Ils sont allés faire exploser leur colère contre les autorités ivoiriennes et l’Organisation internationale des migrations (Omi), devant le siège de cette structure aux Deux-Plateaux. Mal leur en prit.
Ils ont été dispersés à coups de matraque et de grenades lacrymogènes, par les forces de l’ordre, avant d’être interpellés et mis à la disposition du service des enquêtes générales de la préfecture de police d’Abidjan.
Une trentaine de migrants, rentrés de la Libye, il y a peu, par les soins de l’État de Côte d’Ivoire, en liaison avec l’Oim, ont occupé, le mercredi 14 février 2018, dans la matinée, l’esplanade des locaux de l’Oim, à Cocody les Deux-Plateaux-Vallon, pour dénoncer ce qui, à leurs yeux, est un abandon de l’État, et le non-respect des engagements pris par celui-ci à leur égard. Ils tempêtaient tellement que J. Carbonaris, le chef du projet, en charge de la gestion des frontières de cette organisation internationale en Côte d’Ivoire, a dû faire intervenir la police du 30ème arrondissement.
Celle-ci, appuyée par des équipes du Groupe mobile d’intervention (Gmi) de la gendarmerie nationale et du District de police de Cocody, a rétabli l’ordre, sans ménagement, gazant et matraquant ces migrants revenus de la Libye. Ils ont voulu opposer une résistance qui a très vite été défaite par cette coalition des forces de sécurité, selon une source sur place.
Si l’on en croit un haut responsable de l’Omi, K.K.D, interrogé par la police pour savoir les raisons profondes de ce soulèvement, il s’agit des migrants ivoiriens rentrés de la Libye, qui, non contents du sort qui leur a été réservé, ont décidé de manifester.
De fait, selon eux, le gouvernement n’a pas respecté les engagements qu’il a pris vis-à-vis d’eux, en les rapatriant en Côte d’Ivoire. Ils accusent aussi l’Oim de les avoir dupés. L’État de Côte d’Ivoire, par l’entremise de la direction des Ivoiriens de l’étranger et l’Oim, selon ces migrants, leur avait fait la promesse formelle, une fois sur place en Côte d’Ivoire, de leur réinsertion à travers des projets communautaires. Depuis, ont-ils regretté, rien ne pointe à l’horizon quant au respect de cette promesse. Pis, toutes les portes leur sont fermées.
A les entendre, devant l’impossibilité de rencontrer les autorités gouvernementales et les responsables de l’Oim, ils ont choisi la manière forte, pour se faire entendre. Mais, ils ont été mal inspirés. Car, la riposte des forces de l’ordre a été d’une impétuosité telle que les migrants ont pris la tangente. Face à une hostilité de plus en plus croissante de ces migrants, les forces de l’ordre les ont chargés et dispersés « à l’aide de moyens conventionnels de maintien de l’ordre », assure une source policière.
Les plus coriaces interpellés Au moins 17 individus, qui s’étaient montrés les plus coriaces parmi les manifestants, ont été interpellés et conduits, manu-militari, à la Préfecture de police où ils ont été mis à la disposition du service des enquêtes générales de la Police nationale.
Quelque 155 migrants clandestins ivoiriens dont 89 femmes, avaient atterri, lundi soir 20 novembre 2018, à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny, à Abidjan en provenance de la Libye où ils étaient « bloqués » à l’issue d’une opération de rapatriement, organisée par l’État ivoirien et l’Oim.
Composé, en majorité de personnes les plus vulnérables, enfants et femmes dont certaines en état de grossesse, ce contingent est revenu de son rêve de se rendre en Europe via la Méditerranée. « Ces personnes étaient traitées comme des esclaves en Libye.
Et le gouvernement ivoirien ne pouvait rester indifférent à cette situation, en laissant ses compatriotes dans un pays qui n’a pas signé la Convention de Genève», avait déclaré Issiaka Konaté, Directeur général des Ivoiriens de l’extérieur.
Un kit alimentaire avait été remis à chacune d’elles, et ces personnes avaient bénéficié, dans un premier temps, d’un hébergement de deux à trois jours, et d’un appui financier symbolique. Issiaka Konaté avait clairement dit qu’« elles (ces personnes) pourront également s’inscrire dans le projet de réintégration et de réinsertion du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne, mis en œuvre à travers l’ Oim pour la mise en œuvre de projets collectifs ou individuels».
M. Konaté avait lancé à l’endroit des candidats à la migration clandestine, que « des opportunités s’offrent à eux, ici, en Côte d’Ivoire, au lieu d’être tentés par la traversée de la Méditerranée, avec tous les risques ». Las d’attendre, ces migrants rapatriés de la Libye sont passés à l’action, le mercredi 13 février 2018, par un sit-in devant les locaux de l’Omi.
Signalons que depuis novembre 2015, le ministère ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur a procédé au rapatriement de 351 migrants en situation d’extrême précarité, retenus en Libye. En collaboration avec les partenaires nationaux et internationaux dont l’Oim, ce sont environ 1300 migrants ivoiriens en situation de détresse dans plusieurs pays, notamment en Centrafrique, au Gabon, en Angola, en Libye, qui ont bénéficié du soutien du gouvernement pour regagner la Côte d’Ivoire.
Armand B. DEPEYLA
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