au titre de la deuxième partie de l’article 205 « Terrorisme » et cela est confirmé par les données de la phase initiale de l’enquête », a-t-il souligné.
Bastrikin a soutenu que de nombreux témoins ont été interrogés, des études d’experts spéciales ont été lancées et un examen explosif, génétique et médico-légal a été effectué. Tous les examens sont maintenant en grande partie terminés, a-t-il ajouté. Il a également souligné que des instructions pertinentes avaient été données au FSB et au ministère russe de l’Intérieur pour effectuer des perquisitions et rechercher les suspects.
Selon la version officielle russe, tôt samedi matin, un camion a explosé sur la partie automobile du pont, provoquant un incendie dans sept réservoirs de carburant d’un train-citerne du côté ferroviaire de l’infrastructure. Deux tronçons de la chaussée de l’autoroute se sont effondrés lors de l’attaque, qui a fait au moins trois morts, selon le Comité d’instruction.
L’Ukraine, qui a sarcastiquement célébré l’explosion, n’a pour l’instant confirmé ni son implication ni sa responsabilité. Le Service de sécurité ukrainien (SBU), auquel font référence Poutine et Bastrikine, a écrit samedi sur sa chaîne Telegram une citation paraphrasant le poète ukrainien Taras Shevchenko. « Le pont brûle magnifiquement à l’aube. Un rossignol rencontre le SBU en Crimée », lit-on dans le texte.
Des médias ukrainiens comme Ukrainska Pravda ou les agences Ukrinform et Unian indiquaient déjà la veille que, selon leurs sources, le SBU serait à l’origine de l’explosion. Le pont a été inauguré en 2018 par Poutine et facilite l’approvisionnement des troupes russes déployées en Ukraine. Depuis lors, elle est devenue un symbole de l’annexion de la Crimée et avait été déclarée cible légitime par les autorités ukrainiennes.
RSA Par Tinno BANG MBANG, Correspondant à Barcelone
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