Les Africains ne pourront pas se rendre en Europe cet été. Pas pour l’instant, en tout cas, la plupart ne peuvent pas voyager en France et dans la plupart des pays de l’UE, malgré la réouverture des frontières. Seuls ceux qui ont pris les vaccins déjà homologués par l’Agence européenne du médicament qui sont actuellement acceptés sur «le pass sanitaire » des 27. Le vaccin Covishield n’en fait pas partie et cette précision a déclenché incompréhension et doutes au sein des populations africaines.
L’Europe ne reconnaît pas l’utilisation du vaccin indien Covishield de AstraZeneca, pourtant offert par l’OMS dans le cadre du programme Covax, auquel elle participe.
Tout par du communiqué de l’ambassade de France à Madagascar qui rappelle sur son compte Facebook le 16 juin :
« Le vaccin Covishield de AstraZeneca n’est à ce stade pas reconnu par les autorités sanitaires européennes. Les personnes non vaccinées, ou vaccinées au moyen d’un autre vaccin [que ceux reconnus par l’EMA, NDLR] ne peuvent entrer en France que si elles relèvent de l’une des catégories listées sur l’attestation de déplacement internationale du ministère de l’Intérieur 2. »
En clair, Covishield n’étant pas reconnu, ceux qui veulent se rendre en France devront avoir un test PCR négatif et un motif impérieux de visite. Sans cela, ils se verront refoulés à la frontière. Une situation qui affecte aussi la délivrance des visas.
Les vaccins injectés dans les centres officiels de vaccination en RDC sont tous des Covishield de AstraZeneca, cadeau de l’Inde mais aussi du dispositif Covax. Ce dispositif, codirigé par l’OMS et Gavi, une organisation spécialisée dans l’accès à la vaccination dans les pays en voie de développement, s’est donné pour mission de « garantir un accès équitable et mondial aux vaccins contre la Covid-19 ». Un dispositif pour lequel l’Union européenne a contribué à hauteur de 2,47 milliards d’euros. En Afrique, 27 pays ont déjà adopté ce dispositif et ont bénéficié de différents vaccins. 23 parmi eux, dont la RDC, le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou encore l’Éthiopie, n’ont reçu que des doses de Covishield. Sans autres sources de vaccination, leurs ressortissants verront donc les portes de l’Union européenne se fermer devant eux.
Dans tous leurs communiqués, les ambassades françaises écrivent que « le vaccin Covishield n’est à ce stade pas reconnu par les autorités sanitaires européennes ».
Vaccination perturbées
Cette nouvelle tombe mal pour les campagnes de vaccination dans les pays africains
Le vaccin Covishield, cadeau de l’Inde, autorisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a pour particularité d’être produit en Inde, par le Serum Institute of India. Si, a priori, la molécule contenue dans le sérum est la même que celle de son cousin suédo-britannique Vaxzevria, largement utilisé en France, le Covishield, en revanche, n’est pas reconnu par l’Agence européenne du médicament (EMA). Une réalité qui a un impact non négligeable sur l’accès à la zone Schengen.
Dans les pays francophones du continent, le doute s’installe. Car ce vaccin est celui qui est majoritairement distribué en Afrique, via le dispositif Covax, piloté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et c’est à Madagascar que la polémique a pris le plus d’ampleur. Le 8 mai dernier, le pays recevait en grande pompe 250 000 doses de vaccin Covishield. « Lors de la réception des doses de vaccin, des représentants de la communauté internationale étaient présents à l’aéroport d’Ivato à Antananarivo, dont des représentants de l’Union européenne, pour inciter, pour encourager à se faire vacciner »
Le ministre malgache de la Santé, le professeur Jean-Louis Rakotovao-Hanitrala, s’est lui-même dit « surpris et choqué ». « Ce vaccin nous a été donné par l’OMS et salué par l’Union européenne et toutes les agences de l’ONU », a-t-il déclaré dans la presse locale. Le fait de ne pas le valider « nous pousse à nous demander s’il n’y a pas un vaccin pour les Africains et un autre pour les Européens ».
L’Union européenne a également réagi et rappelé l’importance de la vaccination dans la lutte contre le Covid-19. L’UE explique que l’OMS et l’Académie nationale de médecine de Madagascar (ANAMEM) ont homologué ce vaccin et que l’Agence européenne du médicament (EMA) travaille de manière indépendante et n’a pour vocation que de guider la Commission européenne pour autoriser la vente de médicaments aux pays membres.
Par Tinno BANG MBANG
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