Coup de tonnerre ce jeudi au Tribunal de Paris : Nicolas Sarkozy reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans l’affaire des soupçons de financement de la campagne de 2007 par Mouammar Kadhafi, l’ancien chef de l’État est condamné à cinq ans de détention, avec mandat de dépôt avec effet différé.
« S’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute », a réagi l’ex-président.
Jusqu’ici, l’audience avait été particulièrement silencieuse, concentrée, méthodique. Pas un bruit, sinon une écoute attentive. Pourtant, la salle est bondée : 180 journalistes accrédités, beaucoup de presse internationale. Mais pendant trois heures, ce jeudi matin, la présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, a détaillé dans le plus grand calme les subtilités du long jugement, 400 pages, qui vient ponctuer, en première instance, la tentaculaire affaire des financements libyens de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Blanchiment, faux, recel de détournement de fonds publics, trafic d’influence, corruption, association de malfaiteurs… Elle égrène une litanie de délits qui dit l’ampleur de ce dossier vertigineux. Onze prévenus sont jugés.
Pour la première fois de l’histoire de la République, un ex-président sera placé derrière les barreaux : le tribunal de Paris a condamné jeudi Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine dans l’affaire des financements libyens. Vendredi matin, médias et classe politique continuent de réagir à ce jugement historique
« Confiance des citoyens »
Soudain, à 13 h 15, une clameur incrédule soulève l’auditoire. « Cinq ans d’emprisonnement », vient d’annoncer la présidente à l’homme de 70 ans qui, à la barre, l’écoute, impassible, Nicolas Sarkozy. Il est reconnu coupable d’association de malfaiteurs. Elle évoque « des faits d’une gravité exceptionnelle », « de nature à altérer la confiance des citoyens en ceux qui les représentent ».
Trois proches de l’ancien président écopent de lourdes condamnations assorties d’attendus sévères. Le premier d’entre eux, Claude Guéant, échappe à une incarcération en raison de son âge et de son état de santé
Alors que Nathalie Gavarino poursuit l’énoncé de la peine, modalité après modalité, la stupeur va crescendo. Chacun sent bien qu’un moment de notre histoire politique est en train de s’écrire. Il tient en quelques mots : « exécution provisoire », « mandat de dépôt avec effet différé »… Les juristes, et l’accusé Sarkozy, avocat, comprennent immédiatement : même s’il fait appel, le chef de l’État sera placé en détention. Il sera convoqué dans un délai d’un mois par le parquet, qui lui signifiera sa date d’incarcération. Un ancien président de la République derrière les barreaux. Du jamais-vu.
L’audience est levée à 13 h 30 dans la fébrilité et le brouhaha. Ce n’est plus un jugement, c’est un événement. Tous les regards convergent vers Nicolas Sarkozy. Visage grave, traits creusés par la fatigue, il s’isole de longues minutes avec ses avocats et son clan, son épouse Carla Bruni, diaphane, son frère Guillaume, et ses trois fils, Jean, Louis,…
« Un certain nombre de magistrats ont un tableau de chasse pour épingler certains politiques », dénonce Marine Le Pen
Sur LCI dans la soirée, Marine Le Pen, la patronne du RN, a de nouveau dressé un parallèle entre sa situation et celle de Nicolas Sarkozy, en mettant en cause l’impartialité des magistrats. « Un certain nombre de magistrats ont une sorte de tableau de chasse où ils essayent d’épingler un maximum de politiques », a-t-elle dit, en estimant que le Parquet national financier était « devenu en réalité un parquet politique ».
« En France, on a le droit à un double degré de juridiction, on a le droit de faire appel. Or ils prennent des mesures qui ont vocation à s’appliquer avant même que les magistrats d’appel prennent leur décision », a poursuivi Marine Le Pen. « C’est une sorte de rupture avec les grands principes de notre droit, dont la présomption d’innocence. » Selon elle, voir un ancien président de la République condamné à de la prison ferme et bientôt incarcéré « atteint directement l’image de la France ».
Par RSA
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